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Mariage des mineures : 13.335 autorisations accordées en 2020

Mariage des mineures : 13.335 autorisations accordées en 2020

Dans le cadre de son projet «Combattre le mariage des mineures au Maroc» lancé en 2014 et financé par le centre danois de recherche sur les femmes et le genre (KVINFO), l’association Droits et justice a organisé vendredi 25 mars à Rabat, en collaboration avec l’association Les citoyens, une conférence nationale autour de la problématique du mariage d’enfants. Le but étant de renforcer leur plaidoyer tout en impliquant l’ensemble des parties prenantes dans le traitement de ce phénomène. 

Cette manifestation a été l’occasion pour exposer toutes les approches et démarches adoptées par différents acteurs pour lutter contre le mariage d’enfants au Maroc, notamment le Conseil économique, social et environnemental, le ministère de la Justice, le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la Famille, le ministère public ainsi que la société civile. 
 

Dans une déclaration faite à cette occasion, la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Awatif Hayar, a affirmé que la première source du problème du mariage d’enfants au Maroc est la déperdition scolaire. «C’est un phénomène auquel il faut trouver des solutions concrètes, particulièrement dans le milieu rural. Au niveau du ministère, nous travaillons sur une approche globale où il sera question d’assurer un accompagnement favorisant l’insertion sociale et l’inclusion économique des familles, ce qui constitue une démarche essentielle pour lutter contre le mariage des filles mineures». 
 

Et de poursuivre : «Un travail de sensibilisation s’avère également nécessaire pour éveiller les consciences et alerter sur le fait que ce genre de pratiques est loin d’être la solution aux problèmes auxquels sont confrontées ces familles et ne fera que compliquer davantage la situation de ces dernières ». 
 
Pour Jesper Kammersgaard, ambassadeur du Danemark au Maroc, présent également à cette conférence, le mariage des enfants est une problématique autour de laquelle la société civile danoise est engagée avec ses partenaires marocains pour lutter contre ce fléau.  «Le mariage des enfants porte sévèrement préjudice sur tant le plan individuel, social, économique que sur la santé. C’est une violation des droits de l’enfant». 
 
Il rappelle que «l’année 2030 constitue un tournant puisque nous nous sommes tous engagés à atteindre les objectifs de développement durable dont l’objectif 5.3.3, qui consiste à éliminer toutes les pratiques préjudiciables telles que le mariage des enfants, le mariage précoce et forcé, et la mutilation génitale féminine». 
 

Des chiffres publiés par le ministère public montrent que le nombre d’autorisations de mariage accordées aux filles mineures en 2020 s’élève à 13.335, sans compter le nombre de mariages d’enfants à la fatiha (mariage coutumier) estimé à 10,75% du nombre total des mariages d’enfants, selon l’étude nationale sur le mariage des mineures réalisée en 2019 par «Droits et justice». 
 
« Nos actions sont liées essentiellement à l’autonomisation des femmes à travers un engagement particulier sur la lutte contre le mariage des filles renforcé par un partenariat solide avec l’association Droits et justice, la création du collectif Dounia pour l’interdiction du mariage des mineures, les campagnes digitales de sensibilisation comme ♯Mazal Tifla ainsi que la vulgarisation des textes de lois à travers des vidéos d’animation», précise Ghita Lahlou, présidente de l’association Les citoyens.   
 
Pour sa part, Hajbouha Zoubeir, membre du CESE, explique que le Conseil économique, social et environnemental préconise dans son rapport intitulé  «Que faire, face à la persistance du mariage d’enfants au Maroc» l’accélération du processus déjà entamé d’éradication de la pratique du mariage dans l’intérêt supérieur des enfants et à travers l’adoption d’une stratégie globale ayant pour objectif l’abolition de cette pratique et le développement socio-économique du pays. 
 

«La stratégie en question repose sur trois axes majeurs. Le premier axe concerne l’amélioration du cadre juridique et système judiciaire notamment en harmonisant les dispositions du code de la famille avec la Constitution et les conventions internationales, via l’abrogation des articles 20, 21 et 22 ayant trait au mariage des enfants et en développant la médiation familiale. Le deuxième axe vise à lutter contre les pratiques préjudiciables aux enfants et aux femmes à travers la mise en œuvre soutenue et intégrée de différentes politiques et actions publiques à l’échelle nationale et territoriale. Enfin, le troisième axe vise à améliorer et assurer le suivi de l’éradication de la pratique du mariage d’enfants en veillant à améliorer le système d’information par le développement d’indicateurs pertinents en ligne», conclut-elle.

 

Par Malak Boukhari

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