La profonde crise que traverse l’Algérie, depuis plus de 25 ans, a donné corps à un chaos systémique, à la fois politique, économique, militaire, social et humain.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Cette crise se traduit par une récession économique sans précédent, en dépit des centaines de milliards de dollars provenant des hydrocarbures. Matières premières hors de prix, niveau de vie très bas, colère sociale, manifestations à répétitions, pauvreté en progression, précarité et autres maux sociaux qui auraient pu être jugulés par un usage rationnel des richesses du pays.
Ce qui n’a jamais été le cas laissant l’Algérie aux mains d’une oligarchie militaire qui s’est engrossée aux dépens du peuple algérien dont la jeunesse est aux abois préférant mourir en tentant une traversée hasardeuse de la mer que de croupir dans une prison à ciel ouvert.
Ceci d’un côté. De l’autre, le peuple algérien demande aujourd’hui des comptes au régime sur les dizaines de milliards de dollars dépensés en achat d’armes. Pour rappel, en 2024 et jusqu’au 30 septembre, Alger a déjà payé plus de 27 milliards de dollars en armes. Pour quelles fins ? Quelle guerre est en train de germer dans les cerveaux embués des militaires algériens ?
Il faut dire que comme d’autres dictatures de la région, Alger a toujours suivi le modèle libyen de Kadhafi en payant le prix fort pour laisser les tanks, les chars et les avions de chasse rouiller sur le sable que de nourrir le peuple et d’investir dans les infrastructures pour moderniser le pays et offrir une vie digne aux populations.
Quand on a vu ce qu’est devenue la Libye aujourd’hui, l’Algérie surfe sur la même vague glissante en s’aveuglant et en vivant avec une seule obsession nommée Maroc. Un écrivain algérien a dit que si le régime algérien avait mis autant d’acharnement à rendre l’Algérie prospère comme il en met pour combattre le Maroc, Alger serait l’une des plus grandes capitales du monde. Au lieu d’un tel destin, le régime algérien a choisi la théorie du pire et du pourrissement. Tout va mal à telle enseigne que l’espoir n’est plus de mise.
Quand on ajoute à cela un chômage qui dépasse les 29/100, le manque d’opportunités de travail et la corruption systématique des administrations algériennes, le peuple a tellement crié sa colère en se faisant écraser que même la force de manifester lui manque aujourd’hui. Un tour de vis qui a plongé l’Algérie dans l’une des pires dictatures modernes.
Ceci sans parler de la confiscation des libertés individuelles, surtout chez l’intelligentsia dont le dernier acte est le sort réservé à un penseur comme Boualam Sansal. Sans parler des centaines de journalistes qui croupissent dans les prisons. Ce qui fait dire à Boualam Sansal que «La vérité se tient mieux dans le silence.