Plus de 37.000 cadres infirmiers et techniciens de santé n’ont pas reçu une compensation adéquate pour les risques professionnels au cours des 20 dernières années, selon le MITSM. Le Mouvement promet de continuer les grèves tant que les revendications des agents ne sauront pas prises en compte par les autorités compétentes.
Par D. M.
La question d’équité dans la prime de risque des agents de santé demeure un sujet de débat et de revendications. En effet, une grève dite de «Pressing» est organisée du mardi 16 janvier au jeudi 18 janvier par les infirmiers et les techniciens de santé, réunis au sein du Mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc (MITSM). Cette grève, qui connait la participation de plusieurs professionnels de la santé, s’annonce assez houleuse, avec en ajout un sitin national devant le siège du ministère de la Santé le 17 janvier.
«90% des prestations sanitaires dédiés aux patients sont exécutées par les infirmiers. Nous sommes donc tout aussi exposés aux mêmes risques que les médecins», affirme Zainab Elbahi, infirmière en santé mentale et l’une des militantes du Mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc. Pour les infirmiers et les techniciens de santé, leurs droits légitimes seraient bafoués par le ministère de la Santé, car malgré l’avalanche de grèves déjà organisées jusqu’à présent sur les mêmes revendications, ils demeurent dans un «mutisme» quasi inexplicable.
Plus de 37.000 cadres infirmiers et techniciens de santé n’ont pas reçu une compensation adéquate pour les risques professionnels au cours des 20 dernières années, selon le communiqué du MITSM : 1.400 DH pour les infirmiers et techniciens de santé face à 5.900 DH pour les médecins, ainsi se présente le tableau de répartition des primes de risque du personnel de santé. Il est vrai que des pourparlers se sont tenus entre le ministère de la Santé et le syndicat le plus représentatif du secteur, avec au sortir un accord de principe signé par les deux parties, mais sans suite effective. Cet accord du 29 décembre 2023 promettait des augmentations de salaires, mais sans détails chiffrés des montants dont bénéficiera chaque catégorie.
Selon le ministère, cet aspect ferait l’objet d’un nouvel accord qui serait établit à la fin du mois de janvier courant. «Les revendications de cette catégorie de professionnels ont été négligées lors de l’accord de février 2022, et une seconde fois lors de l’accord du 29 décembre 2023, où la demande d’équité dans la prime de risque et l’amélioration des conditions de promotion des infirmiers et techniciens de santé n’a pas été abordée», a déploré le mouvement dans le communiqué annonçant la grève.
L’équité est aussi absente au niveau des promotions professionnelles, l’un des points de revendications qui sera soulevé par les infirmiers et techniciens de santé au cours de ces journées de pression. «Le quota de réussite des infirmiers aux examens de promotion professionnels est de 14%, ce qui n’est pas défini pour les médecins. De plus, après un échec à cet examen de détermination de promotion, l’infirmier doit attendre 6 ans de plus avant de le repasser alors que le médecin recalé peut le repasser au bout de 4 ans», s’indigne Zainab Elbahi.
L’amélioration des conditions de promotion avait été inscrite dans l’accord du 29 décembre 2023, dans le cadre des décrets d’application des métiers de la santé et des réglementations de base adoptées pour leur mise en œuvre, avec l’inclusion de la proposition de création de deux échelles pour toutes les catégories, ainsi que la proposition de promotion par certificats. Le MITSM regroupant 80% des professionnels de la santé, ces trois jours de grève pourraient avoir un impact négatif sur les prestations de soins auprès des patients dans les différents établissements sanitaires, qui se retrouveront en déficit d’infirmiers.
«En évoquant le pourcentage de représentativité de nos agents dans le corps médical, il est certain qu’il y aura des répercussions sur le fonctionnement et le rendement des établissements hospitaliers si les infirmiers adhèrent massivement au mouvement de grève de ces trois jours. Cependant, nous garantissons que les services d’urgence ne seront pas touchés par la grève, car le personnel infirmier des urgences sera à son poste», affirme la militante du MITSM. Les grèves continueront de s’accentuer tant que les revendications des agents ne sauront pas prises en compte par les autorités compétentes, selon le Mouvement.