Créée officiellement en 2016, l’association Jood œuvre en faveur des sans-abris et lutte aussi contre la mendicité des enfants.
Rencontre avec Hind Laidi, femme entrepreneure et présidente-fondatrice de «Jood ONG».
Propos recueillis par Ibtissam. Z.
Finances News Hebdo : Une campagne grandeur nature a été lancée par l’association Jood, en mars, contre la mendicité des enfants. Pourquoi le phénomène de la mendicité infantile vous interpelle-t-il autant ?
Hind Laidi : Cette exploitation inhumaine d’enfants innocents représente une réelle violation des droits de l’enfant. Comme ce phénomène a pris de l’ampleur, notre campagne vient pour initier le citoyen marocain à cesser d’y contribuer en donnant de l’aumône à un enfant ou à un adulte le portant, pour pouvoir faire face à l’évolution de ce fléau.
F.N.H. : Pour sensibiliser les citoyens à ce phénomène sociétal flagrant, vous avez lancé une pétition nationale. Quel en est l’objectif final ?
H. L. : C’est à travers la signature de la pétition, qui propose que la loi en vigueur au Maroc soit plus contraignante, que nous invitions tout citoyen marocain à agir pour des peines plus lourdes à l’encontre de toutes les personnes qui exercent la mendicité en exploitant directement un enfant. Le législateur doit se soucier davantage de la situation particulière des mineurs, en pénalisant lourdement la provocation et/ ou l'exploitation des enfants pour la mendicité. Ces enfants doivent être plus efficacement protégés pour avoir plus de chance d'adhérer à un système d'éducation ou de formation qui peut leur garantir un avenir digne d'un citoyen qui participe activement dans la société.
F.N.H. : Votre campagne contre la mendicité des enfants s’est achevée le 10 avril. Vous convenez qu’il faut un électrochoc pour secouer les citoyens et les sensibiliser. Quel bilan en faites-vous ?
H. L. : Notre campagne a été soutenue par une stratégie de communication conçue en suivant des étapes bien ficelées, de manière à répandre notre message et à toucher le plus grand nombre de personnes. La finalité est de susciter l’intérêt des citoyens marocains et de les sensibiliser à ce phénomène récurrent. Notre campagne a pris de l’importance et a pu gagner, vers la fin, le soutien des gens. 84% du public ont été touchés par cette action solidaire, après avoir été jugée au tout début comme étant une campagne choquante
F.N.H. : L'association Jood vient en aide aux sans-abris. Quelle a été votre plus grande satisfaction en accompagnant les SDF ?
H. L. : Jood offre d’abord des repas chauds, des vêtements, des couvertures, voire des médicaments aux nécessiteux qui vivent dans la rue. Mais, surtout, Jood accorde de l’attention, de l’écoute et se mobilise pour accompagner ces sans-abris dans leur prise de conscience d’une possibilité de réinsertion sociale. Et la plus grande réussite de l’association réside certainement dans sa capacité à avoir réinséré socialement et professionnellement 401 SDF.
F.N.H. : Nous sommes en plein mois de Ramadan où l’élan de solidarité atteint son comble. Vous avez arrêté un programme bien fourni durant ce mois. Parlez-nous en ?
H. L. : Jood travaille dur toute l’année et se permet d’habitude de se reposer pendant le mois de Ramadan, vu que plusieurs acteurs se mobilisent pour être au chevet des nécessiteux. Cette année, comme l’an dernier et à l’instar des circonstances liées à l’état d’urgence sanitaire, Jood se retrouve dans le devoir d’assurer la continuité de ses actions et augmenter la cadence pour préparer plus de 1.050 repas d’une manière quotidienne à travers quatre de nos antennes : Casablanca, Marrakech, Rabat et Tanger.
F.N.H. : Le bien est le fer de lance de toute action solidaire et sociale. Est-il vrai que ce ressenti a une saveur bien particulière après chaque accomplissement ou bonne action concluante ? Comment peuton inculquer cette notion du partage surtout en ces temps de pandémie ?
H. L. : Etre solidaire peut se définir comme le «sentiment d’un devoir moral envers les autres membres de notre société». Pourtant, au-delà de l’aspect du «devoir», faire preuve de solidarité est avant tout porteur de bonheur pour soi-même. Sachant que l’entraide, l’empathie et surtout la solidarité sont d’office des pratiques inculquées dans notre société marocaine, qui se sont accentuées en ces temps de crise sanitaire.