La situation est grave. La pluie tarde à venir, plongeant tout le Maroc dans le doute et l’attente d’une averse synonyme de sauvetage de toute la saison agricole.
Déjà, pour la saison agricole 2020, la pluviométrie n’était pas clémente pour le pays. Le cumul pluviométrique était de 124,5 mm contre 199,5 mm pour la campagne agricole 2019, soit une baisse de 37,6%. Cela confirme les données du ministère de l’Économie et des Finances, qui juge la situation pluviométrique faible à moyenne (dans les meilleurs des cas) dans les différentes régions du Royaume. Ce qui a fortement impacté le taux de remplissage des barrages à usage agricole qui s’était établi, il y a un an, à 47,6% contre 60,2% en 2019.
Cette dépendance aux précipitations devient du coup une menace sur toute la croissance nationale, qui compte en grande partie sur les récoltes. Avec une saison 2021-2022 presque sans pluie, les radars sont en alerte et les chiffres virent au rouge, puisque nous sommes au mois de février, avec des températures saisonnières anormales et une chaleur inhabituelle pour la saison qui s’est installée dans la durée, menaçant les récoltes, à tous les niveaux.
Nous en sommes aujourd’hui à prier dans toutes les mosquées du Royaume pour que la pluie vienne nous sauver, le tout dans un climat social et sanitaire extrêmement délicat, avec une pandémie qui s’installe et des journées noires en termes de décès à cause du Covid-19. Tout cela crée une atmosphère de plus en plus anxiogène.
Cette situation liée à la pluviométrie nous autorise à nous poser les bonnes questions sur l’impact réel des changements climatiques sur le Maroc, dont un large territoire au Sud et à l’Est est victime de la désertification et de la poussée irréversible des sables, qui façonnent toute la géographie de grandes zones du territoire marocain. Une situation préoccupante pour les autorités marocaines qui ont pris pleine conscience de cette situation et tentent d’apporter des solutions adéquates.
Cette prise de conscience est de plus en plus accrue, puisque de nombreuses années de sécheresse ont frappé le pays dans les années 80 et 90, et ont fortement handicapé l’économie nationale, très dépendante de l’agriculture.
Par ailleurs, cette sécheresse est couplée à un autre danger : celui de la désertification et de la déforestation, qui sont de plus en plus accentuées, ainsi qu'à la déplétion de la couche d'ozone et à la pollution des nappes phréatiques. Dans ce sens, ces périodes de sécheresse, qui deviennent de plus en plus récurrentes, constituent aujourd’hui une terrible menace qui freine, chaque année davantage, le développement du pays.
Dans cette optique, même ce grand avantage que tire le Maroc de son littoral de 3.500 km, qui abrite plus de 80% de ses infrastructures industrielles et énergétiques, risque de devenir un grave handicap. Un danger lié aux risques de raréfaction des ressources en eau, qui est la conséquence directe et inévitable des changements climatiques.
C’est dire que le Maroc est réellement menacé par les grands bouleversements climatiques qui touchent la planète dans son ensemble, mais où des régions comme l’Afrique, le Maghreb et le Sahel sont en ligne de mire. Une situation qui a poussé le Maroc à miser sur les énergies renouvelables, qui constituent aujourd’hui le grand cheval de bataille du Royaume face aux nombreux changements climatiques.
Par Abdelhak Najib, Écrivain et journaliste