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Sénégal : Entre démocratie et dérive politique

Sénégal : Entre démocratie et dérive politique

La décision récente du Président Macky Sall de reporter au 15 décembre prochain la présidentielle prévue pour le 25 février suscite une profonde inquiétude au sein de la nation sénégalaise et au-delà de ses frontières. 

Dans un pays qui a longtemps été salué comme un modèle de stabilité et de démocratie en Afrique de l'Ouest, cette crise politique met en péril l'image même du Sénégal en tant que phare de la démocratie sur le continent.

Aujourd’hui, certains faits dommageables commencent malheureusement à s’inscrire dans la normalité dans un pays réputé être un havre de paix : des heurts violents et de plus en plus réguliers entre forces de l’ordre et manifestants en colère, des pillages, mais également et surtout des pertes en vies humaines. La cause : cette arithmétique politicienne nauséabonde et corrosive qui exaspère et irrite les intelligences rebelles, et polarise la société sénégalaise. La situation est d'autant plus préoccupante que le Sénégal, avec une population où 50% ont moins de 19 ans et 75% moins de 35 ans, doit assurer un climat politique apaisé pour relever les défis de développement auxquels il est confronté.

Dans un continent où les coups d'État reviennent en force et où certains dirigeants s'agrippent au pouvoir jusqu'à la mort, par tous les moyens, quitte à tripatouiller la Constitution et à tuer leurs propres concitoyens, le Sénégal a toujours su prendre de la hauteur pour être un exemple de stabilité politique et de pratique démocratique. Préserver cet acquis est non seulement indispensable pour le pays lui-même, mais reste aussi un signal fort pour l'ensemble du continent africain. La crise politique actuelle va au-delà des querelles partisanes. Elle menace l'héritage démocratique que le pays a bâti depuis son indépendance en 1960. Mais il est impératif que les acteurs politiques sénégalais, tant ceux qui sont au pouvoir qu'à l'opposition, reconnaissent et assument la lourde responsabilité qui pèse sur leurs épaules.

D’un côté, à travers le report des élections, le signal donné par Macky Sall est un affaiblissement du processus démocratique au Sénégal, voire une dérive politique. Tout le monde en convient. De l’autre, la contestation politique ne doit pas se traduire par des actes de violence, de pillages et de destruction de biens publics et privés. L’opposition ne doit pas souffler sur les braises de la colère pour inciter, en des termes à peine voilés, la population à commettre des actes répréhensibles.

Les citoyens sénégalais, tout en ayant le droit de manifester et de s’insurger contre certaines décisions politiques, doivent signifier leur mécontentement et leur indignation de manière pacifique et respectueuse des institutions. Pouvoir et opposition doivent avoir en tête une chose fondamentale : le Sénégal est bien plus grand que leurs intérêts partisans éphémères.

Ce pays, riche de son histoire, de sa culture et de sa diversité, mérite mieux que d'être pris en otage par des calculs politiques mesquins. La voie à suivre est celle du dialogue et de l'engagement envers le bien-être de tous les Sénégalais, sans distinction. Car au final, dans cette nation qui a connu tant de luttes et de sacrifices pour la liberté et la démocratie, l'unité et la solidarité demeurent les véritables remparts contre les tempêtes politiques. Et si la politique peut parfois diviser, c'est la force de la nation unie qui saura toujours triompher.

 

 

Par D. William

 

 

 

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