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Bourse de Casablanca

Bourse de Casablanca

 

Mustapha Chakroune, Directeur général de TPS Fin, société de commercialisation de logiciels boursiers et de formation en trading et en analyse et décryptage des marchés financiers, nous explique, entre autres, que le problème le plus grave sur la place casablancaise vient de la liquidité, et non de la baisse. 

Finances News Hebdo : Les professionnels jugent que la situation de la Bourse de Casablanca est alarmante. C’est l’illiquidité du marché et le manque de profondeur qui sont pointés du doigt, bien plus que la baisse du marché. Etes-vous de cet avis ? 

Mustapha Chakroune : La Bourse de Casablanca  vit un phénomène d'adolescence, c’est un jeune homme enfermé dans sa chambre par peur de l’extérieur. Nous le savons tous, un jour ou l’autre cet enfant devra sortir.

La baisse ou la hausse d’un marché est naturelle et saine. Il y a des moments où les variations peuvent être exagérées dans un sens ou dans l’autre. Mais un marché illiquide et sans profondeur ressemble à un orchestre en manque de musiciens et de chanteurs  qui sont une condition sine qua non au bon fonctionnement de l’orchestre. Par conséquent, la place  de Casablanca doit résoudre la problématique chronique de liquidité et de profondeur une fois pour toute avant toute réforme ou  politique de relance, Sinon, la BVC sera un marché à sens unique comme une autoroute sans sortie !  Un peu comme on le constate actuellement. 

 

F. N. H. : Concrètement, quelles sont les difficultés que retrouvent les investisseurs à cause du manque de liquidité ? 

M. C. : Le problème pour les investisseurs n’est pas l’entrée au marché (l’achat), mais la sortie du marché (la vente). Si on ne réinvente pas le vrai marché boursier dans l’ordre : liquidité, sécurité et rentabilité, l’orchestre  ne jouera pas les bonnes notes.

 

 

F. N. H. : Vous avez, il y a quelques années déjà, anticipé les problèmes actuels du marché boursier? Pourquoi en sommes-nous là aujourd’hui ?

M. C. : Depuis  2008  La Bourse de Casablanca évolue sans pilote. Le Masi n’a pas pu franchir les 15.000 points et j’étais parmi les premiers qui ont alerté les opérateurs par nos notes de recherche techniques sur la fin de la tendance haussière et le début de la tendance baissière. Une tendance baissière qui devrait durer entre cinq à sept ans.  Les problèmes actuels du marché étaient prévisibles pour plusieurs raisons dont le manque de visibilité. On n’a pas accompagné l’évolution et la dynamique du marché par des mesures adéquates, et l’histoire de 1998 à 2003  se répète actuellement. La Bourse ne fait plus rêver, Il faut réinventer le marché pour reconquérir les investisseurs. 

 

F. N. H. : Quelles sont à votre avis les actions à entreprendre afin de sortir le marché de cette situation ?

M. C. : Il faut faire de vraies  réformes à l’image des marchés développés  et accélérer leur mise en route : réinventer la liquidité du marché par la mise en place en urgence de l’effet de levier et la vente à découvert pour réveiller l’épargne qui dort et échanger les titres qui moisissent dans les banques, investir en continue dans la formation, la démystification et la vulgarisation de la bourse, faire jouer la concurrence entre les professionnels, les mettre en compétition, libérer l’industrie d’analyse et recherche, encourager la gestion dynamique et le Day trading , les arbitragistes…  Il faudra aussi Rajeunir et préparer la relève en permanence, bref la Bourse doit faire sortir  l’entrepreneur caché en nous.  

 

F. N. H. : Enfin, pouvez-vous nous donner vos anticipation pour les semaines ou mois à venir sur l’orientation du MASI ? Etes-vous optimiste ou pessimiste ? Quelle serait la cible à surveiller de près ?

M. C. : Je suis réaliste. Le Masi est toujours orienté à la baisse et n’a pas encore épuisé son potentiel d’effritement. Il ne faut jamais sous-estimer sa capacité baissière et à mon sens, les prochaines cibles à surveiller sont 8500 points puis 7800 points. Ensuite, l’indice pourrait s’attaquer à 7500 points et, enfin, 6950 points. Le Masi ne redécollera qu’après avoir atteint  ces objectifs et touché une profondeur qui peut constituer le bon support pour une reprise durable.  

Propos recueillis par A. H.

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