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France : Désintégration sociale

France : Désintégration sociale

La France a vécu, vendredi et samedi, une quatrième et cinquième nuit de violences extrêmes, après le décès de Nahel, un mineur tué mardi à Nanterre par un policier suite à un refus d’obtempérer.

En région parisienne, à Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Toulouse, Grenoble…, les jeunes sont descendus dans la rue pour piller des commerces, incendier des voitures et autres bâtiments administratifs, attaquer des commissariats et des casernes de gendarmerie et, surtout, en découdre avec les forces de l’ordre. 

Rien ne semble pouvoir enrayer la spirale de violences et les émeutes dans les banlieues françaises. Même la mobilisation de 45.000 policiers et gendarmes et le déploiement d'unités d'élite comme le RAID ou le GIGN. Même la mise en examen pour homicide volontaire et le placement en détention provisoire du policier auteur du coup de feu mortel.

Au total, des centaines de personnes ont été interpellées dans ce qui ressemble fort aux émeutes des banlieues qui ont frappé la France il y a 18 ans, en 2005, après la mort de deux adolescents à Clichy-Sous-Bois, dans la petite couronne de Paris, poursuivis par la police.

Bouillon de colère

La France ressemble de plus en plus à une poudrière où il suffit d’une étincelle pour tout embraser. Une France où il y a une véritable défiance vis-à-vis de tout ce qui représente l’autorité. Une défiance qui puise sa source d’un sentiment d’exclusion et d’injustice dont est victime une partie de la population, celle qui vit dans les quartiers populaires. Des quartiers qui sont l’expression criante de l’échec de plusieurs décennies de politiques publiques des différents gouvernements qui se sont succédé en France. La multiplicité des initiatives déployées depuis 40 ans n’a, en effet, fait que creuser les inégalités sociales et entre les territoires, créant une France à deux vitesses. Celle qui a tout ou presque. Et celle qui n’a rien ou presque : celle de la débrouille, celle qui se bat pour survivre, quitte à basculer dans l’illégalité, celle davantage victime du chômage, celle marginalisée et abandonnée…

En 1985 déjà, le défunt président Jacques Chirac posait un diagnostic juste et édifiant sur la situation dans les banlieues françaises. «C’est dans ces quartiers qu’on devrait mettre les meilleurs professeurs, les meilleurs policiers, les meilleurs postiers, etc. Ce n’est pas ce qui se passe. C’est même généralement le contraire», résuma-t-il. Confirmant ainsi la faillite de l’Etat, car 40 ans après, la situation s’est encore davantage dégradée. 

Alors, toutes ces émeutes suite à la mort de Nahel ne sont, en réalité, que le résultat d’une colère qui s’accumule et grandit depuis quatre décennies. Et qui s’exprime avec violence à la moindre bavure dans cette France où se développe, de plus en plus, un sentiment de haine vis-à-vis de tous ceux qui incarnent l’ordre public. 

Cette France où la parole politique n’a plus de valeur et est devenue inaudible. 
Cette France qui, littéralement, s’est désintégrée socialement. 
Cette France qui se surprend franchement à s’interroger sur le sens de sa devise : «Liberté, égalité et fraternité».


F. Ouriaghli

 

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