Pendant que leurs peuples crèvent la dalle, les dirigeants africains s’étripent pour le pouvoir. Du pouvoir. Toujours plus de pouvoir. Par tous les moyens possibles. Quitte à verser du sang. Beaucoup de sang d’innocentes victimes qui n’aspirent qu’à vivre décemment. Dans la paix. L’Afrique est face à ses vieux démons. Elle replonge dans ses travers.
Dans ce passé que l’on croyait révolu : celui des régimes militaires que l’on pensait définitivement enterrés dans la trappe de l’Histoire sanglante du continent. Mais, visiblement, la démocratie ne peut résister à l’envie de pouvoir incarnée par ceux qui s’autoproclament sauveur des peuples, mais qui, au final, sont avides de tout : de pouvoir, d’argent, de puissance…
Au point de tomber dans la déraison, galvanisés par tous ces courtisans obséquieux qui ne sont mus que par leurs intérêts. Mali, Guinée Bissau, Centrafrique, Burkina Faso, Soudan, Guinée…, tous ces pays ont été secoués par des coups d’Etat militaires au cours de cette dernière décennie. Ultime coup d’éclat : le 29 septembre 2022, le Burkina vivait son second putsch en huit mois, plongeant le pays dans l’angoisse. C’est ce qui arrive quand la politique sert d’ascenseur social. Comme du miel, elle attire les fourbes et les hypocrites, les roublards et les mythomanes, mais également les voleurs et les pervers narcissiques. Sous le regard parfois bien complaisant, voire complice de l’Occident.
Le développement économique s’accommode-t-il de cette race de dirigeants ? S’accommode-t-il d’autant d’instabilité politique ? Evidemment que non. Dans tous ces pays où les militaires bandent les muscles et font parfois tonner les armes, se jouent des drames économiques et sociaux. Parce que ces troubles politiques viennent se greffer à des défis socioéconomiques structurels, mais également ponctuels auxquels, d’une manière générale, l’Afrique subsaharienne doit faire face.
Des défis exacerbés par la conjoncture mondiale actuelle, avec une inflation nourrie par la guerre en Ukraine. Cette hausse des prix aggrave l’insécurité alimentaire et précarise davantage les populations. D’ailleurs, selon la Banque mondiale, «la sous-alimentation a fortement augmenté en Afrique subsaharienne ces dernières années, en raison des chocs économiques, des violences et des conflits ainsi que de conditions climatiques extrêmes». En Afrique, plus d’une personne sur cinq souffre de la faim et le nombre des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë a été estimé à 140 millions en 2022, contre 120 millions en 2021.
Au lieu donc de mettre leur «intelligence» au service de la collectivité pour essayer de trouver des réponses concrètes à ces problématiques urgentes, les dirigeants africains, au contraire, ourdissent des plans pour s’éterniser illégitimement au pouvoir. Quitte à tripatouiller les Constitutions. Quitte à fâcher la rue. Quitte à verser du sang. Quitte à sacrifier la démocratie.
Par D.William