Des juristes, des médecins et des acteurs religieux et de la société civile ont livré, samedi à Tanger, leurs regards croisés sur l'avortement, dans le cadre d'une conférence en marge de la deuxième édition de la journée scientifique de l’Association des médecins anesthésistes réanimateurs du Nord.
S'exprimant lors d'une conférence-débat sous le thème "L’avortement entre la religion, la médecine et la loi", le président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC), Chafik Chraibi, a souligné l'importance de cette rencontre qui vise à débattre de la question de l'avortement sur les plans médico-scientifique, religieux et juridique et à engager un débat ouvert sur ce sujet délicat, mettant en avant les complications et les risques liés à l'avortement clandestin médicalisé et non médicalisé, ainsi que ses conséquences, en particulier l'abandon d'enfants, le suicide, les crimes d'honneur et l'incarcération de médecins.
Selon lui, la solution consiste à renforcer la prévention, promouvoir l'éducation sexuelle et les méthodes de contraception efficaces et la contraception d'urgence, et à accélérer l'adoption par le parlement du projet de loi qui élargit les cas autorisés pour un avortement légal au viol, inceste, malformations fœtales et aux handicapées mentales, alors que la loi actuelle ne l’autorise que si la vie ou la santé de la femme sont mises en jeu.
Pour sa part, le vice-président du Conseil local des oulémas de la préfecture de Tanger-Assilah, Abdellatif Hadouch, a assuré que l'avortement est un acte banni dans l'Islam et estimé que le débat doit être plutôt penché vers les causes de ce problème de société, appelant à engager un dialogue élargi et objectif en vue de parvenir à trouver des solutions dans le respect des constantes religieuses et les préceptes de la charia.
Quant au membre du Conseil régional du Club des magistrats au Maroc, le juge Oussama Nali, il a affirmé que l'avortement est un acte interdit par la loi, citant les cas autorisés par le projet de loi pour la légalisation de l'avortement, ainsi que les limites de la protection en termes des dispositions juridiques en vigueur.
De son côté, le président de la Section de justice de la famille à Tanger, le juge Mohammed Zerda, a plaidé pour l'adoption d'une approche globale et complémentaire en vue de préserver la cohésion sociale et familiale au sein de la société marocaine et de déboucher sur des solutions efficaces aux causes derrière le "crime de l'avortement".
Cette édition, placée sous le thème "L’obstétrique toujours à l’honneur", s'inscrit dans le cadre du programme annuel de l'Association, et vise à sensibiliser et à promouvoir la communication en vue d'encadrer les médecins et les infirmiers, ainsi que de les informer des nouveautés scientifiques, techniques et médicales dans le secteur de la santé.
Cette rencontre a été marquée également par l'organisation d'une conférence scientifique sur "La santé de la femme enceinte", qui a été animée par des médecins spécialistes, dont le Professeur d’anesthésie et de réanimation, Ahmed Sbihi, ainsi que des ateliers thématiques sur "L'insémination artificielle", "La procréation médicalement assistée" et "La fécondation in vitro", avec la participation de médecins spécialistes marocains et étrangers ayant débattu des obstacles les plus importants rencontrés par les professionnels de la santé lors d’un accouchement