Après 1989, 1995, 2002 et 2010, l'Espagne assurera à nouveau, à partir de ce premier juillet, la présidence semestrielle tournante du Conseil de l'Union européenne (UE).
Au second semestre, l’Espagne, qui succédera à la Suède, sera appelée à mettre en œuvre un agenda marathon de conseils, de réunions et d'événements parallèles qui vont bien au-delà de la vitrine internationale. Il s’agit d’assurer une ''gestion délicate à un moment crucial pour l'avenir de l'Europe'' des 27, qui vient de sortir de la pandémie et se retrouve au milieu de la guerre en Ukraine, mais aussi de l’Espagne qui se trouve en pleine campagne électorale pour le scrutin du 23 juillet.
L’Espagne, qui a tracé les grandes lignes de la stratégie de sa présidence, au moins comme un cadre d’ambitions, est ''déterminée à faire avancer le projet européen malgré un contexte compliqué'', marqué tout d'abord par le premier scrutin tenu en été en Espagne et les nouvelles élections au Parlement européen, qui auront lieu en juin de l'année prochaine.
Cela signifie que, dans de nombreux cas, Madrid devra faire en sorte de se conformer aux plans de la législature, alors qu'il existe un "grand nombre de dossiers ouverts sur les principaux axes de travail de l'Union" : la transition écologique, la transformation numérique et l'agenda social sont les plus fortement cités par le ministère espagnol des Affaires étrangères.
Consciente de cette situation, l'Espagne a présenté un ensemble de propositions basées sur le renforcement de la cohésion de l'Europe. "Nous sommes clairs à ce sujet : Pour que les Espagnols s'en sortent, l'Europe doit s'en sortir et l'Espagne doit s'en sortir en Europe", a souligné à plusieurs reprises le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares.
Madrid compte mettre l’accent sur l'unité d'action de l'UE-27, qui s'est avérée si nécessaire dans des cas tels que l'Ukraine, la révision des plans de relance et de résilience, avec une meilleure gouvernance économique, un agenda social qui promeut le pilier social européen afin que personne ne soit laissé pour compte en mettant l'accent sur les femmes, les enfants, le handicap et la santé, le pacte sur l'immigration et l'asile, qui a été bloqué pendant des années, ou encore le développement du marché intérieur, axé sur une plus grande autonomie stratégique et une amélioration de la compétitivité de l'industrie européenne et de son innovation.
Le gouvernement espagnol défendra également la pleine mise en œuvre de l'agenda numérique, avec une plus grande connectivité, la promotion de l'agenda vert, avec tout ce qu'il implique en termes de réduction de la dépendance énergétique extérieure, de réforme du marché de l'énergie et de ressources plus propres, de lutte contre le changement climatique et en faveur de la biodiversité, et la grande ''boîte à catastrophes'' qu'est le rôle mondial de l'UE, son influence dans le monde et ses réponses futures.
Lors d'une rencontre avec les ambassadeurs de l'UE, le ministre Albares a exposé l'ensemble de ces axes et a insisté sur deux aspects pour lesquels la "coopération européenne" est essentielle. D'une part, l'énergie, "qui nécessite des mesures urgentes et coordonnées pour répondre à la grave crise que nous traversons", d'où l'intérêt de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, de renforcer l'efficacité, d'étendre "les interconnexions européennes de gaz et d'électricité" et d'améliorer les énergies renouvelables. Et d'autre part, la gouvernance économique, pour répondre à la hausse de l'inflation, inédite depuis quatre décennies sur le Vieux continent, et augmenter les investissements publics en faveur des transitions verte et numérique.
Face aux défis auxquels l'UE est confrontée, l'Espagne dit vouloir ''imprimer sa marque et de donner un nouvel élan'' à une communauté qui souffre encore des conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine.