• Des vies perdues, un désordre indescriptible, la nuit d'Achoura a sombré cette année dans une tragédie bouleversante.
• Les réseaux sociaux, fenêtres ouvertes sur la société, nous révèlent une incivilité à l'état brut.
Cette année encore, la nuit d'Achoura nous a offert un triste spectacle, révélant une facette sombre de la société. Ce qui devrait être une célébration religieuse empreinte de recueillement et de partage, est malheureusement devenu un spectacle désolant d'incivilité et de chaos.
Des pétards explosant dans toutes les directions, des feux destructeurs, des pneus enflammés, des bonbonnes de gaz propulsées dans l’air, des jets d'eau (zem-zem) avec des produits parfois nocifs sèment la terreur dans les quartiers pendant que les autorités semblent être totalement dépassées par l'ampleur des émeutes nocturnes. Les vidéos et images qui inondent les réseaux sociaux montrent des scènes cauchemardesques, loin de l'esprit de piété qu'on serait en droit d'attendre pendant cette nuit sacrée.
Censée être une fête respectueuse et une tradition millénaire, la nuit d'Achoura au Maroc s'est transformée, depuis quelques années, en une démonstration inquiétante de manque de civilité et de comportements irresponsables. Les rues autrefois paisibles deviennent des terrains de jeux dangereux, où certains semblent ignorer toute notion de respect envers autrui et l'espace public.
Quand l'incivilité éclipse la splendeur des traditions
Les pétards et les feux d'artifice, supposés symboliser la joie et la célébration, sont devenus des instruments de terreur pour les citoyens. Des détonations assourdissantes résonnent dans les quartiers. Et les plus vulnérables, comme les enfants, les personnes âgées, en sont les principales victimes.
Mais ce n’est pas tout. Les pneus enflammés, une pratique très courante pendant cette nuit, défigurent les artères des villes marocaines. Des scènes apocalyptiques de fumée noire et toxique dégradent l'environnement et mettent en danger la santé des habitants qui sont contraints d'inhaler ces émanations nocives.
Les forces de l'ordre se retrouvent elles-mêmes débordées face à cette vague d'incivilité. Malgré les efforts déployés pour surveiller et réprimer ces comportements, il s'avère difficile de contrôler totalement la situation. Elles font souvent face à des jets de pierres et des provocations, compliquant davantage la gestion des rassemblements incontrôlés.
Et ce qui devait arriver advint
En effet, la débauche ne s'est pas arrêtée là puisque la nuit d'Achoura a finalement viré au drame, laissant plusieurs jeunes blessés et quelques âmes innocentes emportées. Un mineur âgé de 17 ans a perdu la vie et un autre a été grièvement blessé, jeudi soir, dans l'explosion d'une petite bonbonne de gaz. Comment cela est-il arrivé ? Vers 23h00, dans l'une des artères situées à Diour Itissalat sur la route reliant Ben Ahmed à Settat, un groupe d'individus dont plusieurs mineurs, s’est rassemblé et a mis le feu à des pneus, dans un comportement irresponsable, portant atteinte à la sécurité des personnes et des biens, et jetant une petite bonbonne de gaz à l'endroit où le feu s'est déclaré. Cela a provoqué une explosion, blessant gravement deux mineurs, ont précisé les autorités locales. Elles ajoutent que l'un d’eux a succombé à ses blessures, alors que le deuxième se trouve actuellement dans un état critique sous surveillance médicale à l'hôpital provincial Hassan II de Settat. Cette tragédie doit donc être un électrochoc pour la société marocaine, et l’inciter à mettre un terme à ces festivités imprudentes.
Au-delà des dégâts, il faut dire que l'incivilité qui règne pendant cette fête révèle un malaise profond dans la société marocaine. Elle reflète surtout un manque de sensibilisation, de civisme et de responsabilité chez certains de ses membres. Cette spirale de violence gratuite doit être urgemment éradiquée de notre société.
Les autorités doivent agir de manière ferme pour mettre un terme à ces incivilités. Des sanctions sévères doivent être prononcées aux contrevenants, afin de les tenir responsables de leurs actes. Il incombe enfin et surtout aux parents, à la société civile et aux éducateurs de jouer leur rôle dans cette bataille contre l'incivisme qui règne, pour que cette tradition ô combien importante dans la culture marocaine, redevienne ce qu’elle était jadis.
Quoi qu’il en soit, la tragédie de cette année ne doit pas être oubliée, mais plutôt considérée comme un rappel de l'urgence de changer notre comportement collectif.