La loi marocaine oblige le lancement d’une OPA.
Le CDVM ne s’est toujours pas prononcé.
En attendant, l’action est chahutée en Bourse.
Que se passera-t-il après l’acquisition de 60% de Ennakl par le consortium Parenin/Poulina ? C’est la question que se posent les petits porteurs marocains visiblement abandonnés à eux-mêmes et confrontés, pour l’instant, au silence du CDVM sur la question. La loi 26-03 relative aux offres publiques sur le marché boursier stipule dans son article 18 que «le dépôt d’une offre publique d'achat est obligatoire quand une personne physique ou morale, agissant seule ou de concert, vient à détenir, directement ou indirectement, un pourcentage déterminé des droits de vote d’une société dont les titres sont inscrits à la cote de la Bourse des valeurs». Le pourcentage des droits de vote qui oblige son détenteur à procéder au dépôt d’une offre publique d’achat est déterminé par l’administration, sur proposition du CDVM, sans qu’il puisse être inférieur au tiers des droits de vote de la société visée. Le CDVM n’ayant rien proposé, du moins de manière officielle, la question reste donc en suspens. D’autant plus que la loi marocaine oblige, dans le cas d’une OPA, de formuler une offre dans un délai de trois jours ouvrables après le franchissement du pourcentage des droits de vote.
Seulement, la société Ennakl est de droit tunisien et la réglementation tunisienne n’oblige pas ce type de procédé. Le CDVM, ainsi que les investisseurs se retrouvent devant une situation délicate, surtout que plusieurs ont spéculé sur cette OPA.
Selon un trader casablancais, «le CDVM n’a pas son mot à dire puisqu’il ne s’agit pas d’une société de droit marocain. Son travail de régulation, dans le cadre de la cotation de Ennakl, est de s’assurer que toutes les informations relatives à la société soient transmises au marché de la manière la plus transparente et exacte possible». Un autre opérateur confie que «nos clients ont spéculé sur une OPA, mais rien n’oblige le nouvel acquéreur de lancer une offre, puisque cela ne relève pas de l’autorité du CDVM».
Le comportement de l’action ces deux dernières semaines montre que les investisseurs sont passés par plusieurs états d’esprit. Après avoir salué la cession de la participation de l’Etat tunisien par une réservation à la hausse et une ouverture en fanfare le lendemain, les ardeurs se sont ensuite calmées et l’action a retrouvé des niveaux de cours semblables à la période postérieure à l’opération. Dans la foulée, BMCE Capital Bourse a recommandé de vendre le titre, le jugeant surévalué par rapport à ses fondamentaux. Ils valorisent l’action à 34,17 DH contre un cours de Bourse de 55 DH constaté le 4 décembre. Selon BMCE Capital Bourse, Ennakl est l’action la plus chère du secteur automobile coté.
Par A. H.