La guerre en Syrie, qui s'était quelque peu assoupie ces dernières années, vient de connaître un nouvel épisode avec la prise de la majeure partie de la ville d'Alep par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et leurs alliés rebelles.
Lancée mercredi, une offensive éclair a permis à HTS et à des factions rebelles de s'emparer rapidement de dizaines de localités stratégiques dans les provinces d'Idleb, d'Alep et de Hama, avant d’entrer triomphalement vendredi dans Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ce mouvement a pris de court les forces du régime de Bachar al-Assad, qui se sont retirées précipitamment, abandonnant même des bâtiments gouvernementaux clés et des infrastructures telles que l’aéroport international.
L'OSDH rapporte que cette percée a entraîné la mort de plus de 320 personnes, dont des civils, des soldats syriens et des combattants rebelles. Les images diffusées montrent les jihadistes déchirant des portraits de Bachar al-Assad et hissant leur drapeau sur des postes de police et la citadelle historique d’Alep.
La rapidité de l’avancée rebelle a surpris même les observateurs les plus aguerris. Les forces loyalistes, pourtant soutenues par la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais, n’ont opposé qu’une faible résistance.
Cette reprise d'Alep par les factions rebelles et jihadistes a provoqué un tollé parmi les puissances régionales et internationales. L'Iran, dont le consulat à Alep a été attaqué, a dénoncé une «offensive terroriste» et a appelé à des mesures immédiates.
La Russie, principal allié de Damas, a discuté de la situation avec l’Iran et la Turquie, soulignant le caractère «dangereux» de cette escalade et plaidant pour une action coordonnée pour stabiliser la région.
Dans ce contexte, la Turquie, qui soutient certaines factions rebelles, a exprimé son inquiétude face aux frappes russes sur Idleb, appelant à un arrêt immédiat des hostilités.
Ce regain de violence intervient dans une région où régnait un calme relatif depuis le cessez-le-feu de mars 2020, parrainé par Moscou et Ankara.
L’offensive jihadiste brise cet équilibre précaire, ravivant les tensions entre les nombreux acteurs impliqués dans le conflit syrien, dont les intérêts divergent fortement.
Depuis la reconquête d’Alep en 2016, le régime de Bachar al-Assad, avec l’aide de la Russie et de l’Iran, avait consolidé son emprise sur une grande partie du territoire syrien.
Mais la perte rapide de vastes secteurs d’Alep remet en cause la perception de son invulnérabilité et ouvre la porte à de nouvelles dynamiques de conflit.
Ce nouvel épisode rappelle que la guerre en Syrie, malgré une accalmie relative ces dernières années, est loin d’être terminée.