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Séisme au Maroc : Les médias français se solidarisent, mais…

Séisme au Maroc : Les médias français se solidarisent, mais…

L’observateur étranger qui jette un regard sur la scène médiatique française, notamment télévisuelle, ne manquera pas d’être ébahi par l’espace accordé par les chaînes françaises au séisme marocain et à ses conséquences dramatiques.

 

 

Par Mustapha Tossa 


Ce volume de débats aussi intenses les uns que les autres, ces Breaking News à répétion qui colorent les antennes, ces couvertures en direct et en flux tendus sont autant d’indicateurs que le choc marocain a eu des répercussions jusqu’au fin fond des rédactions parisiennes.

Cet immense intérêt des médias français reflète sans aucun doute la proximité culturelle, humaine et politique entre les deux pays.

L’opinion française a été saisie d’effroi de voir une grande tragédie, une épreuve inédite se jouer à quelques encablures de son territoire, dans un pays qui occupe une place particulière dans son radar affectif. Le Maroc en général, la ville de Marrakech en particulier, possède une sonorité qui la distingue de beaucoup d’autres pays.

Cette réaction de solidarité et d’empathie avec le Maroc pourrait être salvatrice et rassurante, surtout dans un contexte où les liens politiques entre les deux pays sont tendus, où le dialogue au sommet de l’Etat subit un gel pour cause de divergences politiques chroniques, comme en témoigne la difficulté manifeste d’organiser une visite d’Etat du président Emmanuel Macron au Maroc.

Malgré ces difficultés, les médias et l’opinion se mobilisent pour les Marocains, comme si le séisme avait touché une partie du territoire français.

Ce constat met en valeur la précieuse relation qu’il y a entre les deux société et sur laquelle de nombreuses personnalités politiques misent pour tenter de dépasser cette crise mutique qui caractérise depuis de longs mois l’axe Paris-Rabat.

Mais cet intérêt français global et multiple pour cette tragédie marocaine pousse ces chaînes et leurs concepteurs éditoriaux à épouser des angles d’explication et de pédagogie qui, parfois interpellent, mais souvent tombent dans la provocation et la manipulation gratuite.

Sur deux idées phares, la machine médiatique française a ruminé pendant de longues heures, charriant approximations, fake news et même dissertation hors contexte.

La première est le silence supposé du Roi Mohammed VI face à cette tragédie. Habitués aux canons de la communication locale, ces chaînes s’interrogeaient à haute voix pour quelles raisons le souverain marocain ne s’est pas exprimé publiquement pour commenter ce triste événement, comme le ferait n’importe quel responsable politique français à travers un tweet ou une déclaration à la presse.

Ce que ces médias ont fait mine d’ignorer, c’est que la parole royale, surtout dans une communication de crise comme celle que vit le Maroc, ne doit pas se limiter à quelques mots reflétant des humeurs ou à quelques phrases incarnant des positions, fussent-elles ciselées avec talent et convictions.

La communication royale, dans cette crise inédite, a été incarnée par une réunion au sommet de l’exécutif marocain, avec des prises de décision immédiates et des lancements de chantiers d’urgence pour trouver les meilleurs et les plus rapides thérapies aux maux dont souffrent les victimes marocaines de ce séisme.

Sur ce plan, la diligence royale fut à la hauteur de cette crise, le Maroc et son architecture administrative et militaire se basant sur une réelle expérience et un savoir-faire incontestable dans la gestion des catastrophes naturelles.

La second idée qui marquait les débats sur ce séisme marocain est l’interrogation formulée, parfois avec une forme de malice doublée d’un brin de reproches, autour du retard pris par les autorités marocaines à accepter la généreuse aide internationale qui s’est offerte au Maroc et à  lui ouvrir ses frontières.

Le Maroc a procédé à une gestion bien pensée de cette aide internationale. Les accepter dans l’urgence et la panique aurait provoqué des situations mémorables qu’ont vécues des pays comme la Turquie ou Haiti, frappés par des catastrophes naturelles.

La non-organisation et la précipitation ont fini par engendrer des situations de blocage, où l’aide internationale était là, mais dans l’incapacité de parvenir aux véritables lieux des sinistres.

Pendant ses multiples déclarations, le président Macron avait insisté sur la disponibilité de la France à fournir aide et assistance quand le Maroc aura donné son feu vert.

Il n’est pas certain que dans le contexte de tensions politiques entre les deux pays, cette insistance répétée et publique puisse atteindre ses objectifs.

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