Les cas de Covidose grave et les décès vont augmenter.
Le ministère de la Santé mobilise ses troupes pour booster la vaccination.
L’inquiétude monte en Europe. Le Vieux continent fait face à une 7ème vague épidémique. En France, une moyenne de plus de 85.000 infections journalières a été enregistrée cette semaine.
Le Maroc n’échappe pas à cette flambée épidémique en cette période estivale, enregistrant une moyenne de plus de 3.000 cas quotidiens ces dernières semaines, avec des pics atteints respectivement le 28 juin (4.009) et le 30 juin (4.003).
Parmi les principales raisons de ce rebond épidémique : le laxisme des citoyens, qui ne respectent plus les gestes barrières, mais surtout la circulation de plus en plus importante du sous-variant BA.5, qui prend petit à petit le dessus sur son cousin BA.2. Beaucoup plus contagieux et caractérisé par un important échappement immunitaire, il est à l’origine de cette nouvelle vague de contaminations constatée en ce moment.
Ainsi, au regard du niveau actuel de transmission élevé, le Maroc en est au «niveau rouge de circulation virale», constate le coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique, Mouad Mrabet, précisant que le taux de reproduction effectif (Rt) à la date du 26 juin est de 1,16 ± 0,01, supérieur à 1 au niveau de toutes les régions.
«Malheureusement, les cas de Covidose grave et les décès vont augmenter les semaines prochaines», déplore-t-il. Il faut rappeler qu’entre le 1er juin et le 1er juillet, ce sont 36 décès qui ont été enregistrés.
«Le taux de positivité, qui était il y a six semaines de -1%, est actuellement de 25%. Le taux de reproduction est lui aussi en hausse ainsi que le nombre de décès qui est passé d'un décès tous les 3 à 4 jours à 2 à 3 décès par jour», confirme le chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr Tayeb Hamdi.
Retour aux fondamentaux
Face au sous-variant BA.5 qui contourne les protections immunitaires octroyées par les vaccins et les contaminations précédentes, il faut revenir à ces fondamentaux que l’on ignore de plus en plus : le respect des gestes barrières, mais aussi et surtout la vaccination.
Au 3 juillet, 24.858.084 personnes sont vaccinées, dont 23.343.881 sujets ayant reçu leur deuxième dose et 6.560.167 doses de rappel injectées. «La 3ème dose (dose booster) est très importante, car pour les personnes «très» vulnérables (80 ans et plus ou personnes ayant reçu une greffe ou qui font de la dialyse), deux doses ne sont pas suffisantes pour éviter la réanimation ou même le décès», avertit Hamdi.
C’est pourquoi d’ailleurs le ministère de la Santé a décidé de sonner la mobilisation générale. Dans une circulaire datée du 1er juillet et adressée aux directeurs régionaux de la santé, le ministre de tutelle, Khalid Ait Taleb, a demandé :
· Le renforcement de l'immunité par une troisième dose quatre mois après l'injection de la deuxième dose chez les personnes incomplètement vaccinées.
· L'administration d'une dose de rappel six mois après la troisième dose, particulièrement chez les personnes âgées de plus de 60 ans et chez les personnes ayant des comorbidités à partir de 18 ans.
«En cas d'infection récente de Covid-19, la dose de rappel peut être faite quatre semaines après la fin de l'épisode infectieux», indique le ministre, qui appelle à «la consolidation des mesures préventives par le port correct du masque, notamment dans les espaces fermés et lors des rassemblements, le lavage des mains et la distanciation physique».
Les services de santé doivent saisir l'opportunité du démarrage de la saison estivale afin de promouvoir la vaccination contre la Covid-19, aussi bien pour la première et deuxième dose que pour la dose booster et de rappel, indique la même source.
Rappelons que cette période estivale, qui coïncide cette année avec la célébration de l’Aïd Al-Adha, est à haut risque, du fait des déplacements massifs des populations. Avec ce BA.5 très contagieux, il faut donc s’attendre à une explosion des contaminations après la fête du mouton. «(…) Quelques jours après Aïd Al-Adha, on aura une reprise qui sera portée par les activités de la fête, les déplacements et réunions familiaux, les voyages…», confirme Hamdi. D’où la nécessité de rester vigilant.
F. Ouriaghli