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CAN 2025: Les Lions de l’Atlas sous le feu des attentes

CAN 2025: Les Lions de l’Atlas sous le feu des attentes

À dix jours du coup d’envoi, le Maroc retient son souffle : portés par leur statut de favoris à domicile, les Lions de l’Atlas entrent dans une CAN où la marge d’erreur est nulle. Après 49 ans d’attente, un pays entier exige le sacre, et la pression qui pèse sur leurs épaules n’a jamais été aussi lourde.

 

À dix jours du coup d’envoi de la 35e édition de la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies, le Maroc vibre d’une ferveur footballistique inédite. Pour la première fois depuis 1988, le Royaume accueille le tournoi continental, du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, dans six villes hôtes : Rabat, Casablanca, Tanger, Agadir, Marrakech et Fès. Mais au-delà de l’événement logistique – neuf stades ultra-modernes prêts à accueillir 24 sélections –, c’est l’équipe nationale qui cristallise toutes les passions. Demi-finalistes historiques de la Coupe du monde 2022 au Qatar, les Lions de l’Atlas entrent dans la compétition en favoris incontestés, avec une population marocaine qui ne rêve que du titre, le premier depuis 1976.

Une pression nationale à la mesure d’un exploit attendu

L’attente est palpable. Après le huitième de finale de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire et une élimination prématurée qui a laissé un goût amer, les supporters ne toléreraient plus un faux pas. «Jouer à domicile après une demi-finale de Coupe du monde nous place devant une obligation de résultat», a déclaré Walid Regragui, lors d’une récente conférence de presse. Ses mots résonnent comme un aveu: la victoire n’est plus un objectif, mais une dette envers un peuple qui a investi émotionnellement dans cette génération.

Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), a lui-même haussé le ton :        «Cette longue attente du titre continental a failli devenir un complexe dans l’histoire du football marocain. À la CAN 2025, il n’y a pas d’excuses possibles.» Avec une 11e place au classement FIFA, les Lions bénéficient d’un statut qui amplifie la pression. Regragui, sous le feu des critiques pour son style pragmatique jugé parfois trop défensif, sait que son avenir dépendra du verdict final.

De la relégation à la référence continentale

Le parcours des Lions n’est pas un hasard. Depuis l’arrivée de Fouzi Lekjaa à la tête de la FRMF en 2014, le football marocain a connu une métamorphose. Budget en hausse, investissements massifs dans les infrastructures et une stratégie de formation qui porte toutes ses sélections jeunes pour les phases finales des compétitions continentales ces dernières années.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : qualification automatique pour la CAN 2025 en tant qu’hôte, mais domination totale des éliminatoires avec six victoires en six matchs; une médaille de bronze olympique en 2024 pour les U23, victoire des Lionceaux en Coupe du monde des moins de 20 ans et une présence constante en phases finales mondiales pour les catégories jeunes. Cette progression s’inscrit dans une vision royale impulsée par le Roi Mohammed VI dès 2008, visant à faire du Maroc une     «terre de football» inclusive, du amateur au professionnel, masculin et féminin.

Au cœur de cette réussite trône l’Académie Mohammed VI de football, inaugurée en 2009 à Salé sur 18 hectares. Ce centre d’excellence, financé à hauteur de 65 millions de dollars, forme annuellement plus de 70 pensionnaires âgés de 12 à 18 ans, combinant entraînement de haut niveau et scolarité complète. 
Son impact en 2024-2025 est fulgurant. L’académie a servi de vivier pour les succès des jeunes : victoire des U23 à la CAN 2023; victoire des U17 en 2025; et, surtout, le sacre mondial des U20 à la FIFA U-20 World Cup au Chili en octobre 2025, avec cinq starters issus de Salé, dont le double buteur en finale Yassir Zabiri. Ce titre, premier du genre pour une nation africaine depuis le Ghana en 2009, valide une chaîne de formation qui intègre détection nationale, partenariats avec clubs européens et compétitions internationales régulières. Nasser Larguet, ancien directeur technique, y voit «un modèle inspirant pour les clubs marocains», aligné sur les standards de Clairefontaine ou La Masia.

Le sacre des U20: un signal fort

Le triomphe des U20 au Mondial 2025 (une victoire 2-0 en finale contre l’Argentine) n’est pas un épiphénomène. Sous la houlette de Mohamed Ouahbi, la sélection a balayé la Corée du Sud, les États-Unis et la France en phases éliminatoires, confirmant la profondeur du réservoir talentueux marocain. Cinq joueurs de l’Académie (Fouad Zahouani, Houssam Essadak, Taha Majni, Yassir Zabiri et Yassine Khalifi) ont été décisifs, illustrant la fluidité entre catégories jeunes et seniors.

Ce succès, célébré par une réception royale à Rabat, renforce la confiance pour la CAN. Regragui a déjà intégré plusieurs de ces prodiges en présélections A, comme El Khannouss ou Richardson, pour injecter fraîcheur et audace dans un groupe expérimenté mené par Hakimi et Ziyech. Les U20 valident ainsi la stratégie FRMF :        «Briser le plafond de verre», dixit Ouahbi, en alignant ambition et discipline.

Des infrastructures prêtes à écrire l’histoire

Le Maroc n’a pas lésiné sur les moyens. Neuf stades, tous rénovés ou neufs, répondent aux normes FIFA et CAF : le Complexe Prince Moulay Abdellah (68.000 places), son annexe à Rabat, le stade Al Barid et Moulay El Hassan; le mythique Mohammed V (45.000 places) à Casablanca; Ibn Batouta (75.000) à Tanger; Adrar (45.000) à Agadir; Grand Stade (45.000) à Marrakech; et Complexe Sportif (45.000) à Fès. Ces enceintes, testées lors des barrages Mondial 2026, intègrent technologies de pointe : caméras de surveillance au Mohammed V, accès optimisés et centres médias avancés.

Dans le Groupe A (face aux Comores, Mali et Zambie), les Lions débuteront le 21 décembre au Prince Moulay Abdellah. Un parcours sans faute est exigé, mais l’Afrique est imprévisible. Hakimi, Bounou et consorts le savent: transformer la pression en carburant, c’est l’enjeu.

Pour les Lions, demi-finalistes du Mondial 2022 et portés par une jeunesse conquérante, c’est l’occasion de clore 49 ans de disette. Pour le Maroc, c’est une vitrine avant le Mondial 2030 co-organisé avec l’Espagne et le Portugal. L’attente est immense, la génération prête. Reste à ce que l’histoire s’écrive en or.

R.M.

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