Il y a des mythes qui s’effritent lentement, au fil du temps. D’autres implosent sous le poids des faits. Le front polisario appartient, sans conteste, à la seconde catégorie.
Longtemps vêtu des habits séduisants du «mouvement de libération», ce groupe armé que l’Algérie couve avec parcimonie apparaît aujourd’hui pour ce qu’il est : une milice idéologique, militarisée, instrumentalisée et dangereusement connectée à des architectes du désordre hostiles à la stabilité régionale.
Le dernier rapport du Hudson Institute, publié le 18 avril 2025, jette une lumière crue sur cette réalité. Son titre est sans détour : «The Strategic Case for Designating the Polisario Front as a Foreign Terrorist Organization» (l’argument stratégique pour désigner le polisario comme organisation terroriste étrangère).
Le document ne fait pas dans la demi-mesure : «le Polisario se présente comme un mouvement de lutte pour l’autodétermination. Mais en réalité, il fonctionne comme une milice déstabilisatrice impliquée dans le trafic d’armes, l’endoctrinement de jeunes marocains et sahraouis et alignée sur les agendas stratégiques de l’Iran, de la Russie et de la Chine».
Rappelant que «le Maroc est un allié majeur des Etats-Unis hors OTAN et un pilier de la stabilité régionale», le rapport appelle les USA à franchir une nouvelle étape après la reconnaissance officielle de la souveraineté marocaine sur le Sahara : «désigner le front polisario comme organisation terroriste étrangère (Foreign Terrorist Organization – FTO)».
Et aligne une liste de griefs qu’on ne saurait contester : trafic d’armes vers les groupes djihadistes au Sahel, collaboration avec le Hezbollah qui a formé des combattants du polisario, détournement d’aide humanitaire, enrôlement d’enfants, drones iraniens livrés via Alger, exactions dans les camps de Tindouf... Tout y est. Même la transformation, documentée, d’un ancien cadre du polisario, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, en «émir de l’Etat islamique au Grand Sahara», responsable de l’embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats américains au Niger.
«L’infrastructure politique du polisario à Tindouf facilite depuis longtemps la radicalisation, le trafic et la mobilisation terroriste», souligne le rapport. Pas franchement le CV d’un «mouvement d’autodétermination».
Et pourtant, que de pudeurs diplomatiques depuis cinquante ans ! Que de précautions oratoires pour ne pas heurter la susceptibilité algérienne ! Que de résolutions floues, d’interventions fuyantes et de silences commodes !
Aujourd’hui, les lignes bougent. Alors, faut-il effectivement classer le polisario comme organisation terroriste étrangère? La réponse est posée noir sur blanc dans le rapport : «Selon la Section 219 de la Loi sur l’immigration et la nationalité, le front polisario répond aux trois critères requis pour une désignation comme FTO», à savoir «organisation étrangère, actes terroristes documentés et menace directe aux intérêts américains».
Des voix occidentales, et non des moindres, abondent dans ce sens. Le congressman Joe Wilson plaide sans relâche pour une désignation du polisario comme groupe terroriste.
Pour le député britannique Liam Fox, ancien ministre de la Défense, «le front polisario est un proxy de l’Iran. Les gouvernements occidentaux doivent agir rapidement pour le classer comme organisation terroriste».
Le rapport du Hudson Institute ne dit pas autre chose : «le front polisario est un maillon du réseau d’influence de l’Iran, de la Russie et de la Chine en Afrique du Nord et au Sahel». Pourquoi un tel acharnement soudain ? Parce que le voile se déchire. Le lien entre Tindouf et Téhéran, entre milices et mollahs et entre terrorisme et séparatisme n’est plus une rumeur : c’est une réalité documentée, recoupée et désormais admise par des diplomates, des militaires et des ONG.
Dès lors, l’action du polisario alimente l’instabilité dans une région déjà minée par la présence de Wagner et par les visées hégémoniques et la duplicité géopolitique de Téhéran. Alors, oui, disons-le clairement.
Le polisario n’est pas une organisation politique : c’est une milice militairement armée par Téhéran, politiquement soutenue par Alger, mais toujours habillée de cette fausse légitimité que lui confèrent quelques soutiens idéologiques à Bruxelles ou Pretoria. Et comme toute milice enracinée dans le terrorisme, il est temps de la désigner comme telle.
Et qualifier le polisario d’organisation terroriste étrangère (FTO) ne serait ni un acte de provocation, ni une décision symbolique. Ce serait juste appeler un chat un chat.
Par D.William