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Face à la drogue. Amine: Une histoire de courage

Face à la drogue. Amine: Une histoire de courage
«Je pensais et j’étais convaincu que j’étais plus fort que la drogue. Je disais à tous mes amis, vous allez voir, quand je voudrais arrêter, j’arrêterai d’un coup. Aucune drogue ne peut me vaincre». Amine s’est trompé sur toute la ligne. Il a surestimé de la force de son mental et de sa capacité à faire face aux addictions. 
 
Après juste un mois de crack, il n’avait plus aucune volonté ni aucune forme de résistance face à cette substance à la fois terrible et dangereuse, voire mortelle. Pas un jour ne passe sans que Amine consomme sa dose qui augmente avec le temps. Le corps s’habitue et demande plus de drogue, toujours davantage. Et voici que le piège se referme sur lui qui sombre. Il plonge pieds et mains liés dans le crack. Et ses jours se craquent de partout, tout comme son corps qui montre de profondes failles et des balafres qu’il s’est infligées lui-même dans des moments « d’absence ». Et de préciser : «Je ne sais plus où je suis ni qui je suis ni ce que je fais. J’oublie tout et je sens une grande frustration à cause de ces absences. L’autre jour, j’ai poussé violemment mon père. Mais je ne m’en souviens pas ». Son père répète que son fils était comme possédé, dans un état dangereux : «J’ai eu peur pour lui et de lui. C’est affreux d’avoir peur de son propre enfant », confesse cet homme de 52 ans, qui se demande où il a raté le virage pour que son fils tombe aussi bas et devienne un «monstre». 
 
Amine, lui, ne pense qu’à ses doses. La famille, le père qui ne sait plus à quel saint se vouer, l’école, l’avenir… Tout ceci le laisse de marbre ou alors il s’enflamme. Il pète littéralement un fusible et se met à hurler et à taper du poing contre le mur.  
 
C’est cela le quotidien d’un gamin qui vacille entre des états à second et une rage incontrôlée. Quand il est en colère, il est capable du pire. C’est lui qui le dit : «Je ne sais pas de quoi je suis capable, mais si j’ai fait du mal à mon père, je peux en faire à tout le monde », dit-il, effrayé de ses propres mots. Pourtant, Amine était un gentil garçon. Il passait son temps à s’amuser avec ses copains, il jouait au foot, il avait de bonnes notes à l’école et devait partir au Canada, après son bac. Mais tout a basculé le jour où il est tombé amoureux d’une fille. Tout a changé d’un jour à l’autre. Amine avait changé d’habitude et ne voulait plus aller en classe. Il passait tout son temps dans la médina avec sa copine. D’un café à l’autre, d’une terrasse à l’autre, d’une main à l’autre, le crack fait son entrée en scène et achève les rêves de ce gamin qui n’a pas vu le coup venir. Un test, un premier shoot, et il est cuit. Suivent quatre années de perdition et d’horreur. Amine a même failli finir en prison pour vol. Les ennuis s’accumulent et les parents sont désarmés.  
 
Il a fallu un autre souci avec la police pour qu'Amine atterrisse dans un hôpital psychiatrique. Un inspecteur de police a eu pitié de ce garçon et a décidé d’agir. On lui trouve une place, on le soigne, on se met à son chevet, on l’écoute, on lui parle, on l’encourage, on lui met un cadre et il s’applique. Mais il faut du temps, beaucoup de temps pour se débarrasser de ces substances nocives et dangereuses. Toute une année de suivi et de soins. Toute une année de combat et de courage pour un enfant qui a failli franchir le point de non retour. Une année pour retrouver le sourire, pour demander pardon à ses parents avant de retrouver sa chambre, chez lui, en famille, avec la ferme volonté de rattraper le temps perdu.
 
 
 
Par Abdelhak Najib
 
 

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