Les travaux du 2ème Meeting sur l'information financière au Maroc, tenus ce jeudi sous le thème "Dématérialisation & Marché financier", viennent de prendre fin. Pas moins de 200 participants, très attentifs aux enjeux de la digitalisation, ont pris part à cette manifestation organisée par Maroclear, la Bourse de Casablanca et Finances News Hebdo.
C'est le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, qui a ouvert les "hostilités", rappelant tout d'abord, dans son discours inaugural, les différentes étapes par lesquelles est passé le marché financier dans son processus de dématérialisation. L'argentier du Royaume a par la suite souligné la nécessité d'appréhender la dématérialisation sous un angle plus global. "Il faut en avoir une conception plus large et réinventer un nouveau modèle en se basant sur les nouvelles technologies", a-t-il fait remarquer. "Certes, la digitalisation est une opportunité, mais tous les métiers de la finance vont être bouleversés, d'où la nécessité de bien s'y préparer", a-t-il laissé entendre. Non sans avertir qu'"il faudra que les régulateurs soient vigilants pour gérer les nouveaux risques inhérents à la digitalisation".
Une révolution violente à anticiper ou subir
Dans un exposé brillant, Mamoun Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, chargé des Petites entreprises et de l’Intégration du secteur informel, a puisé de son expérience personnelle pour aborder ce thème, le situant notamment dans l'avant et l'après crise économique et financière de 2008, restant convaincu que la digitalisation va fondamentalement changer le monde. Et comme Boussaid, il reste persuadé d'une chose : "les régulateurs du monde entier doivent intégrer ces innovations technologiques pour gérer les marchés". En cela, note-t-il, l'arrivée des blocckchains est synonyme d'une "révolution violente qu'il va falloir anticiper ou subir".
L'intervention de Bouhdoud a été suivie par la tenue de deux panels : le premier, modéré par Bachir Baddou, DG de la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurances et de Réassurance (FMSAR), a été consacré à "La dématérialisation, levier de croissance pour le marché financier". Dans le second panel, modéré par Fatima Ouriaghli, directeur de la publication de Finances News Hebdo, il s'agissait pour les différents intervenants de répondre à la question : "Quelle stratégie digitale pour l’attractivité du hub financier régional" ?.
La confiance se digitalise
Quelques points à retenir de ces deux panels :
* 7 milliards de personnes disposent d'un téléphone mobile dans le monde. La digitalisation réduit l'empreinte carbone et est synonyme de gain de productivité et de coût. Plus qu'un virage technologique, la transformation digitale est un projet d'entreprise (Kenza Berrada, cabinet B-Part).
* La relation banque - client est en train de muter et le client a davantage accès à l'information qu'auparavant. Chez CIH Bank, on croit en la banque bionique, c'est-à-dire un savant mixage entre la banque classique et le digital. Pour la première fois dans l'histoire, on assiste à la digitalisation de la confiance grâce aux blockchains.
Le Maroc a certes fait des avancées, mais il faut aller plus loin dans le processus de digitalisation. Il est parfois nécessaire de repenser complètement le système et non offrir des prestations en parallèle comme le fait parfois l'Administration. Si la dématérialisation du paiement de la vignette auto a été une réussite, ce n'est pas forcément le cas de la signature électronique qui reste payante et qui pose encore une contrainte physique (il faut se déplacer chaque année pour s'enregistrer). Or, la digitalisation doit rendre les choses plus faciles et moins coûteuses. En gros, il ne faut pas créer de barrières à l'entrée, lesquelles ont tendance à ralentir les process (Ahmed Rahhou, Président de CIH Bank).
Le e-constat va arriver au Maroc
*71% des consommateurs européens effectuent une recherche numérique pour acheter de l'assurance et un consommateur sur trois achète son assurance online.
Dans le cadre de la digitalisation, le secteur des assurances au Maroc souffre encore de freins réglementaires, comme notamment l'obligation pour le client de signer physiquement son contrat d'assurance. La FMSAR travaille actuellement pour la levée de cette contrainte, de même qu'elle a signé une convention avec la fédération des assureurs français pour la mise en place du e-constat au Maroc (Bachir Baddou, DG de la FMSAR).■