Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste
Faire société, c’est le grand défi de la culture d’une nation. C’est dans cette optique que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis son intronisation, il y a de cela un quart de siècle, a fait du projet culturel du Maroc une priorité nationale, au même titre que la santé et la protection sociale, au même titre que l’éducation et l’enseignement, au même titre que la justice sociale et la dignité humaine. Pour le Souverain, la culture est un socle mobile sur lequel se font et se défont les empires. La culture est un réel levier de développement humain, qui permet à chaque Marocain d’exprimer sa créativité, et par là, exprimer son identité multiple. La culture et les arts, dans leur variété et variations, sont une assise qui permet aux arcanes de la civilisation d’aller au-delà des frontières, et surtout au-delà du temps. Pour exister dans un monde multiple et de plus en plus clivé, il faut s’ouvrir aux autres, il faut aller vers les autres cultures, il faut leur parler, il faut dialoguer avec elles, dans un élan de partage, avec la connaissance et le savoir comme catalyseurs de cette démarche civilisationnelle qui caractérise les grands peuples.
C’est dans cette approche que le Roi Mohammed VI a lancé de nombreux projets culturels et artistiques pour placer le Royaume sur l’échiquier culturel du monde. Il y a de cela 23 ans, est né le Festival international du film de Marrakech (FIFM). C’est là une volonté royale absolue pour doter le pays d’un rendez-vous pour le septième art où les plus grandes figures du cinéma peuvent venir découvrir ce que le Maroc peut offrir comme richesse culturelle et héritage multiséculaire. Au fil des années, ce festival a permis à la ville de Marrakech de devenir l’une des destinations les plus prisées dans le monde. La ville est devenue un point incontournable sur la carte mondiale du tourisme, des affaires, du showbiz… Et les réalisateurs, acteurs, actrices, stars et autres vedettes qui ont été honorés au Maroc, sont devenus, au fil du temps, des ambassadeurs du Maroc. Quand on lit les déclarations d’un Martin Scorsese, d’un Robert de Niro, d’un Oliver Stone, d’un Francis Ford Coppola, d’un Abel Ferrara, d’un Christopher Walken, d’un Robert Redford, Susan Sarandon, Sigourney Weaver, Harvey Keitel, James Gray, Jim Jarmusch, Tilda Swinton, Shah Rukh Khan, Prianka Chopra, Yousra, Abbas Kiarostami, Amitabh Bachchan et des dizaines d’autres visages du cinéma mondial, on se rend compte de l’impact qu’ont eu Marrakech et le Maroc sur eux et sur leur vision de la culture marocaine, africaine, amazighe, sahraouie et arabe. Il a juste fallu penser à un grand rendez-vous de culture pour avoir ce rayonnement planétaire. Juste une idée, un concept ficelé et nous voilà présents parmi les cinq plus grands festivals du monde, avec Cannes, la Mostra de Venise, la Berlinale, Sundance, Cinémed et d’autres escales cinématographiques de qualité.
C’est la même dynamique qui a donné corps au festival de Mawazine, depuis plus de deux décennies, toujours avec la même énergie, le même désir de créer une réelle rencontre avec les cultures, à travers leurs musiques. Ne dit-on pas que pour connaître la valeur d’un peuple, il faut écouter sa musique. C’est exactement ce brassage des musiques du monde qui a lieu chaque année à Rabat. Là encore, toutes les vedettes qui se sont produites sur les différentes scènes du festival sont devenues des ambassadeurs du Maroc : Jennifer Lopez, Robert Plant, Whitney Houston en 2008, Stevie Wonder en 2009, Sting en 2010, Shakira en 2011, Mariah Carey en 2012, Rihanna, Mika, David Guetta, Enrique Iglesias, Deep Purple, les frères Jackson, Kylie Minogue, Carlos Santana, Charles Aznavour, Alpha Blondy, Ziggy Marley et des dizaines d’autres noms qui ont écrit les belles pages de ces rencontres avec le public marocain, depuis 2001.
D’autres festivals accompagnent cette dynamique, à différents degrés, participant tous à faire rayonner les cultures marocaines. C’est le même cas pour les musées du Maroc, qui sont une autre grande volonté royale. Le musée d’art contemporain de Rabat remplit à juste titre cette fonction d’ouverture sur les expressions artistiques du monde entier. Dans la foulée, d’autres musées ont ouvert leurs portes, dans un temps record, prouvant à quel point la mise en valeur de l’héritage civilisationnel marocain est capitale. Le musée Dar El Bacha, le musée Al Batha, le musée Dar El Jamai, le musée Dar Si Said, le musée Mohammed VI pour la civilisation et l’eau, le musée d’histoire et des civilisations, le musée archéologique, le musée des arts de la parure, le musée la Casbah des cultures méditerranéennes, le musée national de la céramique, le musée de Tanger-Villa Harris, le musée Bab El Oqla, le musée national de la photographie…, etc.
Une renaissance à tous les égards qui rend hommage à la grandeur de la culture marocaine, dans ses grandes ramifications. C’est là encore, la concrétisation d’une volonté royale d’offrir aux Marocains et au reste du monde, un réel référentiel matériel pour célébrer la mémoire collective de tout un peuple. Dans ce même élan royal, il faut également citer la réhabilitation des médinas du Maroc, de Tétouan à Rabat, en passant par Fès, Meknès, Marrakech, Casablanca, El Jadida, Azemmour, Tanger, Essaouira, Oujda et ailleurs. Sauver ces médinas, c’est sauver un pan entier de notre histoire marocaine. C’est surtout garantir aux générations futures de connaître leur passé pour mieux aborder leur avenir. Ce travail a fait, à titre d’exemple, de la ville de Rabat, l’une des capitales les plus belles du monde. Rabat, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, Rabat, dont les murailles sont restaurées, les jardins, les portes, les monuments historiques, Chellah, Les Oudayas, le Mausolée Mohammed V, la Mosquée Hassan… et tant d’autres sites dans une capitale mondiale à tous les égards.
C’est cela la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour le Maroc de demain. Un Maroc qui accomplit sereinement sa révolution culturelle, en valorisant ses héritages et en se tournant résolument vers le futur, prenant part à ces mutations mondiales qui exigent de nous faire connaître par ce qui nous définit comme identité, comme culture, comme peuple et comme nation.