Porter des jugements n’est pas l’esprit de cette analyse, mais reconnaître les réalisations dans certains secteurs frappés de plein fouet par la crise est le sens voulu.
C’est le cas en effet du ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui a dû traverser la pire crise de l’éducation et de l’enseignement depuis l’indépendance.
Entre confinement, cours en présentiel, cours en distanciel, et les stratégies mises en place pour éviter le décrochage des écoliers et des étudiants, n’a pas été une mince affaire et les départements de ce ministère ont dû confondre jour et nuit sans pour autant satisfaire pleinement les couches sociales.
D’aucuns n’ignorent pas que le secteur a fait l’objet d’une attention particulière de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Car ce système éducatif pâtit de plusieurs maux et autres dysfonctionnements qui ont paralysé la bonne marche de certaines idées réformatrices qui, au lieu de donner un résultat inscrit dans l’efficience, se sont révélées souvent contre-productives avec des ratés, avec des couacs, avec des hésitations, avec de mauvaises décisions aussi.
Cependant, il faut rendre à César ce qui lui appartient. Pour Saaïd Amzazi , ministre de tutelle sortant, le bilan a été conforme aux orientations royales malgré les perturbations dues à la Covid19.
Dans son bilan publié d’ailleurs, en septembre 2021, Saaïd Amzazi précise qu’avant la promulgation de la loi-cadre 51.17, «le discours du Trône de 2018 a constitué une étape charnière dans le processus de réforme de notre système éducatif, au cours duquel Sa Majesté, que Dieu L’assiste, a appelé le gouvernement à donner une forte impulsion aux programmes d’accompagnement à la scolarisation et la lutte contre la déperdition scolaire dès l’entrée à l’école, y compris le programme “Tayssir”, le soutien financier à la scolarisation, le transport scolaire, les internats. Le but a été de réduire les coûts supportés par les familles, et de les accompagner afin que leurs enfants poursuivent leurs études et leur formation.»
A ce niveau, les initiatives sont très louables. Elles sont à même de résoudre de nombreux problèmes systémiques liés au secteur qui ralentissent de façon significative les avancées escomptées par le Souverain et par tous les parents marocains, très soucieux de l’avenir de leurs enfants. Surtout que le Maroc relève de grands défis pour l’avenir, des challenges qui nécessitent tous une grande formation et un grand accès au savoir et aux connaissances. «Nous avons préparé un programme de travail dans le domaine de l’accompagnement de la scolarisation et la mise en œuvre de la réforme du système d’éducation et de formation, que j’ai eu l’honneur de présenter à Sa Majesté, le 17 septembre 2018, lors de la cérémonie de lancement officiel de la rentrée scolaire 2018-2019 au Palais Royal de Rabat. Au cours de cette cérémonie, le Souverain avait remis des décorations Royales à 18 professeurs et éducateurs qui ont été choisis parmi les meilleurs dans les différentes régions du Royaume, ce qui incarne concrètement le patronage que Sa Majesté accorde aux femmes et aux hommes d’enseignement.» a indiqué Amzazi.
Une consécration qui devait servir d’émulation pour tous les corps professoraux, dans toutes les régions du pays, pour inscrire l’excellence comme unique credo dans leur approche de l’enseignement et de l’éducation dans un pays qui compte encore un énorme pourcentage d’analphabètes. Ce qui est une entrave de taille aux grandes mutations que traverse le Royaume depuis au moins les deux dernières décennies, avec des directives royales très claires. Ce qui explique que le 12 septembre 2019, le Souverain avait présidé au Centre de formation aux métiers de l’hôtellerie et du tourisme de Témara le lancement officiel de l’année scolaire 2019-2020, ainsi qu'une cérémonie de présentation du bilan et de l’évolution de la réforme du système d’éducation et de formation.
Dans ce sens, Saaïd Amzazi a expliqué que «Conformément aux Directives Royales, et immédiatement après la promulgation de la loi-cadre 51.17 relative au système d’enseignement, de formation et de recherche scientifique, nous avons poursuivi nos travaux dans le cadre de la mise en œuvre des exigences de cette loi en lançant plusieurs ateliers de réforme qui constituent une base solide pour établir une école d’équité et de qualité, revaloriser l’individu et la société, réhabiliter le capital humain et réaliser la renaissance éducative souhaitée autour de trois axes : équité, égalité des chances, amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation, et gouvernance du système d’éducation et de formation, à travers un portefeuille de 19 projets stratégiques». Ces 19 points importants sont le catalyseur de la thèse éducative tant attendue devant marquer une rupture avec tous les échecs du passé et avec toutes les mauvaises idées qui ont impacté négativement la bonne marche d’un secteur vital pour le Maroc et pour les Marocains. Dans ce cadre, il faut savoir que de nombreuses mesures ont pris leur cours dans l’attente des résultats qu’ils vont générer au fur et à mesure de leur application sur le terrain des réalités et avec le temps nécessaire, pour qu’elles apportent leurs fruits. Parmi les plus importantes réalisations à mettre en avant aujourd’hui, nous constatons que dans le cadre du déploiement du programme national de généralisation et de développement de l’enseignement primaire, le taux de scolarisation dans l’enseignement préscolaire a atteint 72,5%, au cours de l’année scolaire 2020-2021, dépassant ainsi l’objectif cible. Ce résultat a été possible grâce à l’implication de toutes les composantes du ministère et l’appui des partenaires, notamment l’INDH. Sans oublier les équipements pédagogiques mis en place, tels que la préparation et l’activation du programme pédagogique et les équipements de formation, ainsi que la programmation de formations régulières au profit des éducateurs.
Au niveau du soutien social, la base des bénéficiaires du programme «Tayssir» a touché 2.467.123 bénéficiaires pour l’année 2020-2021, soit une augmentation de 25%. Dans ce sens, il faut aussi parler du nombre de bénéficiaires de l’Initiative Royale «Un million de cartables» qui a atteint cette année 4.478.018 écoliers et écolières. Le nombre de jeunes ayant pu rejoindre des internats s’est chiffré à environ 178.380 bénéficiaires, soit une augmentation de 28%, notant que le nombre de pensionnats construits a augmenté de 49% entre 2016 et 2021. Quant aux cantines scolaires, ce sont près de 1.258.895 élèves qui ont pu en bénéficier, soit une croissance de 16%, et pour le transport scolaire, ce sont environ 357.554 qui ont pu en bénéficier, soit une augmentation de 14%.
Ainsi, le rythme de création de nouveaux établissements s’est accéléré de manière significative ces dernières années. Il s’agit en effet de la mise en place d’un total de 639 nouveaux établissements, dont plus de 60% situés dans des zones rurales, ainsi que la création d’environ 180 nouveaux établissements par an au lieu de 70 les années précédentes, ce qui a contribué à réduire le nombre de départements surchargés. A cet effet, la part des classes ne comptant pas plus de 36 élèves est passée à environ 85% dans l’enseignement primaire, 22,5 à 55,5% au collège, et 49,6% à environ 71,8% dans le secondaire qualifiant. Ces efforts ont été renforcés par l’élargissement du réseau d’écoles communautaires à un nombre total de 187, avec une augmentation de 72 écoles communautaires, ainsi que par l’amélioration de l’attractivité des établissements d’enseignement et la prise en charge de leurs espaces, en réhabilitant un total de 8.184 établissements d’enseignement et le remplacement des bâtiments en préfabriqué par 10.385 salles de classe.
Pour Saaïd Amzazi, «Tous ces programmes ont eu un impact positif et ont contribué à relever les indicateurs de scolarisation au niveau national, notamment en milieu rural. Ils ont également contribué à encourager la scolarisation des filles, cette dernière étant généralisée à 100% au primaire, soit une augmentation de 1,2 point».
Bachelor, le chantier qui doit sauver l’université marocaine
Un autre point à l’actif du ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. L’un des grands chantiers de cette nouvelle vision de la stratégie éducative nationale demeure celui du Bachelor. Un chantier colossal dont on attend beaucoup au vu des maux que traverse l’université marocaine entre abandon et manque de résultats. Dans ce sens, Saaïd Amzazi explique que : «Le lancement du chantier national du Bachelor reste l’un des événements marquants qui entre en vigueur dès la prochaine rentrée universitaire à titre expérimental, pour être généralisé en 2022-2023 sur la base de l’adéquation des formations disponibles avec les exigences du marché du travail, l’élévation des connaissances techniques et des soft skills chez les étudiants et la facilitation de leur accès et intégration au marché du travail. Cette mesure intervient en exécution des Directives Royales, notamment le discours prononcé à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple de 2018, qui a tracé une feuille de route comprenant un ensemble de mesures et intervenant conformément aux exigences de la loi-cadre 51.17 relative au système d’enseignement, de formation et de recherche scientifique. Ce système a été élaboré selon une approche participative avec la contribution de tous les acteurs des universités publiques nationales, prenant compte des synthèses des études et rapports des institutions officielles, notamment le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique et la Cour des comptes, ainsi que les rapports des questions orales et écrites des groupes parlementaires. Il est également basé sur les conclusions des réunions des présidents des universités, des colloques et d’autres acteurs dans différents domaines.» On le voit bien, c’est là le fruit d’une concertation de plusieurs départements, chacun apportant son expertise pour donner corps à un projet fiable et qui tient la route. Dans cette optique, Saaïd Amzazi ajoute : «Ce système de Bachelor permettra de lutter contre l’abandon universitaire, d’adapter les formations aux exigences du marché du travail, d’augmenter les connaissances techniques et les soft skills des étudiants, et de faciliter leur intégration dans le marché du travail. L’autre avantage est de permettre aux étudiants d’obtenir un certificat reprenant la somme des compétences et aptitudes certifiées, notamment en matière de maîtrise des langues étrangères, de savoir-être et de compétences personnelles, et numériques, et de développer leurs capacités d’auto-apprentissage grâce à l’adoption d’un enseignement hybride (enseignement présentiel et à distance). Ainsi que l’adoption du système des crédits pour leur permettre d’équilibrer les unités acquises et de les utiliser dans leur réorientation. Il permettra également aux diplômés d’avoir plus de chances d’insertion professionnelle en les qualifiant en langues étrangères (6 unités), en développement personnel et en autonomie ainsi que leur culture générale, en plus de leurs connaissances scientifiques, formation cognitive et technique, et l’adoption du supplément au baccalauréat, qui est un document important pour faciliter la lisibilité du certificat obtenu. Afin de réussir le déploiement de ce système, le ministère et les universités ont travaillé à la mobilisation nécessaire en lançant les demandes d’accréditation des cours de premier cycle au cycle d’évaluation 2021, et en préparant une plateforme électronique pour recevoir et suivre les frais.»
Par Abdelhak Najib, écrivain Journaliste