Le penseur marocain, Abdelhak Najib, continue de construire un véritable système de pensée philosophique, avec plus de 40 ouvrages de philosophie, entre analyse du passé, décodage du présent et projections dans le monde de demain.
Par Dr Imane Kendili, Psychiatre et auteure
Avec ce nouvel essai, intitulé : « Fractales », le philosophe nous invite à plonger dans un monde fractionné et fragmentaire…
L'œuvre philosophique de Abdelhak Najib donne le vertige, et ce, à plus d’un égard.
D’abord la structure de la pensée qui se construit comme un seul ouvrage proposant un système de pensée singulier, avec des analyses solides et profondes de grands philosophes, tels que Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger, Soren Kierkegaard, Baruch Spinoza, Gottfried Wilhelm Leibniz, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Kant, Johann Gottlieb Fichte, Emmanuel Kant, Ibn Rochd, Ibn Khaldoun, Al Farabi, Bertrand Russell, Miguel De Unamuno, Ludwig Wittgenstein, Emanuel Swedenborg.
Sans oublier les grands penseurs présocratiques, la pensée orientale de l’Asie et les grands précurseurs latins, tels que Marc Aurèle, Cicéron, Sénèque, Plutarque, Tagore, Zoroastre, la mythologie sumérienne et grecque.
D’autres références s’ajoutent à cette base importante pour pouvoir construire une pensée profonde et étayée, à partir d’une réflexion universelle sur l’humain, l’auteur étant convaincu qu’on peut aborder la condition humaine que dans la globalité de la pensée universelle, de l’Occident à l’Orient en passant par toutes les sources de la philosophie classique et moderne, partout dans le monde.
L’objectif étant de proposer une lecture sérieuse du monde et de l’individu qui tente de l’habiter, poétiquement et spirituellement, selon la formule consacrée de Hölderlin.
Une fois ce postulat de base établi, nous abordons le vif du sujet, tel qu’il est développé dans ce nouvel ouvrage au titre très évocateur, empruntant à la mécanique quantique et la physique des particules quelques aspects fondamentaux pour comprendre les soubassements de l’existence dans son acception ontologique.
Le titre ouvre la réflexion philosophique proposée par Abdelhak Najib pour dialoguer avec Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger, Max Planck, Niels Bohr, Max Born, Albert Einstein, Wolfgang Pauli ou encore Paul Dirac, tous des génies de la physique, entre la relativité générale et la mécanique quantique, née à la fin des années 1920 entre l’Allemagne et le Danemark.
Abdelhak Najib nous propose une balade entre le principe d’incertitude, le chat de Schrödinger, la constante de Planck, les matrices de Heisenberg, de l’infiniment invisible pour tenter une approche plus juste de ce qui peut devenir visible, allant de l’atome, l’idée matricielle à ses ramifications entre vitesse des rapprochements, ondes de projection et la théorie des aléatoires (d’ailleurs développée par Abdelhak Najib dans son essai : « Variations aléatoires », Éditions Orion. 2023).
Dans cette approche, la lecture proposée par le philosophe n’est certes pas facile, mais elle ne présente aucune complication pour l’entendement, étant à la fois complexe dans sa teneur, mais limpide dans son développement.
Loin des poncifs, avec leur essaim de formules abscons, Abdelhak Najib aborde des idées aussi simples que le sens de l’existence, la naissance de l’art, l’importance du sentiment tragique de la vie, le pourquoi de la philosophie et de la poésie, l’essence de la littérature, le grand apport de l’alchimie, la politique et la société, l’individu face à la masse, la dictature, l’esprit libertaire, la coexistence dans la cité, la théorie de l’isolement, l’exil intellectuel…
Ce sont là quelques thèmes majeurs qui sont décortiqués dans un essai, écrit au hachoir, avec une précision qui ne laisse aucune place aux ajouts ni à l’emphase.
Abdelhak Najib, comme dans toute son œuvre de philosophie, va à l’essentiel, qu’il développe ses pensées en aphorismes ou en longs textes d’analyse.
C’est cette intensité dans la formule qui saisit dans cette écriture au scalpel : «La première chose qu’il faut réaliser est que tout le monde arrive à la vie avec tout un univers de croyances qui n’ont aucune justification rationnelle, sans réaliser que cet univers de croyances n’est en aucun cas compatible avec celui d’un autre. Ce qui fait que les gens ne peuvent être dans la logique, ni d’un point de vue individuel ni d’un point de vie collectif.
C’est dans ce sens que les opinions des gens sont là pour rendre leurs existences confortables et aisées à supporter, dans l’absence d’un sens véritable au pourquoi d’être là, ici et maintenant.
Quant à la vérité, pour tout le monde, ce n’est là qu’une question subsidiaire», nous rappelle Abdelhak Najib, qui ajoute : «Nous avons hérité d'un monde détruit et hybride. Aujourd’hui, seul l’homme stupide, insensible et perturbé a une place dans cette société. Aujourd’hui, le droit à la vie et à la liberté est requis avec les mêmes qualifications pour être interné dans un asile de fous où le mot d’ordre est affiché au fronton de l’établissement : immoralité, hypomanie et incapacité de réfléchir».
Éditions Orion, 240 pages.
Mars 2025. Disponible en librairie.