Samedi 10 décembre 2022. Il est 16H00. Le Maroc est plongé dans un silence inouï. Les rues et grandes avenues sont désertes. S’y pavanent par-ci par-là quelques chats et chiens errants.
Cela ne vous rappelle-t-il rien ? La pandémie, le couvre-feu, le confinement…, avec des citoyens contraints de rester entre quatre murs et de céder la rue aux animaux.
Sauf que, hier, les Marocains ont déserté les rues par choix. Certains ont pris d’assaut les cafés ou les fan zones.
D’autres sont restés à la maison en famille, ou entre potes dans une ambiance festive, mais tendue.
Plus de 37 millions de Marocains étaient derrière leur petit écran pour soutenir les Lions de l’Atlas, qui en décousaient avec le Portugal de Cristiano Ronaldo, en quart de finale de la Coupe du monde.
Que dis-je ? Ce ne sont pas seulement les Marocains qui encourageaient le Onze national. Non. Ce match semblait opposer l’Afrique au Portugal.
Car c’est bien tout un continent qui était représenté à travers ce match. Tout un continent qui vibrait aux couleurs du Royaume et espérait un accès historique (une fois n’est pas coutume) des Lions de l’Atlas au dernier carré de ce Mondial.
Mais que dis-je encore ? Tout un continent ? Non. On y soustrait les aigris, comme notre voisin de l’Est et ces fantômes qui hantent le Sahara. Ils ont souhaité, profondément désiré, voire prié pour que notre équipe nationale s’embourbe dans cette compétition internationale et qu’elle soit éliminée.
Sauf que, depuis le Qatar, les lions ont encore sorti les crocs. Ils ont rugi. Un rugissement qui a eu un écho mondial.
Samedi, ils ont ouvert une nouvelle page dans les annales du foot africain en battant le Portugal sur le score d’un but à zéro. Ils ont fracassé ce plafond de verre (quarts de finale) sur lequel ont buté, par le passé, le Cameroun, le Sénégal et le Ghana, poinçonnant ainsi leur ticket pour une demi-finale contre la France, qui s’annonce explosive.
Cela, quelques jours après une victoire historique et mémorable face à l’Espagne.
Convenons-en, ce n’est pas un hasard si les Lions sont arrivés à ce niveau de la compétition. Leur parcours ne relève point de la chance. Encore moins du miracle.
Dans cette Coupe du monde, hormis le Canada qu’ils ont battu (2-1), ils n’ont croisé que des grands d’Europe. Un match nul contre la Croatie, équipe qui a éliminé le Brésil en quarts de finale; une victoire (2-0) contre la Belgique; une victoire contre la Roja aux tirs au but; et une victoire contre le Portugal (1-0).
Osons-le dire : avec zéro défaite et un but encaissé (CSC - contre son camp), et au regard de ce brillant parcours, les Lions de l’Atlas peuvent logiquement rêver d’aller au bout du bout de cette compétition.
Oui, il faut y croire. En ayant l’attitude qui a été la leur depuis le début de la compétition. Une équipe guerrière et combative. Une équipe décomplexée qui lutte avec ses armes. Une équipe qui a l’humilité de reconnaitre la force de ses adversaires.
Une équipe qui admet ses faiblesses. Une équipe qui accepte de souffrir. Une équipe qui sait aussi se sublimer grâce à ses talents. Ce sont les ingrédients de la réussite des Lions de l’Atlas.
Hospitalité, dites-vous ?
Restons humbles cependant ! On vante toujours l’hospitalité légendaire marocaine. Reconnaissons néanmoins que nos hôtes rivalisent fièrement avec nous dans ce domaine.
Après une paella (espagnole) bien garnie, nous avons eu droit à un savoureux bitoque (plat portugais composé d’un steak de bœuf grillé ou frit accompagné de frites, riz, salade et un œuf au plat sur la viande avec parfois au milieu du jambon blanc).
Après ces copieux repas, permettez-nous, néanmoins, un retour à nos traditions avec un bon thé à la menthe pour digérer. Histoire de ne pas oublier d’où l’on vient. Et, surtout, de nous creuser un peu le ventre en vue du prochain festin : poulet frites ou poulet Basquaise. Ah la gastronomie française !
F. Ouriaghli
