Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) a levé le voile sur de nouveaux éléments relatifs au démantèlement d’une cellule terroriste affiliée à l’organisation Daech dans la région du Sahel.
Baptisée « Oussoud Al Khilafa Fi Al Maghreb Al Aqssa » par son chef libyen, Abderrahmane Al-Sahraoui, cette cellule avait pour mission de mener des attaques de grande ampleur au Maroc.
Au cours d’une conférence de presse organisée au siège du BCIJ à Salé, le directeur de l’institution, Habboub Cherkaoui, a souligné que les douze individus arrêtés étaient étroitement surveillés depuis un an. Âgés de 18 à 40 ans, ils partageaient tous un faible niveau d’instruction : un seul avait entamé des études universitaires, huit n’avaient pas dépassé le secondaire, et trois autres n’avaient même pas atteint le collège.
L’enquête a permis de localiser une zone montagneuse soupçonnée de servir de base logistique pour stocker armes et munitions. Cette cachette, difficile d’accès, se trouve dans la province d’Errachidia, précisément à Oued Naaâm, près de Boudenib.
Les opérations de perquisition, menées à l’aide d’équipements spécialisés (détecteurs de métaux, robots de détection d’explosifs, etc.), ont abouti à la découverte d’un stock d’armes.
Selon le BCIJ, des fusils d’assaut et des munitions étaient emballés dans des sacs plastiques, eux-mêmes recouverts de journaux maliens datés de janvier 2025.
Les enquêteurs ont établi que cet arsenal a été introduit au Maroc via des réseaux de contrebande, sous la supervision directe d’un responsable de Daech au Sahel.
Les ordres d’un chef libyen
La cellule démantelée agissait sur instructions d’Abderrahmane Al-Sahraoui, un ressortissant libyen occupant un poste de commandement au sein de Daech dans la région du Sahel. Une vidéo diffusée lors de la conférence de presse a montré ce chef terroriste incitant les membres de la cellule à mener des attaques sur le sol marocain. Les enquêteurs estiment que cette stratégie vise à frapper le Royaume, considéré par l’organisation comme un acteur clé de la lutte contre le terrorisme en Afrique.
Un Maroc dans le viseur de Daech
Dans son exposé, Habboub Cherkaoui a rappelé que le Maroc fait désormais figure de cible privilégiée pour Daech, notamment en raison de sa position géographique et de sa participation active aux efforts internationaux de lutte contre l’extrémisme.
Le BCIJ a ainsi mis en évidence la nécessité de renforcer la vigilance et la coopération régionale pour endiguer les tentatives d’infiltration et d’implantation de groupes terroristes.
Alors que les douze suspects sont actuellement interrogés sous la supervision du parquet compétent, le BCIJ poursuit ses investigations pour déterminer l’étendue des ramifications de cette cellule, tant à l’intérieur du pays qu’au sein de la branche sahélienne de Daech.
L’objectif est de cerner d’éventuels complices et de mettre en échec toute autre tentative de passage à l’acte. Les révélations du BCIJ soulignent enfin l’importance de la coopération sécuritaire transfrontalière. Les liens établis entre cette cellule et des groupes actifs dans la région du Sahel, dont certains implantés au Mali et en Libye, confirment que la menace terroriste dépasse les frontières et exige une réponse coordonnée.