Tout d’abord, partageons quelques chiffres bien utiles. L’Algérie dispose de réserves de phosphates estimées à 2,2 milliards de tonnes, pour une production qui, selon Statista, s’est élevée à 1,8 million de tonnes en 2022.
Pour sa part, le Maroc dispose de plus de 70% des réserves mondiales de phosphates, soit quelque 50 milliards de tonnes, pour une production de 40 millions de tonnes 2022, occupant le second rang mondial derrière la Chine avec ses 85 millions de tonnes produites.
Conclusion : le Maroc et l’Algérie ne boxent pas dans la même catégorie. Il n’y a pas match. On ne peut opposer un superlourd à un poids mouche. Maintenant que le décor est planté, venons-en aux faits. Ou plutôt aux pépites phosphatées du président algérien Abdelmadjid Tebboune. La semaine dernière, devant un parterre d’entrepreneurs, il a offert une performance mémorable, affirmant que l’Algérie va se hisser au rang de premier producteur de phosphate en Afrique, voire dans le monde, où il est assuré d’occuper au moins la 2ème ou 3ème place. Dans un langage plus clair, elle va détrôner le Maroc en Afrique et au niveau mondial.
Avec quoi ? 2,2 milliards de tonnes de réserves et une production de 1,8 millions de tonnes (sic !). Au mieux, Tebboune est un adepte de la réalité augmentée, pour ne pas dire des mensonges… 15 Pro Max. Au pire, il traîne une forme d’incompétence, d’inculture et d’ignorance qui lui font régulièrement débiter des inepties pour capter l’intérêt de son auditoire. Un auditoire d’ailleurs souvent désabusé, qui, par décence, rit sous cape face aux errements du président algérien.
Car, rappelons-le, dans ses généralités pour le moins hasardeuses, Tebboune reste un récidiviste imbattable. En septembre dernier, lors de son intervention à la 78ème Assemblée générale de l'ONU, il affirmait, devant un auditoire médusé, que l’Algérie allait produire 1,3 milliard de m3 d'eau potable par jour d'ici fin 2024 grâce au dessalement de l’eau de mer. Si le ridicule tuait… Trois mois plus tôt, en visite d’Etat en Russie, il s’est égaré dans les méandres du temps, confondant les époques avec une aisance déconcertante. Voulant remercier Vladimir Poutine pour avoir baptisé une place publique à Moscou du nom de l'Emir Abdelkader, il a déclaré avec une assurance outrancière que le Tsar Nicolas II avait offert à ce dernier l'insigne de l'aigle blanc.
Malheureusement pour lui, la réalité historique est venue le rattraper, car Nicolas II est monté sur le trône en 1894, bien après le décès de l'Emir Abdelkader. Cette déclaration met en lumière l'importance cruciale de la précision historique et de la rigueur dans le discours officiel. Car, dans l'ère de l'information instantanée, les discours politiques revêtent une importance particulière, influençant les perceptions nationales et internationales. Bref, Tebboune devrait envisager de changer de carrière après la politique.
Avec ses gaffes en série qui indignent profondément les Algériens, le stand-up pourrait être sa vocation réelle. En cela, nous nous permettons de lui suggérer un nom de scène : Gaston Lagaffe. Parce que l’on peut difficilement concevoir un manque de profondeur intellectuelle chez un président de la République. Lorsque les discours présidentiels se transforment en une série de bourdes et de banalités dénuées de substance, cela soulève des questions légitimes quant à la qualité du leadership.
Par D. William