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Le Maroc sur la bonne voie pour maîtriser le coronavirus

Le Maroc sur la bonne voie pour maîtriser le coronavirus

 

La situation de la pandémie dans différents pays est très disparate, certains étant arrivés à contenir sa propagation et d’autres toujours en quête de sa maitrise. 

A un moment où plusieurs pays ont amorcé la levée du confinement de leur population ou en phase de le faire, le haut-commissariat au Plan a jugé utile de disposer d’un aperçu de la situation du Maroc comparativement à d’autres pays pour en dégager quelques grandes tendances. Voilà ce qui ressort du benchmark du HCP.

 

Approche

Les pays considérés sont classifiés en groupes selon leur état pandémique. Il est considéré comme 1er axe  le nombre cumulé de contaminations par million d’habitants[1] qui renseigne sur l’impact de la maladie.

La maitrise de la propagation est quant à elle mesurée au travers du nombre de reproduction R0.

Ce nombre R0 est très lié mathématiquement à l’indicateur de ‘’progression moyenne des contaminations cumulées sur une période récente (10 derniers jours)’’ qui est ainsi choisi comme 2nd axe effectif de classification1 pour une meilleure précision des calculs.

La situation présentée se base sur les données arrêtées à la date du 22 Mai.

La classification sur cette base fait apparaitre  4 groupes.

En outre, il est tenu compte dans ce comparatif de la date de déconfinement le cas échéant, afin d’identifier parmi ces différents groupes les pays où la décision de déconfinement est en phase avec une certaine maitrise de l’évolution de la maladie.

 

1-Risque d’escalade chez les pays fortement atteints et qui ne maitrisent pas encore la propagation de la maladie

Le 1er Groupe comprend les pays qui ne sont pas encore arrivés à circonscrire la propagation de cette maladie.

Certains de ces cas sont édifiants, car ils illustrent une situation de risque de propagation exponentielle qui s’apparente au scenario dit ‘’d’évolution naturelle’’.

Certains pays d’Amérique latine ainsi que l’Inde en sont des illustrations parlantes.

 A titre d’exemple, le Brésil compte plus de 300.000 cas au 22 mai, avec une tendance de multiplication de ses cas cumulés par 2 tous les 12 jours.

A ce rythme et sans action additionnelle, il atteindrait 1,7 million de contaminés au bout d’un mois et beaucoup plus pour un horizon plus long.

Pour bon nombre de ces pays (UK, USA, Brésil, Inde, Iran…),  le confinement n’a pas été appliqué de manière stricte et dans les temps, ce qui aboutit maintenant à une situation de déconfinement confuse. 

A titre d’exemple, l’Iran a connu une situation chaotique avec une levée, le 14 Avril, d’un confinement peu respecté, mais qui semble se solder par un rebond potentiel des contaminations.

La Suède figure également dans ce Groupe, alors qu’elle a opté pour une configuration de recherche d’immunité collective (accompagnée d’orientations de prudence et d’hygiène) qui se traduit par une augmentation linéaire forte du nombre de cas cumulé (sans perspective d’aplatissement à ce jour de sa courbe).

 

2-Déconfinement dans le sillage d’une maitrise de la propagation de la maladie

Le 2ème Groupe est constitué de pays qui ont réussi à freiner la propagation du virus grâce au confinement et aux mesures associées, et ce malgré les nombres élevés d’infections.

La stratégie de tests massifs, grâce aux moyens importants déployés par ces pays généralement développés, a également été décisive (à titre d’exemple, le Danemark a atteint 75 tests pour 1.000 habitants).

Ceci a permis d’entamer un déconfinement une fois les indicateurs majeurs au vert (R0<1) et les prérequis logistiques mis en œuvre.

  • La tendance d’évolution dans ces pays va dans le sens d’une stabilisation de la situation et augure de l’extinction progressive de l’épidémie, au vu des différentes courbes de cas quotidiens ou de cas cumulés.
  • Les taux de létalité enregistrés dans ces pays sont cependant très élevés et dépassent les 10% (France 15,5%, Italie 14,2%, Espagne 12,2%) et résultent probablement de la forte pression sur le système de santé induite par les chiffres très élevés des contaminations. L’âge moyen des populations de ces pays dépasse pour la plupart les 40 ans, ce qui expliquerait également la mortalité importante observée.
  • Le déconfinement étant récent pour la plupart (début mai), il est encore trop tôt pour se prononcer  pour l’ensemble des pays de cette catégorie sur un éventuel rebond non perceptible à ce stade. Au vu des 1ers chiffres post-déconfinement, la situation semble se stabiliser. Chez ce groupe de pays, il s’agit plutôt d’un déconfinement sous contrôle plutôt que d’un déconfinement forcé (contrairement à la situation évoquée plus haut pour l’Iran).

 

3- Un deconfinement prématuré pourrait altérer les efforts réalisés par certains pays

Chez les pays du Groupe 3, la situation est par contre encore incertaine chez une grande partie d’entre eux au vu des indicateurs principaux et des tendances des courbes qui indiquent parfois des évolutions erratiques. 

Certains de ces pays ont d’ores et déjà déclenché un déconfinement qui pourrait s’avérer prématuré.

A titre d’illustration, la Pologne a été l’un des pays qui a réagi le plus rapidement par la mise en place du confinement dès le 13 mars. 

Le déconfinement a été lancé le 11 mai, alors que ce pays était techniquement toujours en situation de propagation (R0 >1), indiquant que l’évolution de la maladie n’était pas encore sous contrôle.

La tendance post-déconfinement des cas quotidiens repart à la hausse, signe d’un potentiel rebond.

La courbe d’infectés cumulés, pour sa part, augmente linéairement sans aucun signe d’aplatissement.

Pour résumer, ces pays qui, pour la plupart, ont fourni des efforts importants pour combattre la pandémie et s’acheminent vers la quasi-maitrise de sa propagation (à des degrés divers),  pourraient basculer vers une situation moins favorable en cas de déconfinement prématuré ou mal planifié.

 

4- Un deconfinement sans risque majeur pour le Groupe 4

Les pays du Groupe 4 ont généralement adopté un confinement très tôt et stricte qui leur a permis d’approcher maintenant une maitrise de la propagation.

Ce  type de pays,  tel l’exemple de la Grèce (cf Figure7) ou la Malaisie, ont pour la plupart déconfiné de manière progressive en début de ce mois de mai, malgré quelques sursauts de cas nouveaux, car la tendance lourde était à la baisse.

La situation post-déconfinement semble poursuivre la même tendance qu’avant, c'est-à-dire vers une extinction progressive de la maladie, malgré les quelques soubresauts de nouvelles infections qui sont à ce stade de faible amplitude.

Même si le risque de 2nd vague n’est pas totalement exclu (en cas de relâchement des règles d’autoprotection par exemple), ces pays ont atteint une situation où même un rebond potentiel n’aura plus d’impact sanitaire significatif.

 

5-Situation en Afrique et au Maroc

  • Au vu des derniers chiffres, l’Afrique est relativement épargnée par la maladie puisqu’elle enregistre à ce stade environ 100.000 cas cumulés (75 cas/million d’habitants) et 3.100 décès (2,3 décès/million habitants).  Le taux de propagation est supérieur à 1%.
  • La plupart des pays africains se retrouvent ainsi dans ce Groupe 3 indiquant ainsi un impact limité du virus à ce jour. Même les grands pays africains (Nigeria, Egypte, Afrique du Sud) sont pour la plupart relativement peu touchés, mais enregistrent généralement une progression moyenne assez élevée (au-delà de 4%), ce qui indique, à des degrés divers, une faible maitrise de l’évolution de la maladie.
  • Le Maroc serait selon ce benchmark dans le Groupe 3, soit le quadrant des pays relativement peu touchés à ce stade et qui sont en quête de la maitrise de la propagation (son R0 serait en dessous de 1 et sa progression récente sur les 10 derniers jours  de 1,4% et en baisse continue)
  • Il est cependant le pays le mieux positionné parmi les grands pays africains dans ce groupe et le plus proche pour basculer vers le G4, qui est pour rappel composé des pays relativement peu atteints et qui sont en cours d’éradication de la maladie.
  • La courbe des cas quotidiens fait néanmoins apparaitre des soubresauts préoccupants.
  • La courbe des cas cumulés est toujours à la hausse, avec quelques indices de début d’aplatissement, mais surtout n’est plus dans une tendance exponentielle.
  • De surcroit, si l’on considère les cas actifs (c'est-à-dire nets des guérisons et décès), la tendance de la courbe est à la baisse.

 

Récapitulatif

Ce benchmark effectué sur un ensemble assez large a permis de donner une approche pour classifier les pays par compartiment et appréhender plus aisément leur situation pandémique.

Cette classification a permis également d’examiner pour chacun des groupes les impacts ou risques de la levée du confinement.

Grâce à cette classification, il est aisé de constater que le Maroc, après tous les efforts intenses mis en œuvre pour contenir la propagation de la pandémie, se retrouve très proche de la zone de succès.

La confirmation de la tendance à la baisse du R0, il faut l’espérer, permettra de s’assurer que le déconfinement prochain d’une partie de sa population, dicté par des raisons économiques et sociales évidentes, ne fera pas dévier le Maroc de la trajectoire qui devrait le conduire vers la configuration du Groupe 4.

Le renforcement de la vigilance et l’intensification des tests actuellement en cours laisse penser que le Maroc s’achemine vers une logique de déconfinement sous contrôle.

 


[1]Pour le 1er axe, les pays sont classés par rapport à une moyenne mondiale (Hors Chine) qui est d’environ 800 contaminations/million d’habitants. Il aurait été possible d’opter alternativement pour le nombre de décès par million d’habitant sans que cela change fondamentalement cette classification.  Pour le 2nd axe, la barre du 1%  reflète approximativement le seuil épidémiologique de R0=1 qui renseigne sur le niveau de maitrise de la propagation.

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