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Déficit de médecins au Maroc : Le traitement choc proposé par Akhannouch

Déficit de médecins au Maroc : Le traitement choc proposé par Akhannouch

Le Maroc présente un déficit de 32.000 médecins. C’est le constat accablant du rapport «Effectivité du droit à la santé : Défis, enjeux et voies de renforcement», publié au mois d’avril dernier par le CNDH (Conseil national des droits de l'Homme). Un déficit qui s’est davantage fait ressentir avec la crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19. 

Suite à la non-concrétisation de l’objectif de formation de 3.300 médecins par an à l’horizon 2020, fixé par l’ancien exécutif, c’est au tour du gouvernement Akhannouch de mettre le paquet pour tenter de remédier à un problème qui sévit depuis plusieurs années déjà. 

En réponse à une question lors de la séance plénière mensuelle consacrée à la politique publique du gouvernement à la Chambre des représentants, tenue lundi 13 juin 2022, sur «le chantier de mise à niveau du système national de santé», le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a annoncé l’élaboration d’un «plan ambitieux visant à accroître le nombre des étudiants en métiers de médecine».

Dans le détail, ce plan, qui sera activé à partir de l’année universitaire 2022-2023, ambitionne d’augmenter de 20% le nombre d’étudiants inscrits dans les facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire publiques et privées, et de multiplier ce chiffre par deux vers la fin de cette législature. De surcroît, ce plan prévoit l’extension des cadres des stages pratiques afin qu’ils englobent les structures sanitaires régionales. 

Selon Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, l’accroissement du nombre de sièges pédagogiques destinés aux étudiants des facultés de médecine est une clé parmi d’autres, qui doit nécessairement être associée à d’autres solutions. 

«Il s’agit certainement d’une porte d’entrée pour pallier le manque de la ressource humaine en santé. En revanche, si l’on se contente d’augmenter le nombre d’étudiants, le problème ne pourra pas être résolu, puisque 30 à 40% des lauréats des facultés de médecine choisissent de quitter le Royaume pour aller exercer leur profession à l’étranger. 

Malheureusement, si l’on n’arrive pas à réduire ou freiner l’exode des médecins, les départs vont continuer d’augmenter. Certes, il faut former plus de médecins mais il faut surtout savoir les retenir, et pour cela, il faut rendre la pratique de la médecine au Maroc plus attractive que ce soit dans le public ou dans le privé», insiste-t-il.

Par ailleurs, le vice-président de la Fédération nationale de la santé explique que le secteur souffre d’un manque d’encadrement des étudiants en médecine qui risque de s’accentuer si des mesures appropriées ne sont pas prises et adoptées. 

«Le nombre d’enseignants par étudiants a baissé depuis de nombreuses années et le nombre de lits hospitaliers par étudiant a également chuté. Or, la formation d’un médecin ne se déroule pas dans un amphithéâtre mais plutôt dans les hôpitaux et centres de santé, au chevet du patient et auprès d’un médecin-enseignant. Si l’on forme 20% de plus d’étudiants en métiers de médecine sans mettre en place d’autres mesures complémentaires à cette décision, on va creuser davantage ce déficit d’encadrement et on risque même de paupériser la formation des futurs médecins», précise-t-il.

En effet, la norme de l’indicateur «densité de personnels médicaux» fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 23 pour 10.000 habitants. A en croire l’annonce faite par le Chef du gouvernement, ce plan permettra au Royaume de dépasser ce chiffre à l’horizon 2025-2026, et d’atteindre les objectifs chiffrés du nouveau modèle de développement à l’horizon 2035, soit 45 cadres médicaux et paramédicaux pour 10.000 habitants.

Pour atteindre les objectifs précités, Tayeb Hamdi souligne qu’en plus de former un plus grand nombre de médecins, il est important de construire plus de CHU, de revoir la formation médicale en nombre d’années, d’adapter le cursus des études médicales pour mieux répondre aux besoins, de faire fonctionner les professionnels de santé à plein régime, d’intégrer les médecins-enseignants qui exercent dans le privé et d’accréditer des cliniques qui répondent à certaines normes pour héberger les étudiants en médecine.

 

Meryem Ait Ouaanna

 

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