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Séisme/Reprise des cours : «L'éducation représente le chemin vers la guérison et la renaissance»

Séisme/Reprise des cours : «L'éducation représente le chemin vers la guérison et la renaissance»

L'éducation comme pilier de la reconstruction est désormais une priorité. Après le séisme qui a frappé le Maroc, le 8 septembre dernier, le retour des élèves sinistrés sur les bancs de l'école est devenu un enjeu crucial pour leur rétablissement. Dans ce sens, les enseignants tiennent un rôle prépondérant. 

Le système éducatif doit intégrer des programmes spécifiques axés sur le développement de la résilience émotionnelle et des compétences de gestion de crises.

Entretien avec Abdelkhalek Hassini, enseignant-formateur en France, expert en migration et développement et président de l’Association «CADOriental Europe».

 

Propos recueillis par Ibtissam Z. 

Finances News Hebdo : L'éducation s’impose comme un pilier de la reconstruction après le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz. Le retour des élèves sinistrés sur les bancs de l'école comporte des enjeux considérables. Lesquels ?

Abdelkhalek Hassini : Le séisme qui a secoué le Maroc, a laissé des cicatrices profondes, en particulier chez les élèves de la région d'Al Haouz, dont la vie a été bouleversée de manière dévastatrice. Leur retour à l'école dépasse largement le cadre d'une simple formalité administrative. Il revêt une importance cruciale pour leur rétablissement tant physique que psychologique. En cette période post-sismique, la priorité consiste à rétablir l'équilibre après une tragédie aux conséquences aussi destructrices. Dans ce contexte, l'éducation émerge comme un pilier fondamental de la reconstruction, jouant un rôle essentiel dans le processus de retour à une vie normale pour les élèves affectés.

L’un des principaux enjeux auxquels nous sommes confrontés, est de ramener les élèves concernés à une vie normale. Les écoles se présentent comme des refuges sûrs, capables de contribuer à la réduction des traumatismes engendrés par les secousses sismiques. Elles offrent une structure, une routine et un environnement familier, éléments déterminants pour restaurer la stabilité émotionnelle et mentale des élèves alors qu'ils amorcent leur reconstruction.

Dans cette optique, il est impératif de développer des programmes de soutien psychosocial spécialement conçus pour accompagner le processus de rétablissement des élèves. En même temps, il est important d'élaborer des plans éducatifs sur-mesure, prenant en compte les besoins individuels de chaque élève. Cette approche vise à combler les écarts éducatifs qui pourraient s'être creusés. Toutefois, il est essentiel de rappeler que l'éducation ne se limite pas à l'acquisition de connaissances académiques. Sa valeur primordiale réside dans sa capacité à aider les élèves à développer des compétences essentielles pour affronter les défis futurs, renforçant ainsi leur résilience. Dans cette perspective, le système éducatif doit intégrer des programmes spécifiques axés sur le développement de la résilience émotionnelle et des compétences de gestion de crises.

Bien au-delà des enseignements académiques, l'éducation incarne l'espoir et la persévérance. En encourageant les élèves à poursuivre leurs études malgré les obstacles, elle renforce leur capacité à faire face aux difficultés et à surmonter les traumatismes. Elle joue un rôle capital en inspirant les élèves et en les aidant à envisager un avenir meilleur, malgré les défis qu'ils ont dû affronter. L'éducation représente le chemin vers la guérison et la renaissance, contribuant ainsi de manière significative à la reconstruction post-sismique de la région d'Al Haouz.

 

FNH : Le rétablissement psychologique reste prioritaire pour une reprise adéquate des cours. A votre avis, quels sont les défis du retour à l’école des élèves ayant vécu ce traumatisme ? 

A.H : Le chemin vers la reprise scolaire des élèves traumatisés par le séisme est couvert de défis psychologiques complexes, nécessitant un effort collectif pour restaurer leur bien-être émotionnel et faciliter leur réintégration au sein de l'école. Les élèves touchés par un séisme de cette ampleur sont confrontés à d'importants défis lorsqu'ils retournent en classe, des défis qui peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être physique et mental. La priorité absolue consiste à garantir le rétablissement psychologique, élément clé pour une reprise scolaire qui tienne compte des traumatismes vécus. Ces élèves, ayant enduré les ravages du séisme, font face à une série de défis au moment de reprendre le chemin de l'école. L’un des principaux défis réside dans le traumatisme psychologique que ces élèves peuvent subir lors du séisme. Un séisme, la perte de biens, la crainte pour sa propre sécurité, voire la disparition d'un proche, sont des expériences susceptibles de laisser des cicatrices émotionnelles profondes. Le retour à l'école peut raviver des souvenirs traumatisants et déclencher un stress post-traumatique, perturbant ainsi la concentration, le comportement et la santé globale des élèves.

Pour certains, le stress post-traumatique se manifeste par des flashbacks, des cauchemars et une anxiété intense. Ces réactions peuvent sérieusement affecter leur présence en classe ainsi que leur sentiment de sécurité à l'école, parfois à l'origine de problèmes de comportement et de difficultés dans leurs interactions avec les autres élèves et les enseignants. Dans ces situations, il est impératif de mettre en place des mesures de soutien psychologique adaptées afin d'aider les élèves à surmonter ces défis. A cet égard, les écoles et les enseignants jouent un rôle fondamental en créant un environnement propice au rétablissement, facilitant ainsi la réintégration réussie des élèves traumatisés dans le système éducatif.

Il convient de noter que le traumatisme peut entraîner des difficultés en matière d'attention et de concentration chez les élèves. Ces derniers peuvent rencontrer des difficultés à se concentrer sur leurs études, ce qui a un impact direct sur leur performance et leur réussite scolaire.

Les élèves ayant vécu un traumatisme ont besoin d'un soutien émotionnel continu pour surmonter leur douleur. Dans ce contexte, les écoles doivent être dotées de conseillers et de psychologues qualifiés pour accompagner les élèves dans leur parcours de guérison. En outre, des séances de traitement spécifiquement conçues pour répondre aux besoins des élèves traumatisés doivent être mises en œuvre. Il est essentiel de former les enseignants à reconnaître les signes de détresse émotionnelle chez les élèves. De plus, la création d'espaces sûrs et apaisants au sein des écoles, où les élèves peuvent se détendre et s'exprimer librement, est essentielle pour soutenir leur rétablissement. Le rétablissement psychologique constitue un préalable incontournable pour permettre aux élèves choqués de retrouver leur équilibre et de reprendre sereinement leur éducation. Dans cette perspective, les écoles doivent jouer un rôle central en fournissant le soutien nécessaire pour relever ces défis complexes avec compassion, empathie et une attention soutenue.
 

Séisme/Reprise des cours : «L'éducation représente le chemin vers la guérison et la renaissance»

 

FNH : Sur place, nous avons constaté que certains élèves avaient du mal à réaliser l’ampleur de cette catastrophe et donc de se projeter dans l’avenir. En tant qu’enseignant-pédagogue, quelles seraient les solutions éventuelles et mesures à prendre pour faciliter le retour des élèves ? 

A.H : Au lendemain de cette tragédie, les jeunes élèves sont confrontés à un double défi : la reconstruction de leur vie et le retour à l'école. La réintégration dans la vie scolaire se révèle être une étape complexe mais essentielle pour leur rétablissement. Les enseignants jouent un rôle de premier plan en adaptant leur enseignement pour répondre aux besoins spécifiques de ces élèves touchés. Leur contribution est capitale, car ils aident ces élèves à envisager leur avenir avec sérénité. Pour répondre à cette question cruciale, nous devons envisager une série de mesures et de solutions concrètes visant à aider les élèves à comprendre l'ampleur de la catastrophe tout en les encourageant à planifier leur avenir de manière proactive.

En premier lieu, il est impératif de mettre en place des services de soutien psychologique au sein des écoles, tels que des conseillers ou des psychologues scolaires. Ces professionnels jouent un rôle important pour les élèves qui cherchent à faire face aux traumatismes, à gérer le stress et à développer leurs compétences émotionnelles. Parallèlement, la sensibilisation à la gestion du stress, à la résilience et à la communication émotionnelle doit devenir une priorité. Ces programmes éducatifs aident les élèves à mieux comprendre et à gérer leurs émotions tout en se préparant à d'éventuelles catastrophes.

L'adaptation du programme scolaire est un élément clé pour faciliter la réintégration des élèves sinistrés. Les enseignants ont la responsabilité de personnaliser l’enseignement en mettant l’accent sur le bien-être émotionnel, la flexibilité et un rythme d’apprentissage adapté. En tant qu'éducateurs, il leur incombe d'appliquer des méthodes spécifiques visant à aider les élèves à appréhender l'ampleur de la catastrophe tout en les encourageant à envisager leur avenir de manière positive. La création d'ateliers artistiques, la promotion d'une communication ouverte et l'aménagement d'espaces propices à l'expression sont autant de stratégies efficaces pour les accompagner dans ce processus.

Pour soutenir les élèves, les enseignants doivent également être sensibilisés aux signes de détresse émotionnelle et formés aux meilleures pratiques en matière de soutien. L'écoute active, tant de la part des enseignants que du personnel scolaire, est décisive pour instaurer un environnement où les élèves se sentent à l'aise pour partager leurs préoccupations. L'essentiel est de leur redonner des repères et l'impression de contrôle sur leur destin pour surmonter ce choc. Enfin, l'enseignement différencié, adapté aux divers styles d'apprentissage et aux niveaux de compétence des élèves, se révèle être la clé de la réussite dans cette démarche de réintégration scolaire.

En combinant ces mesures et en adaptant leur enseignement de manière proactive, les enseignants jouent un rôle important dans le processus de la reconstruction des élèves sinistrés, les aidant à comprendre leur passé tout en les préparant activement à un avenir prometteur malgré les défis rencontrés.

 

 

 

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