Ph : Abdelhak Najib
Sans nul doute, le talk-show de la chaîne Al Oula, Sada Al Ibdae, est aujourd’hui l’unique émission culturelle dans le paysage audiovisuel marocain, s’appuyant sur un concept ficelé, une équipe qui regroupe des sensibilités de plusieurs horizons avec Abdelhak Najib, écrivain, journaliste, essayiste, chroniqueur et critique d’art et de cinéma, Mohammed Chouika, professeur de philosophie et critique de cinéma, et Meriem Khalil, enseignante en sciences de l’éducation.
Le talk-show à grand succès de Al Oula, qui dépasse les deux millions de spectateurs et plusieurs millions d’écrans connectés a déjà bouclé dix saisons, avec autant de succès et la même rigueur dans le choix des invités et l’élaboration des thématiques à débattre avec des intervenants de qualité. Pour parler de la réussite de ce programme, aujourd’hui orphelin dans le paysage télévisuel et culturel marocain, il faut dire que tout réside dans le choix des sujets abordés et également des invités.
Sada Al Ibdae donne toute la place aux nouveaux visages, à des chercheurs, des auteurs, des créateurs et de jeunes talents qui travaillent dans l’ombre et qui ont une véritable crédibilité académique.
L’équipe de l’émission va chercher et dénicher les créateurs là où ils se trouvent pour leur donner de la visibilité, pour leur offrir une rencontre effective avec un public désireux de voir des discussions de qualité, un public qui aime la véritable culture et qui désespère face au vide qui règne dans les différentes chaînes nationales, envahies par des programmes où la médiocrité le dispute au verbiage et la futilité.
Depuis dix ans, «Sada Al Ibdae» est diffusée tous les samedis, sur la chaîne Al Oula. En dix saisons, le talk-show culturel a réussi à fidéliser un grand nombre de téléspectateurs, qui y ont trouvé matière à apprécier des œuvres, à découvrir de nouveaux talents et suivre l’actualité artistique au Maroc, dans sa variété.
Écrivains, poètes, hommes de théâtre, réalisateurs, acteurs, actrices, musiciens, chanteurs et chanteuses, photographes, chercheurs, analystes et critiques sont les invités du programme pour décortiquer l’actualité, faire la promotion de leurs travaux ou alors apporter des éclairages sur des thématiques souvent bien choisies.
Sada Al Ibdae a traité d’histoire, d’anthropologie, d’arts plastiques dans leur grande diversité, des littératures, de la poésie, du cinéma, du théâtre, de la danse, de la chorégraphie, d’archéologie, d’architecture, des grandes figures de la pensée marocaine et arabe, comme Mohamed Aziz Lahbabi, Mohamed Abed El Jabri, Fatéma Mernissi, Abdelkbir Khatibi sans oublier de rendre hommage à des quartiers mythiques de l’histoire marocaine, comme Hay Mohammadi ou encore Marrakech, dans sa belle richesse humaine et intellectuelle. Sans oublier des hommages appuyés à des figures incontournables du paysage culturel marocain, tel que Tayeb Seddiki ou encore Abdelkader Rachdi.
Avec des invités connus ou moins connus, mais qui font un plateau assez intéressant et animé avec beaucoup d’aisance par Abdelhak Najib, qui crée cette complicité avec ses amis sur le plateau et avec les invités, Sada Al Ibdae est devenue l’émission phare de la culture au Maroc.
L’équipe semble aujourd’hui si bien rôdée à cet exercice de dynamisme pour ne pas laisser apparaître les temps morts et les blancs, qui parfois peuvent faire mal à un programme de ce type.
Avec Mohamed Chouika et Meriem Khalil, ce trio très apprécié d’une certaine intelligentsia, des intellectuels, des passionnés d’art et de culture, surtout que les télévisions marocaines n’offrent pas de programme de ce genre pour combler les attentes des téléspectateurs qui aiment la culture et aspirent à voir sur les différentes chaînes nationales d’autres programmes dédiés à la culture dans ce qu’elle a de beau et de noble. Et surtout dans le sérieux sans se prendre au sérieux.
Depuis dix ans, «Sada Al Ibdae» remplit ce vide, en apportant un regard différent sur la culture, déclinée dans une approche qui refuse l’élitisme et va à la rencontre du public, dans ses plus larges franges. Le choix de faire une émission en darija bien soignée est un atout important qui garantit justement le succès d’un programme dont le crédo est la culture pour tous. L’élément de la langue est capital dans ce sens que l’on peut s’adresser à un grand nombre de personnes et pas uniquement les intellectuels dans un jargon bien établi qui peut parfois devenir barbant.
Sans oublier également cette ambiance de décontraction à l’instar de ce qui se fait ailleurs dans les émissions de ce genre, ce qui fait beaucoup de bien à ce programme, qui s’est franchement amélioré par le rire, par la rigolade, avec un esprit plus léger, sans tomber dans la légèreté, pour faire de ce début de soirée du samedi un moment de détente, d’apprentissage, de convivialité et d’humour.
Aujourd’hui, après dix ans de bons et loyaux services, ce sont des centaines d’invités qui ont apporté leur regard sur la création culturelle dans notre pays. Et le meilleur reste à venir, avec une nouvelle saison 2023-2024, déjà dans le pipe, qui promet d’être à la fois pointue et plus ancrée dans les nouvelles réalités du paysage culturel marocain.
Sada Al Ibdae, tous les samedis à 17h 30. Al Oula
Par Mustapha Guiliz
Écrivain et enseignant