Ces derniers mois, les affaires de corruption ont fait les choux gras de la presse marocaine. Plusieurs personnalités publiques sont poursuivies par la justice en raison de leur implication directe dans des pratiques frauduleuses.
Par M. Boukhari
A en croire le dernier rapport annuel de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) au titre de l’année 2022, le Maroc occupe, en matière de corruption, la 97ème place sur les 176 pays évalués. En ce qui concerne la liberté économique, la même source précise que le Royaume a obtenu un résultat négatif dans l’indicateur subsidiaire lié à l'efficacité judiciaire avec un score de 32,8/100. «La corruption nuit gravement à la croissance économique et à l’investissement. Elle exacerbe les inégalités tout en affectant une proportion très élevée de pauvres», souligne Me Abdelhakim El Kadiri Boutchich, juge près la Cour internationale de résolution des différends «Incodir» à Londres.
D’après lui, il s’agit d’un virus qui se propage rapidement et représente la cause principale de la dégradation économique, judiciaire, financière et sociale de tous les pays, notamment le Maroc. Il est à noter que le Code pénal marocain punit la corruption publique d’une durée d’emprisonnement allant de 2 à 5 ans et d’une amende de 2.000 à 50.000 dirhams. La corruption privée est, quant à elle, sanctionnée d’une peine comprise entre 1 et 3 ans et d’une amende de 5.000 à 50.000 dirhams.
De surcroît, le document de l’INPPLC précise que le Royaume se classe 94ème dans les indicateurs subsidiaires liés à la justice pénale (0,36/1), à l'absence de corruption (0,42/1), aux droits fondamentaux (0,42/1) et au gouvernement ouvert (0,43/1). Selon Me El Kadiri, le Maroc a connu depuis 2017 des réformes administratives et judiciaires telles que l’arbitrage, la médiation conventionnelle, la digitalisation et autres. «Ces réformes vont impérativement renforcer notre système administratif, notamment le corps judiciaire», explique-t-il.
Le pays a lancé en mai 2016 la stratégie nationale de lutte contre la corruption. Celle-ci repose sur cinq piliers fondamentaux, à savoir la gouvernance, la prévention, la répression, la communication et la formation. Cette grande réforme vise entre autres à réduire la corruption, renforcer l'intégrité et améliorer la redevabilité. Le but étant de garantir une prestation plus adaptée des services sociaux, en sus de faire progresser les résultats du développement humain.
«En conclusion, le Maroc a pu avancer dans la réforme de son arsenal administratif, en particulier le corps judiciaire, grâce à la séparation du pouvoir judiciaire des pouvoirs législatif et exécutif. Cette initiative, qui découle de la vision royale, a permis impérativement de limiter le risque de corruption. En vue de continuer sur cette lancée, il est nécessaire de mettre fin de manière irréversible à ce phénomène. Faute de quoi, notre société continuera à vivre une récession à tous les niveaux», insiste Me El Kadiri.