Le Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc dénonce la nouvelle version du projet de loi 45.13 relatif à l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle des opticiens lunettiers.
Les opticiens comptent organiser une série de sit-in tout le mois de juin et appellent à une grève générale début juillet.
Ils étaient plus de 2.000 opticiens à participer au sit-in qui a pris place le mercredi 12 juin devant le siège du ministère de la santé à Rabat.
Venus de toutes les villes du Maroc, les opticiens ont répondu à l’appel du Syndicat national professionnel des opticiens du Maroc (SNPOM) qui dénonce la nouvelle version du projet de loi 45.13 relatif à l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle des opticiens lunettiers.
Le SNPOM avait par ailleurs appelé les praticiens à une grève le même jour, le 12 juin, afin d’accentuer le mouvement de revendication quant à leur privation du droit d’exercer la mesure de l’acuité visuelle pour la correction réfractive.
«Ce droit à la réfraction, nous l’exerçons grâce à des formations homologuées et même dispensées via le ministère de l’Education nationale (…). Aujourd’hui, il y a une véritable contradiction, puisque le ministère de la Santé vient nous retirer ce droit validé par un autre ministère», explique Mina Ahkim, présidente du SNPOM.
Le SNPOM ne s’arrêtera pas là et compte organiser une série de manifestations de protestation afin de faire entendre sa voix et garder ses prérogatives qui lui ont été accordées depuis des années, par la loi, indique-t-il dans un communiqué.
«Puisque le ministère de la Santé ne répond pas à nos revendications, n’entame pas un dialogue officiel, sérieux et efficace pour la proposition de réforme proposée ces six dernières années, nous ne laisserons jamais tomber notre droit», poursuit Mina Ahkim.
«Le projet de loi a été voté par la chambre des conseillers dans une formule et surtout une manière injuste que nous rejetons, protestons et refusons», ajoute-t-elle.
A ce titre, le SNPOM appelle ainsi à une nouvelle grève et un sit-in devant le ministère de l’Éducation nationale, ce 19 juin de 13h à 15h.
Une autre grève et un sit-in devant le Parlement seront organisés le 26 juin de 13h à 15h.
Le 3 juillet, l’ensemble des opticiens organiseront une marche de protestation à partir du siège du ministère de la Santé jusqu’au Parlement. «
Et si le ministère de tutelle ne répond pas à leurs revendications, une grève générale et un nouveau sit-in de protestation seront tenus le 10 juillet devant le Parlement.
Les opticiens menacent également de remettre leurs autorisations délivrées par le secrétariat général du gouvernement et de poursuivre le mouvement de protestation jusqu’à obtention d’une réponse favorable à leurs revendications», fait savoir un communiqué publié à cet effet.
Un problème… d’acuité visuelle
«Les opticiens exercent la mesure de l’acuité visuelle pour la correction réfractive depuis 65 ans, en vertu du Dahir du 04 octobre 1954 réglementant l’exercice de la profession d’opticien-lunetier.
C’est donc illogique et injuste qu’on vienne aujourd’hui rediscuter une loi qui a régi ce métier pendant de si longues années.
La réforme de 2013 a été validée par l’ordre de médecins. Nous aimerions donc comprendre ce qui a changé aujourd’hui pour ce nouvel amendement», peste Mina Ahkim.
Pour rappel, en 2013, un projet de loi 45.13 a été proposé pour organiser et réglementer toutes les professions "paramédicales", dont l’opticien.
«Le Syndicat avait adopté cette réforme, puisqu'elle préservait des acquis fondamentaux de notre profession et respectait relativement notre spécialité et nos pratiques quotidiennes, dont la réfraction et l'adaptation des lentilles de contact.
A cette époque, aucune réaction syndicale des ophtalmologues n’a été signalée», explique Mounir Ghissassi, vice-président du SNPOM.
Il ajoute par ailleurs que le projet de loi avait aussi pour objectif de protéger la profession contre l'informel, et ce, avec le soutien de tous les ministères de tutelle.
«Six ans plus tard, ledit projet a été adopté sans tenir compte des amendements objectifs suggérés par les opticiens lunettiers.
Sous la pression et le lobbying du Syndicat national des ophtalmologistes du secteur privé, le ministère de la Santé a cédé et procédé à la modification de l'article 6 dudit projet, portant atteinte aux intérêts des opticiens lunetiers», note le communiqué.
«Aujourd’hui, l’article 6 est vidé de son âme qu’est la réfraction. Un service que l’opticien avait l’habitude d’offrir au citoyen dans le respect des normes, de la loi et surtout le bien-être de ce dernier», ajoute Ghissassi.
Selon cet article, l’opticien-lunetier ne délivre aucun dispositif médical d’optique sans prescription médicale dans certains cas : pour les sujets de moins de 16 ans, l’acuité visuelle inférieure ou égale à 6/10 après correction, les amétropies fortes et presbyties en discordance avec l’âge.
«Cet article sera complètement changé. Son arbitrage repose sur une chose : l’habilitation à faire la réfraction et délivrer des lunettes sera tranchée par un texte réglementaire.
Dans la réglementation en vigueur, l’opticien était en mesure de procéder à la réfraction et donner des lunettes aux patients âgés de plus de 16 ans», précise le communiqué.