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Maroc-Iran: les mollahs agitent le calumet de la paix

Maroc-Iran: les mollahs agitent le calumet de la paix

“L’une des priorités de la politique étrangère du gouvernement iranien était d'accorder une attention particulière aux relations avec le monde islamique et les pays de la région (…). Nous nous félicitons également du développement des relations et de la normalisation avec d'autres pays régionaux et musulmans, y compris l'Égypte et l'État musulman et frère du Maroc». Ce sont les propos tenus, jeudi dernier, le jour de l’Aïd Al-Adha au Maroc, par le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, et rapportés par les médias locaux.

Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, le gouvernement marocain n’avait pas réagi à cette déclaration pour le moins surprenante, qui intervient quelques mois après le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, sous les auspices de la Chine. Ce pays veut-il réellement fumer le calumet de la paix avec le Maroc ? Ou estce seulement une déclaration d’intention faite dans l’euphorie de la «réconciliation» avec Riyad ? Que se passe-t-il dans la tête des mollahs ?

 

L’intégrité territoriale en question

Contesté en interne, secoué par un vent de révolte populaire après la mort de la jeune Masha Amini intervenue suite à son arrestation par la police des mœurs et très isolé sur la scène internationale, le régime iranien déploie depuis plusieurs mois une offensive diplomatique soutenue pour se remettre en orbite. Mais pour apaiser les tensions avec Rabat, il faudra bien plus que des mots prononcés autour de petits fours lors d’une réunion avec les ambassadeurs des pays musulmans en Iran. La République islamique devra littéralement revoir sa copie en matière de politique extérieure, et plus explicitement reconsidérer sa posture vis-à-vis du Sahara marocain. Ce qui reviendrait à se mettre à dos l’Algérie et son pantin, le polisario. Parce que ce qui oppose Rabat à Téhéran est très profond : il s’agit de l’intégrité territoriale du Royaume, à propos de laquelle aucun compromis ne saurait être fait. Cela légitime d’ailleurs la décision prise en 2018 par le Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, seulement 4 ans après leurs reprises (2014).

A l’époque, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, avait démontré, point par point, l’«implication confirmée de l’Iran à travers le Hezbollah, dont tout le monde connait le lien avec l’Iran, dans une alliance avec le Polisario contre la sécurité nationale et les intérêts supérieurs du Royaume». Et rien qu’en octobre dernier, il a été fait état de l’acquisition par le polisario de drones iraniens. Si cette information s’avère vraie, «cela constituera une nouvelle confirmation que nous avons raison depuis deux ans en alertant que l’Iran et le Hezbollah sont en train de s’infiltrer à Tindouf et en Afrique du Nord. Ils sont passés de la formation à l’équipement du polisario avec des drones. Cela est grave», avait alors vivement réagi Omar Hilale, l’ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU.

 

L’Iran, un vrai trublion

Ce n’est pas que le Maroc qui dénonce les activités déstabilisatrices de l’Iran. Au sein de la Ligue arabe, «les agissements de l'Iran qui s’opposent aux principes de bon voisinage et menacent la sécurité et la stabilité dans la région» sont régulièrement condamnés. De même, ce pays est accusé par les Occidentaux de soutenir Moscou dans sa guerre livrée à Kiev, en lui vendant des drones. En outre, les USA n’ont eu cesse de décrier le soutien de ce pays au Hezbollah et à d'autres groupes terroristes.

Selon eux, l’Iran «demeure un Etat désigné sponsor du terrorisme et le Hezbollah demeure une organisation terroriste internationale». Aujourd’hui, au-delà des déclarations du chef de la diplomatie iranienne, la question est de savoir si Téhéran est prêt à prendre ses distances avec le polisario… et à s’attirer les inimitiés d’Alger. A l’évidence, la normalisation de ses relations avec Rabat passera forcément par là. Plus globalement, pour se refaire une virginité politique sur la scène internationale, Téhéran devra se débarrasser de cette étiquette de «régime terroriste qui constitue une menace pour l’Europe et le Moyen-Orient». 

 

D. William

 

 

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