Les chiffres sont têtus. Et ceux de la troisième vague montrent que le Maroc s'en sort plutôt bien. Les cas de contamination ont pris une allure exponentielle, passant de 500 à plus de 5.500 en deux semaines, alors que les décès sont restés en moyenne autour de 4 par jour durant la même période. Ceci nous donne un taux de létalité bien plus faible que celui de l'été dernier, où nous avions atteint un pic de contaminations supérieur à 12.000 cas quotidiens pour plus de 120 décès/jour.
Une létalité qui, en réalité, est encore plus faible, car les contaminations sont sous-estimées. Pourquoi ? Parce que les Marocains n'ont plus peur du virus et la gravité de Omicron s'est avérée moindre. Les personnes contaminées ne se font plus tester, privilégiant l'auto-médication face à un variant moins virulent, avec des symptômes proches de ceux d'une grippe aiguë.
«En ce début d’année, il se confirme que Omicron est moins dangereux. On aura beaucoup de cas incidents, mais ils seront mineurs ou modérés chez les vaccinés. Le risque est surtout pour les personnes non vaccinées âgées et avec maladie chronique», écrit l'éminent professeur Jaafar Heikel sur son compte Twitter, confirmant ainsi les propos des plus grands épidémiologistes dans le monde.
Changer de riposte
Face à cette situation et bien que le pic de la pandémie soit loin d'être atteint, le Maroc doit changer de fusil d'épaule en corrigeant quelques incohérences dans le traitement de la pandémie, comme le grand écart entre, d'une part, des Marocains bloqués à l'étranger, l'annulation de tous types de manifestations sportives et culturelles et, d'autre part, des écoles qui ferment et rouvrent au gré des foyers épidémiologiques.
Cette même gestion dynamique dans les écoles doit être adaptée vis-à-vis de nos concitoyens bloqués à l'étranger et qui, pour certains, vivent de véritables tragédies.
Il faut ouvrir les yeux sur d'autres pays où la vague est plus avancée, comme le Royaume-Uni, ou même l'Afrique du Sud et la Norvège, qui battent record sur record de contaminations, sans enregistrer de sursaut dans la courbe des décès, estimant même que ce variant est une occasion en or pour atteindre l'immunité collective à moindres coûts, Omicron agissant comme une vaccination par un virus atténué.
«La circulation de Omicron est forte et permet sa prédominance dans les populations. Cela pourrait être salvateur, car l’immunité post-infection d’un grand nombre et la vaccination d’une grande partie de la population transformeraient la pandémie en endémie», écrit le professeur Heikel, pour qui ce schéma est une «hypothèse probable».
Le gouvernement doit s'interroger sur la stratégie actuelle, très peu utilisée dans les pays développés. L'argument selon lequel la fermeture des frontières va empêcher une nouvelle vague est en train de prendre l'eau.
Les contaminations sont bien là et Omicron ne connaît pas de frontières.
On fait fausse route ! On barre la route à un phénomène qui, de toute manière, peut se développer localement. Il faut dépister, communiquer, traiter et vacciner. Vivons avec le virus !
Adil Hlimi