Considérant la lutte contre la tuberculose comme une priorité, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a, depuis des années, veillé à lui consacrer une enveloppe budgétaire importante. Cette maladie qui sévit dans plusieurs pays du monde, arrache environ 4.000 vies chaque jour.
Sous le thème «Vers une mobilisation nationale pour sauver des vies et mettre fin à la tuberculose au Maroc», le ministère de la Santé et de la Protection sociale célèbre vendredi 25 mars la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Celle-ci sera marquée par le coup d’envoi de la sixième campagne nationale de dépistage de la tuberculose visant à renforcer le diagnostic précoce de la tuberculose et à assurer l’accès au traitement aux groupes de populations à haut risque.
A l’échelle mondiale, cette maladie touche près de 30.000 personnes chaque jour. De plus, cette situation a été fortement accentuée par la pandémie de la Covid-19.
Au Maroc, un total de 29.327 cas a été notifié et mis sous traitement en 2021, dans le cadre du Programme national de lutte antituberculeuse (PNLAT) et force est de constater que la jeune population, âgée entre 15 et 45 ans, reste la plus exposée.
Pour Jamaleddine Bouzidi, pneumologue et président de la Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose, «la tuberculose est un problème de santé publique à l’échelle universelle. La majorité des personnes qui contractent la tuberculose vivent dans des conditions défavorables. Celle-ci est considérée comme la maladie de la précarité et de la pauvreté, raison pour laquelle elle représente un critère important dans le classement des pays selon l’indice de développement humain. Toutefois, c’est une maladie qui est rare dans le milieu rural parce que les conditions de vie y sont avantageuses et il n’y a pas de promiscuité».
Pour lutter contre la tuberculose, Dr Bouzidi insiste sur la nécessité de réfléchir à une approche qui soit multidisciplinaire. «Plusieurs départements doivent coordonner et lutter contre ce fléau social en améliorant les conditions de vie et d’habitat de la population, entre autres».
Il considère que le Maroc a dans le temps fourni beaucoup d’efforts dans ce domaine. «C’était un pays pilote dans la lutte contre la tuberculose. Au lendemain de l’indépendance, grâce aux décisions courageuses, humaines et sages de Feu le Roi Mohammed V, pour lutter contre cette maladie, il y eut la création des hôpitaux provinciaux dans toutes les villes du Royaume pour traiter les cas de tuberculose. Mais malheureusement, tous ces hôpitaux ont été fermés des années plus tard», souligne-t-il.
Et de poursuivre : «Il y a eu également un dahir de Feu Mohammed V portant sur l’exonération des malades atteints de tuberculose de toutes les dépenses en rapport avec le traitement. D’ailleurs, même actuellement, le traitement est donné gratuitement mais sous conditions. On exige à ce qu’il y ait une preuve bactériologique et biologique attestant de l’existence de la maladie».
Auparavant, les choses se faisaient différemment. «On donnait le traitement lorsque le patient présentait des signes de présomption et on faisait ce qu’on appelle un diagnostic thérapeutique, c’est-à-dire qu’on lui donne son traitement et on assure par la suite un suivi. Et souvent, c’est une évolution favorable, car cela permet d’une part, de sauver la vie des gens, d’éviter les complications et, surtout, de gagner du temps», explique-t-il.
Le diagnostic de la tuberculose varie selon la spécialité du médecin car c’est une maladie qui peut toucher tous les organes sans nulle exception. «On parle principalement de 57% d’atteinte pulmonaire parce que le «bacille de Koch», bactérie responsable de la tuberculose, affecte surtout les régions les plus hautes des poumons, là où il y a le plus d’oxygène. Celle-ci peut également affecter les autres organes notamment les méninges, le péricarde, l’appareil génital, le système digestif, les articulations, etc.», fait savoir le spécialiste.
Parmi les symptômes, «il existe ce qu’on appelle les signes d’imprégnation tuberculeuse, autrement dit les 3 A : asthénie, amaigrissement, anorexie. La fièvre, les frissons, la pâleur, sont aussi des symptômes récurrents. On demande souvent aux patients de faire une radiographie pulmonaire, en cas de présence des lésions, on pousse les investigations encore plus loin, mais tout dépend de la localisation de la tuberculose».
Pour rappel, le ministère a élaboré le Plan stratégique national de prévention et de contrôle de la tuberculose 2021-2023 qui a pour but de «Réduire le nombre de décès liés à la tuberculose de 60% en 2023 par rapport à l’année 2015». Les objectifs spécifiques visent le renforcement de la prévention et de la détection de la maladie, l’amélioration des taux de succès thérapeutique et de consolidation de la gouvernance et de l’approche multisectorielle avec les départements ministériels concernés, des collectivités territoriales, le secteur privé et les organisations de la société civile.
Par Malak Boukhari