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Afrique : Des coups d'État en cascade depuis 2020

Afrique : Des coups d'État en cascade depuis 2020

Avec le putsch de mercredi au Gabon, l'Afrique aura connu huit coups d'État depuis août 2020, principalement dans des pays francophones. Chronologie.

Au Gabon, des militaires putschistes ont annoncé ce mercredi avoir mis «fin au régime en place» et placé en «résidence surveillée» le Président Ali Bongo Ondimba, dont la réélection venait d'être annoncée. S'il venait à réussir, ce putsch sera le huitième en Afrique centrale et de l'Ouest en 3 ans.

En août 2020, l'histoire politique du Mali prenait un tournant dramatique lorsque des militaires renversaient le Président Ibrahim Boubacar Keïta. Les raisons invoquées sont la corruption, le mécontentement populaire, et la gestion défaillante du gouvernement. Ce coup d'État, bien que condamné par la communauté internationale, a ouvert la voie à une période d'instabilité politique au Mali. 

Un gouvernement de transition est formé en octobre de la même année. Mais le 24 mai 2021, les militaires arrêtent le Président et le Premier ministre. Le colonel Assimi Goïta est investi en juin en tant que président de transition. La junte s'est engagée à rétrocéder le pouvoir aux civils après des élections prévues en février 2024.

La situation au Mali a rapidement fait des émules dans la région ouest-africaine, de Bamako à Ouagadougou. Puisque le 5 septembre 2021, le Président Alpha Condé est renversé par un coup d'Etat militaire. Le 1er octobre, le colonel Mamady Doumbouya devient Président. Les militaires ont promis de rendre les commandes à des civils élus d'ici à fin 2024.

Effet de contagion

Un mois plus tard, le 25 octobre 2021, des militaires menés par le général Abdel Fattah al-Burhane chassent les dirigeants civils de transition, qui étaient supposés mener le pays vers la démocratie après 30 ans de dictature d'Omar el-Béchir, lui-même destitué en 2019. Depuis le 15 avril 2023, une guerre de lutte du pouvoir opposant le général al Burhane et son ancien second Mohamed Hamdane Daglo a fait au moins 5.000 morts dans le pays.

Le 24 janvier 2022, le Président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est chassé du pouvoir par des militaires. Et c’est le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui est investi président en février.
Le 30 septembre, Damiba est à son tour démis de ses fonctions par des militaires. Le capitaine Ibrahim Traoré  est investi président de transition jusqu'à  l’élection présidentielle prévue en juillet 2024.

Le 26 juillet 2023, des militaires annoncent avoir renversé le président nigérien Mohamed Bazoum. Le général Abdourahamane Tiani devient le nouvel homme fort du pays. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) annonce le 10 août son intention de déployer une force régionale pour «rétablir l'ordre constitutionnel», tout en continuant à privilégier la voie diplomatique. Les militaires proposent une période de transition de «trois ans» maximum avant de rendre le pouvoir aux civils.

Multitude de facteurs et réponses internationales en demi-teinte

Plusieurs facteurs ont convergé pour alimenter la tendance aux coups d'État en Afrique. Tout d’abord, la fragilité des institutions démocratiques qui a souvent laissé place à un vide propice à l'émergence de régimes militaires, remettant ainsi en question la stabilité politique.

Des défis économiques et sociaux, tels que la pauvreté et le chômage, ont aussi alimenté le mécontentement parmi la population, ce qui a incité certains militaires à se présenter comme des solutions à ces problèmes persistants. L’autre facteur a trait aux divisions ethniques et politiques qui ont été exploitées pour justifier les coups d'État en exacerbant les tensions et les rivalités, notamment dans des sociétés déjà fragmentées. Enfin et surtout, les rivalités géopolitiques et les intérêts étrangers ont parfois encouragé l'instabilité en favorisant certaines factions ou en créant des opportunités pour les putschistes.

Par ailleurs, la communauté internationale a généralement condamné les coups d'État en appelant au rétablissement de l'ordre constitutionnel. Les organisations régionales, telles que la CEDEAO en Afrique de l'Ouest, ont tenté d'y remédier et de restaurer la stabilité politique, mais ces efforts n'ont toujours pas abouti. Les putschistes ont résisté aux pressions régionales et internationales, prolongeant l'instabilité politique alors que les enjeux internes, notamment les rivalités ethniques, ont également compliqué les négociations. De plus, les intérêts des pays étrangers ont parfois alimenté les conflits et entravé les efforts de médiation.

Y.S

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