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Digitalisation du secteur de la santé : L’heure du changement a sonné

Digitalisation du secteur de la santé : L’heure du changement a sonné

Un peu partout à travers le monde, le secteur de la santé emprunte la voie de la digitalisation afin de s’adapter à un environnement sanitaire de plus en plus exigeant. Aucun doute, cette transformation a largement été précipitée par la pandémie de Covid-19. 

Au Maroc et ailleurs, la crise sanitaire a chamboulé les systèmes de santé. Outre sa propagation rapide, le coronavirus a confirmé l’importance de la digitalisation du secteur de la santé, aussi bien au niveau des interactions avec les patients que de la gestion des services, des différentes infrastructures et du personnel médical. 

Conscient des enjeux de la transformation numérique et des avantages considérables qu’elle pourra apporter à l’économie nationale, le Royaume s’est doté depuis 2017 de l’Agence du développement digital (ADD). Sa mission est de mettre en œuvre la stratégie de l’Etat en matière de développement du digital et de promouvoir la diffusion des outils numériques et le développement de leur usage auprès des citoyens.

De toute évidence, la digitalisation vise l’ensemble des secteurs, y compris celui de la santé. A ce niveau, cette transformation concernera plusieurs volets, dont la digitalisation du parcours patient afin d’en améliorer l’expérience et de l’accompagner pour bénéficier des services de santé de qualité, ainsi que l’instauration d’un dossier médical électronique ayant pour objectif de renforcer la sécurité des patients et l’efficience des services médicaux.

Selon Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, le Maroc dispose des atouts nécessaires pour réussir la digitalisation du secteur de la santé. «Pour le Maroc, il ne s’agit plus d’un choix mais plutôt d’une nécessité. Faut-il le préciser, la généralisation de la couverture médicale est une révolution, et pour réussir ce grand chantier, nous devons absolument digitaliser notre système de santé. Certes, cela va nécessiter un financement conséquent mais le retour sur investissement sera beaucoup plus important», souligne-t-il.

Et de poursuivre :  «Qui dit digitalisation, dit stockage et partage des données personnelles. Il est donc primordial d’harmoniser l’infrastructure informatique avec les lois en vigueur en matière de protection des données personnelles, de mettre en place une infrastructure logistique et informatique, et de doter les centres de soins et de santé de terminaux et de connectivité».

En avril dernier, le secrétaire général du ministère de la Santé et de la Protection sociale, Abdelkrim Meziane Belfkih, avait précisé lors d’une présentation à la Chambre des représentants, devant les membres du Groupe de travail thématique chargé de l’évaluation du Plan national de la réforme de l’administration 2018-2021, que le plan de la digitalisation du secteur de la santé devrait redessiner la relation entre le ministère de tutelle et les citoyens.

Dans ce sillage, Belfkih a mis la lumière sur les principales réalisations du ministère en vue d’accélérer la digitalisation du secteur de la santé. Il s’agit notamment du développement en 2018 d’un logiciel dédié à la prise en charge des femmes et des enfants victimes de violences dans les hôpitaux, la mise en place d’un projet consistant à élaborer un logiciel dédié à la gestion des rendez-vous de vaccination des enfants en émettant une notification de rappel aux enfants.

Parmi les réalisations figure également le lancement du portail électronique «mawidi.ma» visant à faciliter le processus de prise de rendez-vous dans les différents hôpitaux publics, ou encore le portail «liqahcorona.ma» permettant de prendre et de visualiser la date du rendez-vous de vaccination ainsi que de télécharger le passeport vaccinal. 

Élément structurant pour le secteur, le digital «va participer à l’amélioration de la qualité des soins pour le patient», estime Tayeb Hamdi. Et d’expliquer : «La transformation numérique permettra de rassembler les données du patient grâce à un dossier médical électronique, qui favorise une coordination plus étroite, régulière et instantanée entre les professionnels de la santé pour mieux suivre l’état de santé des patients dans le but d’éviter la perte de temps et d’argent. En plus d’instaurer un parcours de soins coordonnés, cette transition permettra également de mieux gérer les lits d’hôpitaux, les équipements ainsi que le personnel, et d’assurer une meilleure transparence», précise-t-il. 

Le Royaume avance doucement vers la digitalisation du secteur de la santé mais il reste encore à surmonter plusieurs obstacles. «En plus de la non-harmonisation des systèmes de santé, les mentalités constituent un véritable frein à la transformation numérique. La digitalisation est synonyme de transparence, et la clarté fait peur à bon nombre de citoyens, non pas à cause de mentalités classiques attachées au papier mais plutôt aux pratiques encouragées par l’absence de transparence», conclut le vice-président de la Fédération nationale de la santé.

 

Par Meryem Ait Ouaanna

 

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