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Crise des étudiants en médecine : L’impasse totale

Crise des étudiants en médecine : L’impasse totale

Depuis 10 mois, pas moins de 25.000 étudiants en médecine boycottent les cours, les examens et les stages cliniques, afin d’exprimer, entre autres, leur opposition à la réforme de leur formation. Il s’agit de la plus longue mobilisation étudiante de l’histoire du Maroc. Malgré l’intervention du médiateur du Royaume, les étudiants et la tutelle peinent à s’entendre.

 

Par M. Ait Ouaanna

Visiblement, le feuilleton «Étudiants en médecine Vs Miraoui» est encore loin de son dénouement. Alors qu’une issue à ce bras de fer, qui continue depuis 10 mois, semblait se profiler grâce à l’intervention de l’institution du médiateur du Royaume, les futures blouses blanches maintiennent leur pression.

Si les étudiants en pharmacie ont obtenu gain de cause après avoir signé, dimanche 22 septembre, un procès-verbal d’accord avec le ministère de l’Enseignement supérieur, leurs confrères des filières médecine et médecine dentaire n’arrivent toujours pas à trouver un terrain d’entente avec la tutelle. Dans le dessein de mettre au point des solutions «logiques et équilibrées», le médiateur du Royaume a tenu des réunions avec les différentes parties concernées par cette épineuse problématique.

L’entremise de Mohamed Benalilou a donné l’illusion d’une fin proche, avant que la nouvelle proposition du ministère, présentée à travers le médiateur, ne soit rejetée, à une large majorité, par les futurs médecins. En effet, les étudiants grévistes ont considéré cette offre comme étant similaire à celle déjà proposée, et n’apportant pas de réponses concrètes sur le sort de leurs collègues expulsés et des bureaux étudiants.

«L’offre du ministère concernant la filière médecine a été massivement rejetée, avec un taux de refus dépassant les 75% à l’échelle nationale. Cela montre que compter sur l’endurance des étudiants et sur le facteur temps pour tenter de briser l'unité estudiantine est une stratégie perdante, qui ne fait qu’aggraver la crise. La ténacité des étudiants prouve que la seule solution est de répondre sérieusement et sincèrement à leurs revendications, qui sont incontestablement justes et légitimes. Cela sera accueilli de la même manière par les étudiants en médecine, à l'instar de leurs collègues de la filière pharmacie», indique la Commission nationale des étudiants en médecine, en pharmacie et en médecine dentaire, dans un communiqué rendu public mardi 24 septembre.

S’agissant de la filière pharmacie, la Commission a exprimé sa satisfaction suite à la résolution du dossier, relevant en revanche une «injustice persistante» envers la filière. En effet, les pharmaciens de demain n’ont eu droit qu’à une session «exceptionnelle» unique pour chaque semestre, sans examens de rattrapage, d’ici la fin du mois de novembre prochain. Une décision considérée par la Commission comme étant contraire au principe d’égalité des chances.

Une objection «personnelle»

«Nous avons appris que cela résulte d'une objection personnelle du ministre de l’Enseignement supérieur, malgré un accord tardif des doyens et de nos chers professeurs. Face à cette situation, nous maintenons notre confiance en l'Institution du médiateur, dont nous attendons la réponse pour contrer toute tentative de saboter les initiatives visant à résoudre la crise», précise la même source. Il est à noter qu’en dépit de ce détail préoccupant quant à la reprogrammation des examens, les étudiants en pharmacie ont décidé, juste après la signature dudit procès-verbal, de mettre un terme à leur boycott et de reprendre les cours. Pour rappel, le département de Miraoui s’est engagé à lever les sanctions disciplinaires imposées aux étudiants en pharmacie et à appliquer les diverses dispositions convenues.

Concernant les filières médecine et médecine dentaire, la Commission a déclaré la poursuite de ses actions de protestation pacifique, appelant ainsi les bureaux et conseils étudiants à l’organisation de sit-in dans l’ensemble des facultés du Royaume, tout au long des deux prochaines semaines. Dans ce même contexte, la Commission a en outre annoncé la tenue, le 15 octobre, d’une manifestation nationale «inédite» à Rabat.

Une soirée cauchemardesque

Clamant haut et fort leurs droits et revendications et exprimant leur opposition à la réforme de leur cursus de formation, lors d’un sit-in pacifique nocturne organisé mercredi 25 septembre à Rabat, les futures blouses blanches ont été contraintes d’arrêter leur manifestation suite à l’intervention des forces de l’ordre. Résultat : plusieurs blessés et plus de 20 arrestations parmi les étudiants grévistes. «Nous dénonçons l’approche répressive adoptée par le gouvernement, qui a atteint son paroxysme en portant atteinte à la dignité des étudiants médecins et de leurs parents. Nous mettons en garde contre ces comportements qui exacerbent la situation et n'apportent aucune solution, et nous demandons la libération immédiate de tous les détenus parmi les étudiants et leurs proches, afin d’éviter une escalade supplémentaire des tensions», a souligné la Commission dans un communiqué. Par ailleurs, la même source a appelé les nouveaux étudiants à participer aux manifestations et à boycotter les cours. Et de préciser que des assemblées générales avec les étudiants en 7ème année ont eu lieu, en vue de discuter du boycott de la séance des nominations.

Vers une deuxième année de blocus ?

Face à ces dernières péripéties, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation a indiqué, au lendemain des événements de Rabat, que les Facultés de médecine et de pharmacie prendront les mesures nécessaires pour un retour à la normale de leur fonctionnement. Dans un communiqué, le département de Miraoui a souligné que ces facultés prendront les mesures nécessaires pour permettre aux étudiants qui ont passé les examens du premier semestre de la session du 5 septembre 2024 de continuer à passer les examens lors d’une session extraordinaire spéciale. Les étudiants ayant boycotté les cours auront, quant à eux, le droit de passer tous les examens de l’année universitaire 2023-2024 au titre d'une session extraordinaire unique pour chaque semestre, et ce avant la fin du mois de novembre 2024.

«De même, la note zéro sera annulée pour les étudiants n'ayant pas passé les examens et sera remplacée par les notes obtenues lors des sessions extraordinaires. Les délibérations des résultats des examens en vue de l'inscription dans les années suivantes se feront sur la base des notes obtenues lors des sessions normales et extraordinaires, sans prendre en compte la condition de l'achèvement des stages», a précisé le ministère. Et de poursuivre que les stages seront programmés ultérieurement, en respectant l'intégralité de leur durée et les conditions de leur validation. «Des procédures seront lancées dans l'immédiat pour revoir les sanctions décidées à l'encontre des étudiants inscrits dans les filières de pharmacie, en lien avec les événements ayant accompagné le boycott des cours dans les facultés de médecine et de pharmacie», a ajouté la même source.

Tant revendiquée par les médecins de demain, la révision de la réforme des études médicales consistant à réduire la durée de formation de 7 à 6 ans, n’a pas été évoquée dans le communiqué du ministère. A cela s’ajoute également l'annulation des sanctions à l’égard de certains étudiants grévistes, ou encore la programmation de deux sessions d'examens, vivement réclamées par les futurs médecins. En l’absence d’un compromis entre les étudiants et le ministre Abdellatif Miraoui, les facultés de médecine du Royaume risquent d’observer une deuxième année de blocus. La tutelle parviendra-telle à régler cette affaire inextricable ? A suivre. 

 

 

 

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