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Racisme en France : De pire en pire

Racisme en France : De pire en pire

Depuis dix ans, les chiffres du racisme en France sont chaque année plus inquiétants. Dans un climat social tendu et en proie aux violences urbaines et intercommunautaires, la France s’embourbe dans la xénophobie et le rejet des minorités et des étrangers qui sont nés et qui vivent en France depuis de nombreuses générations.

 

Par Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste 

 

En effet, plusieurs rapports émanant de plusieurs départements et institutions affirment sans ambages un net recul de «l'indice des tolérances» des Français et une augmentation des actes racistes. Dans ce sens, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a publié ses travaux dans un nouveau rapport «sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie». Il en ressort qu’au total 1,2 million de personnes disent avoir été «victimes d'au moins une atteinte à caractère raciste, antisémite ou xénophobe» en 2021, comme on peut le lire dans une enquête de l'Insee et de l'Ined. 

Selon le Service central du renseignement territorial, les actes racistes sont en augmentation de 38% en 2022. Dans le détail, la hausse est de 27% pour les actes antisémites (687 actes), de 54% pour les actes anti-musulmans (154) et de 130% pour tous les autres actes racistes (1.142).

Quelque 7.000 affaires ont été «transmises en justice», selon le ministère de la Justice, contre 6.122 en 2018. Et 393 infractions racistes ont été sanctionnées par des condamnations.

Par rapport à 2019, le nombre de crimes ou délits «à caractère raciste» enregistrés en 2021 par les services de sécurité a augmenté de 13% et celui des contraventions de 26% (respectivement + 16% et + 14% par rapport à 2020).
L'indice est ainsi de 79 à l'égard des Noirs et des Juifs, de 72 à l'égard des Maghrébins, de 60 à l'égard des Musulmans et de 36 à l'égard des Roms.

Pour le comité Adama Traoré à l’origine de plusieurs manifestations pour dénoncer les racismes, «alors que la minorité noire est, avec la minorité juive, celle qui a la meilleure image, elle est en butte au quotidien à des préjugés offensants et des discriminations nombreuses». Pour illustrer ses positions, le comité cite une enquête commune de Insee-Ined portant sur les descendants d'immigrés établis en France : «Les Noirs, aux côtés des Maghrébins, subissent plus de discriminations que le reste de la population : ce serait le cas de 31% des personnes originaires des DOM et de 47% des immigrés originaires d'Afrique subsaharienne».

En 2017, 1,1 million de personnes déclaraient avoir subi au moins un acte raciste, soit 1 personne sur 45 (1). En 2019, le ministère de l’Intérieur comptabilise 5.730 infractions (2) et la justice a mis en place, en 2018, 1.385 alternatives aux poursuites, poursuivi 985 personnes et prononcé 393 condamnations (3). Dire que le chiffre noir (4) est important est un euphémisme !  En 2022, les chiffres avoisinent les 1,5 million. 

Dans ce climat, les actes antimusulmans enregistrent une hausse globale de 54% sur l’année écoulée, soit 154 actes (contre 100 en 2018). Les actes antisémites comptabilisés ont connu une hausse de 27%, passant de 541 en 2018 à 687 en 2019. Précisons que ces actes sont très majoritairement localisés en Île-de-France. Les autres actes, réunis sous la catégorie générique d’«actes racistes», enregistrent une hausse globale de 131% (1.142 en 2019 contre 496 en 2018). Les populations noires (218 contre 137 en 2018, soit + 59 %) et arabes (213 contre 125 en 2018, soit + 70 %) restent les plus ciblées. 

Il faut préciser que la minorité rom/tzigane n’est acceptée que par 35% de la population : les Roms restent de très loin le groupe le plus rejeté, mais celui sur lequel il n’existe pas de données.

La batterie des chiffres continue et montre à quel point la société française est profondément divisée. En 2021, les injures, provocations ou diffamations publiques représentent 65% des crimes ou délits enregistrés "en raison de l'ethnie, de la nation, d'une prétendue race ou de la religion".  
Les menaces et les chantages (principalement des menaces de mort) viennent en deuxième position avec 23% de ces actes à caractère raciste enregistrées par les forces de l'ordre. 

Quant aux violences dont 40% entraînent une interruption temporaire de travail, elles constituent 6% de l'ensemble de ces actes. Pour leur part, les discriminations à caractère raciste s'élèvent à 4% (majoritairement en matière d'accès au logement ou à un lieu accueillant du public).

On le voit bien, les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique, comme le souligne Jean-Marie Burgubur, président de la CNCDH, dans le rapport annuel de l'institution. "Les mois de crise sanitaire ont réactivé les théories complotistes antisémites, et la campagne présidentielle a été marquée par le retour obsessionnel de la thématique sécuritaire, susceptible de renforcer les réflexes de fermeture et de repli xénophobes", selon lui. 

Ainsi, 38% des Français pensent que "l’islam est une menace contre l’identité de la France" (contre 44,7% en 2019) ou encore 45% pensent que "les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics" (48,2% en 2019).  Et 37% pensent que "les Juifs ont un rapport particulier à l’argent", en hausse par rapport à il y a deux ans (34,1%).

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