L’affaire secoue l’opinion publique depuis le vendredi 23 février. Ce jour-là, le directeur de publication du quotidien Akhbar al-Yaoum a été arrêté dans les locaux de son journal à Casablanca.
Si, dans un premier temps, la justice a publié un communiqué laconique, pour signifier que son arrestation «n’avait rien à voir avec le métier de la presse», ce n’est que deux jours plus tard que les choses ont été officiellement clarifiées.
Le communiqué du procureur général du Roi a en effet fait savoir que Taoufik Bouachrine, qui a comparu le lundi 26 février devant le parquet de Casablanca, va rester en détention préventive et comparaîtra le 8 mars devant la chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca. Et ce, suite aux plaintes de victimes.
Les faits qui lui sont reprochés pour le moins graves : abus de pouvoir, viol et tentative de viol, traite d’êtres humains…
Coïncidence inouïe, sa comparution aura lieu le jour même où l’on célèbrera la gent féminine partout dans le monde : la Journée internationale de la femme.
Dans les milieux de la presse, l’arrestation de Bouachrine a provoqué une onde de choc.
La profession, très braillarde lorsqu’il s’agit de prendre la défense d’un confrère, est dans une très grande retenue, se contentant pour le moins de relater les faits en se limitant aux communiqués officiels.
Même la Fédération marocaine des éditeurs de journaux est restée inaudible. Cela peut se comprendre, Bouachrine n'y faisant plus partie.
Il faut reconnaître que cette affaire est très délicate, en ce qu’elle sort du champ du métier de journalisme. C’est une affaire qui concerne la personne de Bouachrine et non l’exercice de sa fonction de journaliste.
Pour autant, certains esprits «intelligents» y voient déjà une affaire d’Etat, surtout que Bouachrine est réputé proche du parti au pouvoir, le PJD. Raccourci hâtif ?
A l’évidence, toute tentative de décryptage de cette affaire se limiterait à de simples conjectures. Le fin mot de l’histoire, c’est la justice qui l’écrira.
Taoufik Bouachrine sera alors soit condamné, soit inculpé au terme d’un procès qui pourrait s’avérer long et, surtout, plein de rebondissements.
D’ici là, quoi que l’on puisse penser, Bouachrine est présumé innocent.■
D. W.