Le peuple marocain fête, ce dimanche 14 janvier 2024, pour la première fois, le Nouvel An amazigh en tant que jour férié et payé. C’est désormais une célébration au même titre que le premier Moharram de l’année hégirienne et le Jour de l’An dans le calendrier grégorien.
Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste
Cette fête haute en symbolique a été instituée grâce à la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de faire de cette tradition un moment national officiel, qui réunit toutes les composantes ethniques et identitaires de la nation sous le même drapeau.
C’est là un autre pas de franchi par les Marocains dans leur désir de communier avec leurs héritages multiples.
Car, au-delà de la force de la décision royale, cette fête est un hommage rendu à toute la portée historique et culturelle des diverses populations amazighes qui ont participé à écrire l’histoire plusieurs fois millénaires de cette terre marocaine. Du Nord au Sud, du Sahara aux hautes montagnes, des plaines aux vallées, ce jour de fête nationale participe à définir les contours d’une culture marocaine qui n’a de cesse de renouer avec ses origines.
Une reconnaissance, une glorification, un triomphe pour la diversité riche de notre patrimoine humain marocain.
Cette fête est une leçon d’histoire dans ce sens qu’elle affirme avec vigueur cet esprit unique du Maroc, celui de la cohésion sociale qui s’appuie sur une conscience collective : celle qui nous montre que la force des peuples réside dans leurs assises mobiles et dans l’enracinement de leurs fondamentaux.
C’est en substance le credo de Sa Majesté le Roi, qui, dès son intronisation, n’a eu de cesse de consacrer les fondements de l’identité marocaine plurielle, de reconnaître et de renforcer la diversité des strates qui la forment et des affluents qui la nourrissent.
Dans ce sens, et pour l’histoire, le discours prononcé par le Souverain à Ajdir, le 17 octobre 2001, est un acte fondateur. Ce discours a jeté les bases de la reconnaissance et de la réhabilitation de la langue et de la culture amazighes en tant qu’héritage de l’ensemble du peuple marocain et facteur de son unité et de sa cohésion : “à travers cet acte, nous voulons, tout d’abord, exprimer ensemble notre reconnaissance de l’intégralité de notre histoire commune et de notre identité culturelle nationale bâtie autour d’apports multiples et variés.
La pluralité des affluents qui ont forgé notre histoire et façonné notre identité est indissociable de l’unité de notre Nation, regroupée autour de ses valeurs sacrées et ses fondements intangibles que sont la religion musulmane tolérante et généreuse, la défense de la patrie dans son unité et son intégrité, l’allégeance au Trône et au Roi, et l’attachement à la Monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale”.
Un discours limpide, porteur d’une vision et annonciateur de ce que l’histoire du Maroc retient aujourd’hui comme une nouvelle preuve de la grandeur de ce pays.
D’ailleurs, le Roi Mohammed VI avait précisé lors de ce même discours : «Nous voulons aussi affirmer que l’amazighité qui plonge ses racines au plus profond de l’histoire du peuple marocain appartient à tous les Marocains, sans exclusive, et qu’elle ne peut être mise au service de desseins politiques de quelque nature que ce soit. Le Maroc s’est distingué, à travers les âges, par la cohésion de ses habitants, quels qu’en soient les origines et les dialectes. Ils ont toujours fait preuve d’un ferme attachement à leurs valeurs sacrées et résisté à toute invasion étrangère ou tentative de division».
C’est exactement cela qui fait l’exception marocaine : l’Union des valeurs fondatrices de la nation marocaine dans ce qu’elle a d’hétéroclite, de symbiotique et d’immatériel.