Depuis le début de la crise sanitaire, les autorités ont fait le pari de jouer la carte de la transparence à tous les niveaux.
C’est à ce titre qu’un point est quotidiennement fait sur la situation épidémiologique dans le Royaume.
Ainsi, au 3 avril, le Maroc compte 761 cas confirmés de coronavirus, pour 47 décès et 56 guérisons. Avec une bonne nouvelle qui émane néanmoins de ces statistiques macabres et glauques : une patiente de Tétouan, âgée de 68 ans et souffrant d'une maladie chronique, a guéri de l’infection au coronavirus.
Si dans son exercice de transparence et de communication, le ministère de la Santé nous donne le nombre de cas, de guérisons, de décès ainsi que les villes les plus touchées, il reste néanmoins muet sur une statistique importante : le nombre relatif au personnel de santé contaminé. Y en a-t-il ? Combien ?
Le personnel soignant, en ce qu’il est en permanence au chevet des patients infectés, est le premier rempart contre la propagation du coronavirus. Mais ces soldats en blouse en blanche peuvent tout autant être de puissants vecteurs de sa propagation, si tant est qu’ils ne se sont pas suffisamment protégés.
Ce n’est pas le moment des polémiques, mais dans la profession, des voix s’élèvent, certes de façon peu bruyante pour l’instant, pour exprimer leur inquiétude, eu égard notamment au nombre de médecins et de professionnels de la santé positifs au Covid-19, particulièrement dans la fonction publique.
Selon nos informations, ils seraient une quinzaine jusqu’à présent, en comptant médecins, infirmiers et pharmaciens.
Quid alors des procédures de quarantaine, lesquelles, pour certaines sources médicales, ne seraient pas respectées dans certains hôpitaux où sont détectés les cas ?
Si le ministère ne nous confirme pas le nombre de contaminations parmi le personnel de santé, il se veut néanmoins catégorique et clair sur les mesures de quarantaine. Il assure que «lorsqu’un personnel de santé est détecté porteur du coronavirus après confirmation par test du laboratoire, il est mis en isolement à l'hôpital dans une chambre réservée à cet effet».
«Le personnel de santé reçoit ainsi le traitement indiqué comme tous les autres patients confirmés, selon le protocole thérapeutique adopté à l'échelle nationale», fait savoir la tutelle.
De même, «tout le personnel travaillant ou ayant été en contact direct avec ce professionnel de santé est contrôlé au test laboratoire et mis en isolement jusqu'à confirmation ou infirmation du test», poursuit le ministère.
La détection de cas positifs au coronavirus parmi les blouses blanches dans les hôpitaux n’entraine pas pour autant leur fermeture. «L’activité se poursuit dans l'hôpital pour assurer la continuité des soins pour tous les malades hospitalisés dans les services médicaux et chirurgicaux», indique le ministère, non sans préciser que «les locaux de travail du personnel détecté positif sont désinfectés selon les procédures d'hygiène hospitalière en vigueur».
En France, le coronavirus a déjà fait 6 victimes parmi les médecins hospitaliers. Cela fait effectivement peur.
C’est pourquoi au Maroc le ministère rassure sur les dispositions prises pour protéger les professionnels de santé.
Il a mis deux types de masques (chirurgicaux et FFP2) à la disposition des professionnels du secteur de la santé, et distribué ces fournitures aux délégations régionales du ministère.
De même, il a été permis à certaines usines de textile de fabriquer des masques médicaux, des combinaisons, des chaussures et des casques de protection, qui seront mis à disposition au niveau national, selon des mesures techniques et scientifiques. Ces usines approvisionneront en permanence les entrepôts centraux du ministère de la Santé.
Suffisant pour garantir la protection de ceux qui sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus ?
En tout cas, il va falloir être très convaincant. Surtout que le ministère de la Santé a visiblement besoin de plus de bras, notamment au niveau de la région Casablanca-Settat.
Ce qui justifie qu'il ait lancé une opération de recrutement de volontaires parmi les médecins et infirmiers retraités, et à mis à leur disposition un bulletin d’inscription.
Des retraités en renfort qui sont donc des personnes à risque, au regard de leur âge, et qui devront impérativement être bien protégés.