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Manifestations au Maroc : Justice sociale, agenda électoral ou tentative de déstabilisation ?

Manifestations au Maroc : Justice sociale, agenda électoral ou tentative de déstabilisation ?

De nouveaux appels à descendre dans la rue ont eu lieu ce lundi au Maroc. Ils font suite aux manifestations observées ce week-end et qui ont suscité de vifs débats : traduisent-elles réellement les préoccupations profondes de la jeunesse marocaine ou bien sont-elles nourries par des agendas politiques ?

Tout a commencé il y a quelques semaines, lorsque les réseaux sociaux se sont transformés en caisse de résonance. Des appels à manifester pacifiquement y circulaient, portés par des slogans clairs : justice sociale, accès équitable à la santé ou encore école publique digne de ce nom.

Autant d’aspirations légitimes, profondément citoyennes, qui renvoient à des droits fondamentaux universellement reconnus.

Cependant, au fil des jours, la dynamique a pris une tournure plus complexe. La mobilisation, au départ spontanée, s’est progressivement mêlée à des calculs politiques.

A une année des élections législatives, difficile d’ignorer l’intérêt de certains partis pour cette jeunesse en colère, perçue comme un réservoir d’électeurs potentiels. Les slogans initiaux, porteurs d’un idéal citoyen, ont parfois été relayés ou récupérés par des voix cherchant à transformer cette énergie sociale en capital politique.

La question se pose donc : comment concilier l’expression d’une indignation légitime avec le respect des règles qui garantissent la stabilité d’une société ?

Réclamer une justice sociale, dénoncer les défaillances du système de santé ou exiger une école publique performante sont des revendications qui s’inscrivent dans un cadre normal de débat démocratique.

Mais lorsque ces appels dérivent vers des formes de radicalité, à travers notamment le blocage des routes et autoroutes, l’appel à perturber le trafic ferroviaire et les incitations au désordre, le message initial se perd.

On bascule alors de l’expression citoyenne à la tentation de la déstabilisation.

Ceux qui propagent des discours de haine contre la nation et qui appellent au sabotage ou au chaos ne poursuivent sans doute pas les mêmes objectifs que ces jeunes désireux de changement social. Leurs prétentions dépassent le cadre des revendications sociales et économiques. Elles relèvent plutôt d’une instrumentalisation qui risque d’affaiblir la crédibilité du mouvement.

En cela, un expert sécuritaire qui s’est confié à la MAP a été formel à ce propos. Les autorités publiques ne toléreront aucune menace à la sécurité publique ou atteinte aux fondements de l’ordre public, suite à des appels virtuels anonymes lancés à partir des réseaux sociaux sans recours aux procédures juridiques régissant les rassemblements publics, a-t-il averti.

Et de poursuivre que la violation de la loi sur les libertés publiques et le non recours aux procédures relatives à l'autorisation requièrent l’application de la loi, étant donné que les forces de l'ordre ne sauraient tolérer les appels d'incitation anonymes dont on ignore l’origine, les parties qui les lancent et leurs véritables motivations.

Bref, les attentes de la jeunesse marocaine méritent d’être entendues, débattues et intégrées dans une vision de réformes concrètes. Mais leurs revendications doivent s’affranchir des manipulations partisanes afin que la cause défendue ne se dilue pas dans le tumulte des calculs électoralistes ou des appels au désordre.

 

F. Ouriaghli

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