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Mariage des mineurs, laxisme majeur

Mariage des mineurs, laxisme majeur

 

Nous l’écrivions tantôt : le mariage des mineurs reste une réalité sociale bien têtue au Maroc.

Il est tellement ancré dans la société, que les débats autour de cette problématique se multiplient.

Et, pour cause, malgré le cadre juridique en place, le nombre de demandes de mariage de mineurs déposées auprès des tribunaux au titre de l'année 2018 a dépassé 33.686, selon le procureur général du Roi près la cour de cassation, président du ministère public.

Mohammed Abdennabaoui, qui intervenait ce mardi à Marrakech à l’occasion d’un colloque sur se sujet, souligne à ce titre que la présidence du ministère public a promulgué plusieurs circulaires, dont la circulaire N° 20 relative au mariage des mineurs, et appelé les différentes juridictions du Royaume à la préservation des droits des mineurs et à ne pas hésiter à s’opposer à toute demande de mariage ne tenant pas compte de leurs intérêts.

Mais, visiblement, cela ne suffit pas. D’autant qu’en septembre dernier, lors d'un atelier de restitution de l'avis du Conseil économique, social et environnemental sur le sujet du mariage d'enfants, Ahmed Reda Chami, président du Conseil, a laissé entendre que "cette pratique est toujours répandue au Maroc malgré l'adoption du Code de la famille, puisque 85% des demandes de mariage se sont soldées par une autorisation entre 2011 et 2018".

Actuellement, la présidence du ministère public est en train d'élaborer une étude de diagnostic relative à ce problème.

Elle devrait permettre de jeter la lumière sur les problématiques qui entravent la lutte contre ce phénomène, en particulier au niveau de l'intervention judiciaire, souligne Abdennabaoui.

Cette étude vise également à pointer du doigt les différents stratagèmes et moyens utilisés pour contourner la loi en vue de légaliser le mariage précoce ou d'en faire une réalité contraignante pour toute décision judiciaire.

Elle se propose aussi d'analyser les divers aspects d'ordre juridique et judiciaire suscités par cette problématique, en rapport avec d'autres sujets tels que la violence à l'égard de l'épouse, l'expulsion du domicile conjugal, la négligence de la famille, le mariage forcé, ainsi que d'autres questions inhérentes au mariage des mineurs et leur mode de traitement lorsqu'il s'agit de filles mineures.

Au-delà de la portée d’une telle étude, le plus important sera certainement la pertinence des réponses qui seront apportées.

Et la première devrait être, sans aucun doute, l’abrogation des dérogations prévues par le code de la famille.

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