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Hommage à Khalil Hachimi Idrissi

Hommage à Khalil Hachimi Idrissi

Terrible de perdre, coup sur coup, deux journalistes de belle facture, certes, chacun à sa mesure, chacun selon son parcours et ses convictions, mais il n’en demeure pas moins que le Maroc doit faire aujourd’hui le deuil de deux figures importantes de l’histoire du journalisme marocain. Après Abdallah El Amrani, moins de dix jours plus tard, nous devons enterrer Khalil Hachimi Idrissi, directeur de l’Agence Maghreb Presse, ancien directeur d’ «Aujourd’hui le Maroc» et ancien rédacteur en chef de «Maroc Hebdo». C’est du temps de son travail au sein de cette rédaction que j’ai connu le défunt.

Intelligent, sensible, lecteur assidu, connaisseur de la politique du Maroc et du monde, toujours intéressé par l’actualité et ses ramifications, le verbe provocateur, de l’humour et un penchant pour le jeu de mots. J’ai lu la totalité de ses Billets bleus que j’ai également commentés quand ils ont été publiés dans un recueil de chroniques pour le compte de «La Gazette du Maroc» où j’assurais la rédaction en chef. Le style est bon. Le phrasé limpide. Une belle maîtrise de la langue française, lui, qui avait l’habitude de dire, en guise de rigolade et en darija : «Écrire en français, c’est juste mon gagne-pain».

Ensuite, nous avons failli travailler ensemble quand il avait mis sur pied «Aujourd’hui le Maroc». Mais cela n’a pas abouti pour des divergences de points de vue. Ce qui n’a en aucun cas entamé notre relation basée sur une estime réciproque. Khalil Hachimi Idrissi, qui pouvait être acerbe dans ses jugements sur les autres, souvent frondeur, à la limite de l’agacement pour certains, avait au moins sa franchise pour lui. Il disait haut ce qu’il pensait, comme cela transpirait dans ses articles qui nous ont manqué puisque depuis de longues années, il a arrêté de nous gratifier de ses coups de gueule et de ses textes mordants. Mais il a continué d’écrire. Surtout de la poésie que j’ai commentée également sur les colonnes de «La Vérité» pour rendre compte de la sensibilité d’un homme qui connaissait le pouvoir absolu des mots et en usait avec passion.

C’est cette dualité entre le journaliste nourri de poésie qui me touchait chez lui. Une forme d’idéalisme qui n’a pas résisté à l’usure des réalités et de l’actualité qui exige de nous, journalistes, d’être au plus près des faits, évidemment sans jamais être totalement objectifs (ce qui est impossible). C’est ce parcours que nous regrettons aujourd’hui, celui d’un homme qui a donné sa vie à la presse et au journalisme, avec des années de service au sein de la MAP, qui témoignent d’une réelle volonté de la part de son défunt directeur de réformer et d’apporter du changement et un nouveau souffle au sein de cette institution.

Voici donc un journaliste de la première heure qui s’en va et qui nous laisse son cheminement pour nous en inspirer.

 

 

Par Abdelhak Najib

Ecrivain-journaliste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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