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Affaire Ilyas El Maliki : Liberté d’expression ou dérapage ?

Affaire Ilyas El Maliki : Liberté d’expression ou dérapage ?

Le monde des influenceurs au Maroc est secoué par une affaire qui mêle liberté d’expression, sensibilités communautaires et questions de responsabilité numérique. Ilyas El Maliki, streamer et YouTubeur marocain, populaire dans le domaine des jeux vidéo, se retrouve face à une série de poursuites judiciaires, conséquence de propos, jugés offensants envers la communauté amazighe, tenus lors d’un direct.

El Maliki a su, en quelques années, bâtir une large audience parmi la jeunesse, captivée par ses vidéos de jeu et ses contenus de divertissement. En effet, il s’est imposé comme l’une des figures incontournables du streaming au Maroc, atteignant un niveau de popularité qui dépasse même les plus grands noms internationaux. Entre janvier et mars 2023, il est parvenu à surpasser le célèbre streamer américain iShowSpeed en nombre d’heures de visionnage sur YouTube Gaming, avec un total impressionnant de 8,9 millions d’heures. Selon un rapport de StreamCharts, il occupe désormais la première place sur cette plateforme en 2023, avec pas moins de 258 heures de temps d’antenne.

Son influence s'est tellement étendue au point qu’il a récemment été nommé représentant du Maroc dans la compétition de football «Kings League», organisée par l’ancien défenseur du FC Barcelone Gerard Piqué. 

Tout récemment, lors d’un live diffusé sur sa chaîne YouTube, El Maliki aurait tenu des propos interprétés comme discriminatoires et insultants à l’égard de la communauté amazighe. Face à la diffusion publique de ces propos, plusieurs plaintes ont été déposées par des associations amazighes et des personnalités publiques. Bien que certaines de ces plaintes aient été retirées, d’autres, notamment celles provenant des régions de l’Atlas et d’Agadir, ont maintenu leurs accusations.

El Maliki a donc été arrêté et placé en détention provisoire à la prison de Sidi Moussa à El Jadida, où il attend son jugement. Lors de la dernière audience le 31 octobre, le streamer a été victime d’un malaise, nécessitant l’intervention du personnel médical. Cette scène, hautement médiatisée, a entraîné un report de la séance au 12 novembre prochain, laissant place aux spéculations et réactions variées au sein de l’opinion publique.

La justice a retenu contre lui plusieurs charges graves, allant de l’incitation à la haine et à la discrimination, jusqu’à la diffamation et à l’atteinte à la vie privée d’autrui. Ainsi que la consommation de drogues en ligne. 

Dans un souci de réconciliation, les parents d’El Maliki ont tenté de trouver un terrain d’entente avec les plaignants amazighs, en présentant des excuses et en proposant un dialogue apaisé. Cet acte, motivé par des raisons humaines et sociales, a conduit à la levée de certaines plaintes, bien que la question de la responsabilité publique du streamer reste débattue. Son avocat a défendu ses propos comme étant de l’ordre de la comédie, soulignant la prévalence de tels contenus dans le milieu télévisuel.

L’affaire Ilyas El Maliki soulève des questions plus larges sur la responsabilité des créateurs de contenu en ligne, l’influence des réseaux sociaux et les limites de la liberté d’expression. Cependant, beaucoup de ses followers estiment que son parcours est aujourd’hui freiné de manière injuste. Pour eux, les accusations qui l’ont conduit en détention, ne reflètent pas l’ensemble de son travail et de sa contribution positive au domaine du divertissement en ligne.

Cette affaire tombe à un moment clé pour El Maliki, qui devait représenter le Maroc dans la Kings League, une compétition internationale de football créée par Gerard Piqué. Son incarcération et le report de son audience au 12 novembre posent désormais la question de sa participation à cet événement. Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’a été émise sur sa place ou un éventuel remplaçant.

El Maliki incarne les nouveaux défis du numérique au Maroc, où la justice doit désormais arbitrer entre liberté d’expression et protection des communautés. Son cas pourrait bien faire figure de précédent, là où influence et responsabilité sociale se heurtent pour la première fois.

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