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Al Hoceima : Bataille de com autour d’une région sous haute tension

Al Hoceima : Bataille de com autour d’une région sous haute tension

Que se passe-t-il donc à Al Hoceima ? Entre le discours officiel et les informations véhiculées à travers les réseaux sociaux et certains médias, il y a en tout cas un fossé suffisamment profond pour maintenir les citoyens dans l’obscurité totale. Les médias exagèrent-ils ? Les autorités minimisent-elles, au contraire, ce qui s’y passe ?

Al Hoceima vit, en effet, une période particulièrement trouble depuis la mort, en octobre dernier, du marchand de poisson âgé d’une trentaine d’années, Mouhcine Fikri, broyé dans une benne à ordures. Depuis cette date, la quiétude de la ville est interrompue par des manifestations régulières de milliers de personnes. Et, surtout, très bruyantes. Car, la population a initié une nouvelle forme de protestation : un concert de casseroles et autres ustensiles de cuisine, sur fond de revendications sociales. Plus de justice sociale, des projets d’infrastructures…, c’est, entre autres, ce que réclament ces manifestants qui estiment cette région délaissée par les autorités.

Le silence prête foi à la rumeur et aux mauvaises interprétations. C’est sans doute la raison pour laquelle le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima est sorti de sa réserve. L’image d’une ville d’Al Hoceima "en feu" véhiculée par certains médias et sur les réseaux sociaux relève de "la pure intox", destinée à induire le grand public en erreur et à minimiser les efforts de développement colossaux consentis par l’Etat ces dernières années, a notamment affirmé Mohamed Yacoubi à la MAP. Selon lui, "il existe bel et bien des manifestations à Al Hoceima comme dans d’autres villes du Royaume et dans tous les pays démocratiques, mais les ouvriers de l’agitation tentent de donner une fausse image de la ville et répondre au cahier des charges des promoteurs de ces manifestations". Il s’agit d’une ville qui "fonctionne, les habitants vaquent à leurs préoccupations, de même que les institutions travaillent normalement", tempère-t-il.
L’un des aspects les plus flagrants de cette désinformation continue reste le fameux décret de 1958 qui définissait Al Hoceima comme une zone militaire. Ce dahir n’est plus en vigueur depuis 1959, a précisé Yacoubi. "Il s’agit-là d’une malhonnêteté pure en citant le décret tout en ignorant la succession de textes approuvés qui l’ont suivi portant annulation du caractère militaire pour la zone d’Al Hoceima", martèle-t-il, dénonçant le nihilisme des meneurs du mouvement.

 

Yacoubi brandit les chiffres

Al Hoceima délaissée ? Pas du tout, à en croire Yacoubi. Quelque 25 milliards de dirhams ont été investis en l'espace de 12 ans dans le cadre des différents programmes de développement lancés au niveau de la province, précise-t-il. Al-Hoceima est d’ailleurs dotée d’un programme de développement spatial (2015-2019), baptisé "Al-Hoceima, Manarat Al Moutawassit". Cela, à côté de plusieurs autres programmes qui sont en cours, dont celui relatif à la réduction des disparités territoriales qui mobilise un peu moins de 2 Md de DH.

Entre les cinq centres de santé en construction et 24 en cours de réhabilitation , le grand centre hospitalier provincial prévu (250 millions de dirhams), le grand hôpital devant ouvrir ses portes à Imzouren à la fin de l’année en cours, le remplacement de 600 classes en préfabriqué seront remplacés, la réalisation d’un barrage (1,3 Md de DH) pour l’alimentation en eau potable et l’irrigation, les projets agricoles…, Al Hoceima est vouée à un avenir prometteur, souligne Yacoubi.

Une chose est sûre : si les populations ne décolèrent pas, c’est certainement parce qu’elles n’ont pas encore perçu les fruits des efforts consentis par les autorités pour impulser une dynamique de développement durable à la région. D’où la nécessité de cultiver une certaine proximité avec la population à travers des séances de communication régulière sur les projets qui y sont initiés. C’est mieux que de se limiter à une communication de crise qui, manifestement, montre ses limites.

 

D. W.

 

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