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Médecine esthétique au Maroc : La pratique illégale fait rage

Médecine esthétique au Maroc : La pratique illégale fait rage

Botox, fillers, peeling… Tant de pratiques qui ont gagné en popularité en raison de leurs effets rajeunissants. Aujourd’hui, l’inquiétude grandit autour de l’exercice illégal de ces actes notamment dans les spas, les salles de sport et les salons de coiffure et de beauté. Les chirurgiens plasticiens au Maroc tirent la sonnette d’alarme. 

 

La médecine esthétique séduit de plus en plus de personnes au Maroc. Pour attirer une clientèle toujours plus importante, les centres de beauté proposent des deals et des prix compétitifs, de quoi concurrencer les cliniques spécialisées. Or, ces offres qui à première vue paraissent alléchantes, sont en effet proposées par des non-professionnels ne disposant d’aucun savoir-faire médical. Evidemment, ces pratiques illégales comportent des risques et pas des moindres. 

«Nous recevons de plus en plus de patientes victimes de ces pratiques sauvages présentant des complications souvent graves. Nous appelons nos concitoyens à la prudence et lançons un appel aux autorités concernées afin de mettre fin à cette pratique illégale de la médecine», s’insurge le Syndicat national des chirurgiens plasticiens du Maroc.

Le syndicat déplore le manque de scrupules dont font preuve les propriétaires de ces salons de coiffure et de beauté qui proposent «en toute impunité» des injections de comblement, de toxine botulique, de PRP, de mésothérapie ou même de laser épilatoire, et ce dans toutes les régions du Maroc.

«Les injections à visée esthétique ne doivent en aucun cas être banalisées et mises au même niveau qu’une coiffure, un tatouage ou une manucure. Ces injectrices illégales, sans aucune compétence, ignorent tout des dangers liés aux injections et des séquelles souvent irréversibles pour les patientes comme les risques de nécrose cutanée, d’infection et de cécité, lorsqu’elles sont réalisées par des charlatans sans aucune connaissance médicale de l’anatomie ou de l’asepsie», alerte le Syndicat. 

Face à cette situation, les professionnels s’indignent. «A chaque fois qu’il y a une pratique exercée par quelqu’un dont ce n’est pas la spécialité, il y a un danger. Alors si tout le monde essaye de faire des injections ou autres au niveau des salons et des spas; on parle de risque d’infection, de granulome (bouton qui apparaît à la suite d’une infection par un corps étranger), ainsi qu’une multitude de complications», explique El Hassan Boukind, professeur en chirurgie plastique et esthétique et président de la Société marocaine de chirurgie plastique.


Et d’ajouter : «Ces personnes ne connaissent pas l’anatomie de l’organisme et sont à l’origine d’injections de fillers ou d’acide hyaluronique mal maîtrisées pouvant conduire à des nécroses (mort anormale et non programmée d’une cellule ou d’un tissu) notamment du nez ou de la lèvre». 

Selon le Syndicat, «le Code déontologique médical dans son chapitre II article 4 stipule que nul ne peut accomplir aucun acte de la profession médicale, à quel que titre que ce soit, s’il n’est pas inscrit au tableau de l’Ordre national des médecins, conformément aux dispositions de la présente loi, et celles de la loi 08-12 relative à l’Ordre, au titre du secteur dans lequel il entend exercer». 

Par conséquent, «toute pratique illégale de la médecine est passible de poursuites judiciaires. Seuls les chirurgiens plasticiens et les médecins ayant reçu la formation et les diplômes requis, inscrits à l’Ordre des médecins, ont le droit de procéder à des gestes médicaux à visée esthétique». 

Pour le Pr Boukind, la loi devrait être renforcée pour contrer ce genre de pratiques, «il y a les phénomènes sociétaux qui interviennent au niveau de chaque société. Il est donc du devoir du législateur d’interdire de manière absolue tout acte médical dans les salons et dans les spas, à travers des lois qui délimitent les compétences, les spécialités et les domaines d’intervention de tout un chacun. Particulièrement quand il est question d’un phénomène qui grandit et met en danger la santé et la sécurité de la population», conclut-il.

 

Par Malak Boukhari

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