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A crise inédite, Ramadan inédit

A crise inédite, Ramadan inédit

C’était la décision à prendre et le gouvernement l’a fait, le mercredi 7 avril, 2021, en décidant d’instaurer un couvre-feu sanitaire allant de 20h00 à 06h00 du matin durant toute la période du mois de Ramadan.

 

Une mesure draconienne pour faire face à la propagation de la Covid-19. Dans la même ligne directrice, la circulation sera interdite à partir de 20 heures jusqu’à 6 heures du matin, sauf pour les citoyens dont l’activité professionnelle exige un déplacement pendant la nuit.

Il faut ici préciser un point important, qui peut passer inaperçu, mais qui est de taille : celui du passage du couvre-feu de 21h00 à 20h00.

Cela a été revu à la baisse dans un unique objectif :  éviter les rassemblements du public, en particulier dans les cafés et les mosquées durant le mois de Ramadan.

Le gouvernement a également décidé de maintenir les restrictions arrêtées précédemment et actuellement en vigueur pour un quadrillage ferme des actions citoyennes, avec cet impératif de limiter les exactions, les dérives et les prises de risque inutiles, comme cela a été le cas lors du dernier confinement durant le Ramadan 2020.

Les autorités ont aussi signifié aux populations qu’elles ne toléreraient aucun manquement aux règles mises en œuvre pour protéger les citoyens marocains des dangers liés au coronavirus.

Cela passe par l’interdiction de la prière des «Tarawih» en groupes, car c’est là un risque majeur de propagation du virus, dans toutes ses variantes.

Inutile de rappeler ici que c’est un non-sens absolu de vouloir se recueillir, dans la piété, en improvisant des salles de prière dans des garages, sur des toits et des terrasses.

Le devoir premier de tout homme, musulman pratiquant de surcroît, est d’abord de protéger sa vie et celles des autres.

La prière étant un élan individuel vers Dieu, elle peut se faire et se vivre pleinement dans l’isolement et dans la précaution absolue.

Inutile aussi de souligner que la situation sanitaire est très grave, avec l’apparition de ces nouveaux foyers de propagation des variantes du virus.

La situation sanitaire commence à se dégrader et des Marocains perdent la vie chaque jour.

C’est une grave erreur de penser que le pire est derrière nous. Loin s’en faut.

Les jours qui viennent, et sans vouloir faire l’alarmiste, seront tout aussi difficiles et durs, sinon beaucoup plus, étant donné le flou qui caractérise les avancées médicales dans la lutte contre la Covid-19.

Ce qui veut dire une chose très simple : aucune permissivité ne doit être admise face à ce grand danger.

Des décisions hâtives et illogiques comme celles qui ont amené à ouvrir les salles de sport et les hammams sont à éviter.

Ce sont là des erreurs de jugement qui ont coûté la vie à des Marocains.

Car, nous avons du mal à comprendre comment on ferme les frontières d’un coup, on suspend tous les vols aériens ou presque, dans l’optique de bien gérer la situation, et d’un autre côté on promulgue des mesures qui n’ont aucune justification.

Les salles de sport ont été prises d’assaut et c’est un danger sérieux.

Les hammams ont connu des mouvements de foule et des rixes à gros risques, parce que tout le monde voulait renouer avec le rite du bain, et cela a également été très dangereux.

Sans oublier les voyages, les regroupements dans des hôtels, dans des cafés, sans port de masque, sans distance de sécurité minimale, comme cela a été le cas dans des écoles, des lycées et d’autres établissements scolaires qui ont connu un relâchement sans nom et sans aucune forme de protection, comme si de rien n’était.

À tout ceci s’ajoutent les réunions entre amis et en famille, parfois à 50, voire 100 personnes, dans des villas cossues ou dans des propriétés, pour fêter un anniversaire, organiser une bouffe ou juste passer le temps à écouter de la musique et à picoler et fumer, les uns sur les autres.

Est-ce responsable ? Est-ce là un acte citoyen ? Est-ce que cela répond aux attentes de tous de se protéger en nous protégeant du même élan ?

Regardez ce qui s’est passé à Dakhla. Rembobinez le drame des soirées de Marrakech avec pas moins de 56 personnes contaminées le même soir, avec des morts, au bout du compte.

Est-ce que cela vaut vraiment le coup de risquer sa vie pour boire un verre et manger un bout ? À ce point, le fatalisme est-il ancré dans les mentalités ?

Il faut croire que oui. Il faut aussi croire que les Marocains soufflent le chaud et le froid et s’adonnent à des pratiques insensées au nom du droit à l’amusement.

C’est absurde de penser que l’on peut jouer à la roulette russe avec le coronavirus.

Et c’est aussi une aberration de penser que cela n’arrive qu’aux autres.

Non, Monsieur, cela a presque touché toutes les familles marocaines, et nous avons déploré presque 10.000 morts.

Cela équivaut à trois fois les victimes des accidents de la circulation.

Et ce n’est pas fini, puisqu’on ne voit pas le bout de ce fléau sanitaire qui décime à tout-va.

À un moment donné, il faut savoir raison entendre. Il faut agir en responsable. Il faut être rigoureux, déterminé, investi, comme tout le pays doit l’être pour éviter le moindre décès.

Et il faut surtout ne pas perdre de vue que le monde que nous avons connu avant janvier 2020 est bel et bien révolu et que nous sommes entrés de plain-pied dans une ère encore inconnue, qui impose de nouveaux modes de vie et de nouveaux réflexes, avec une urgence absolue : s’adapter ou mourir.  

 

Par Abdelhak Najib, écrivain-Journaliste

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