Avec un panel de choix et des invités triés sur le volet, la question de l’identité marocaine a été approfondie par tous les chercheurs
L’espace Actua de la Fondation Attijariwafa bank a abrité, le 14 avril 2022, une conférence-débat, animée par l’écrivain et journaliste, Abdelhak Najib, avec une belle brochette d’intervenants composée de Aicha Belarbi, Docteur Imane Kendili, Hassan Najmi et Mounir Serhani.
C’est à un ftour-conférence de belle facture que nous avons été conviés à l’espace Actua d’Attijariwafa bank, sous le thème : «Identité marocaine, entre tradition et modernité». Avec un panel de choix et des invités triés sur le volet, la question de l’identité marocaine a été approfondie par tous les chercheurs qui ont tous, chacun à son tour, chacun selon son vécu et son fondu de recherche, mis l’accent sur les spécificités de la culture marocaine, riche de plusieurs identités : arabe, amazighe, africaine, méditerranéenne et judaïque versant toutes dans le même sens d’une identité multiple et séculaire donnant aujourd’hui corps à un véritable creuset civilisationnel avec de nombreuses ramifications et de profondes sinuosités, qui rendent compte de la complexité d’appréhender l’équation identitaire avec recul et une certaine distanciation pour mieux cerner toutes les particularités de notre identité à l’épreuve de la modernité.
Pour le philosophe, écrivain et journaliste, Abdelhak Najib, «il est important de réfléchir aujourd’hui sur la question de l’identité dans ses innombrables mutations pour en toucher les différentes aspérités et manifestations, parce qu’une identité figée est une identité qui se meurt, d’où l’impératif de porter un regard neutre sur nos identités multiples en gardant en tête tous les changements dont celles-ci ont fait l’objet durant des siècles, depuis les époques antiques à aujourd’hui».
C’est le même son de cloche qui se dégage de l’intervention de la sociologue et écrivaine, Aïcha Belarbi, qui a axé son propos sur les différentes étapes marquant l’évolution des mœurs et des pensées, de l’indépendance à aujourd’hui, surtout en ce qui se réfère à la condition féminine, qui représente un marqueur important pour juger des mutations identitaires à travers le temps.
Ce qui pousse la psychiatre et auteure, Imane Kendili, à faire une lecture psycho-sociale profonde des réalités marocaines entre hier et aujourd’hui pour définir l’essence de nos identités multiples qui convergent toutes vers une représentation collective de qui nous sommes «aujourd’hui, avec nos différences et nos particularités, qui sont toutes conditionnées par nos origines, par les différents environnements culturels et sociaux dans lesquels nous avons grandi et évolué, par notre éducation, par notre culture en relation avec ses nombreux affluents au cœur d’une communauté qui bouge, qui change et qui évolue, avec évidemment des fondamentaux immuables et des mutations imposées justement par cette modernité».
Ce qui fait dire à l’écrivain et chercheur, Hassan Najmi, que c’est justement «cette mutation en relation avec la culture qui définit essentiellement notre identité marocaine qui ne peut être appréhendée qu’en termes de culture, parce que c’est celle-ci qui nous définit, chacun à sa mesure, en relation avec les autres identités, elles-mêmes fruits d’autres cultures, qui puisent toutes dans l’histoire et la civilisation qui donnent corps à une identité spécifique, en l’occurrence notre Marocanité (Tamaghrabite)», comme le souligne le penseur marocain.
Ce qui trouve un écho chez l’écrivain et universitaire, Mounir Serhani, qui a mis en exergue la relation entre l’identité et la religion, dans une équation à plusieurs inconnues, ce qui nécessite un regard plus approfondi sur notre culture qu’il faut lire loin de tous les discours dogmatiques et démagogiques qui obstruent la vision et faussent toujours notre approche des particularités de notre identité marocaine dans sa diversité et dans son ouverture au monde avec des évolutions à plusieurs niveaux qui font qu’aujourd’hui «nous pouvons affirmer sans l’ombre d’un doute que l’identité marocaine est inaliénable dans ses essences multiples qui puisent à la fois dans le passé et dans les différentes orientations culturelles apportées par une modernité qui ne peut être pensée qu’en relation avec la tradition dans ce qu’elle a de multiple».
On le voit bien, tous les intervenants ont insisté sur l’importance de lire le présent «et surtout le futur, à la lumière de notre histoire, de notre culture, dans ses différentes origines, à la lumière des nombreux changements qui ont émaillé notre civilisation marocaine, depuis l’Antiquité à aujourd’hui, dans une équation à plusieurs niveaux, qui met en mouvement notre spécificité en tant que Marocain aujourd’hui, dans un monde constamment en mutations oscillant entre héritage d’hier et legs de demain pour des générations futures qui, elles aussi, doivent faire la lecture de leur époque à la lumière des apports à la fois de la tradition et de ses rapports avec les impératifs de la modernité», comme le précise Abdelhak Najib, qui pose ici la question de l’identité et de la jeunesse marocaine, appelée à faire son propre cheminement et son propre diagnostic pour être en phase avec son époque.
Par Mustapha Guiliz, écrivain et enseignant